Rien

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Rien autour de l'enfant. Il marchait comme tout les jours. Devant ces mêmes bâtiments crasseux avec cette même vieille à la fenêtre, la fumée sortant de sa bouche, le regard vide. La vieillesse lui avait-elle fait perdre son âme pour qu'elle se tue à petit feu à son âge ?
C'était ce qu'il se demandait tout en continuant de marcher en direction de la culture.

-Elle a juste à sauter ça serait plus rapide, non ?

Arrivé là-bas, toujours les même commentaires des autres sur n'importe quelle chose qu'ils pouvaient critiquer, après tout ce sont juste des blagues, non ? Qu'est-ce qui pouvait se passer juste pour des blague enfantine ?

-Et vous pensez être mieux peut-être ?

Le retour après l'apprentissage est toujours plus dur pour lui. Entre les ombres qui le suivaient et le soleil qui échouait, il ne sentait que la fatigue. Arrivé dans sa demeure délabrée il alla juste voir sa mère. Comme d'habitude toujours la même rengaine...la "perfection" ils n'avaient que cela en tête pour que leur progéniture couvre leur médiocrité et les sorte de cette endroit.

-Bien sûr vous avez pas trouvé mieux que de faire comprendre avec les coups je suppose ?

Le sommeil n'aidait en rien à oublier. Il essayait dans la nuit de combattre le noir avec la lueur de la lune mais rien ne changeait, toujours la même conclusion...

-Ai-je mérité cela ?

Une nuit, un autre jour.

Il finit par grandir mais rien ne changeait...toujours ce même lieu qui le hantait comme une prison, toujours à reproduire les mêmes choses mais cette fois il avait un lieu où s'évader grâce à la technologie. Il avait enfin de vrais amis qui le comprenaient, qui étaient là pour lui.

-Forcément ils t'ont jamais vu comment ils peuvent savoir qui tu es vraiment ?

Au fur et à mesure il se fit quand même des amis au sein de cette prison. Il faisait simplement ce que les autres faisaient, il ne se demandait pas vraiment si c'était bon ou mauvais et se disait "C'est rien, c'est juste une cigarette ou une bière, à qui ça pourrait faire de mal ? J'oublie juste mes soucis comme ça."

-Elle faisait pareil à sa fenêtre tu sais ?

Les journées duraient plus longtemps que d'habitude, il pouvait déjà observer les jeunes se rassembler à leur point habituel pour oublier la journée et parler des ragots du quartier, "Vous vous souvenez de la vieille ? Elle a clamsé hier, morte d'un cancer apparemment." Pour eux ces moments leurs permettaient d'oublier la routine et il admirait ces gens. Il voulait faire comme eux, avoir une belle voiture, une jolie femme, de quoi mieux vivre dans ce trou à rats. Il voulait simplement la liberté.

-Tu les admire pour les conneries qu'ils font alors que tu a un avenir à bosser ? Tu es complètement inconscient.

Les nuit passent tout comme les jours.

Les tensions avec eux avaient augmenté depuis la mort d'un gosse. On entendait tout le temps "Nique la police", les fins de journées étaient rythmées par le chant des sirènes et les bagarres. Pendant ce temps il était devenu un jeune homme, la liberté l'avait aveuglé, il avait tout plaqué pour sortir sa famille d'ici et réfléchissait constamment au plan qu'il avait gravé dans sa tête pour ne pas oublier.

-Après tout le malheur des uns fait le bonheur des autres, non ?

Il ne venait plus dormir à la maison, il avait trouvé son rythme pour tenir la course la nuit . Son téléphone sonnait constamment et il ne répondait plus aux pleurs de sa mère.

-Attends j'suis avec une fille, faut bien que je m'amuse un peu.

Puis vient la chute. Un jour, elle vint avec un enfant devant sa porte, le sien. Il refusa immédiatement. Ce n'était absolument pas concevable, il était encore trop jeune pour que cela lui arrive.

-Il est temps de grandir un peu, tu ne trouves pas ?

L'amusement était venu à son terme, il n'avait besoin que d'une seul chose. "Il me faut des thunes." Alors il se mit en quête de travail, hélas sans succès... "Je suis .désolé..Les gens comme vous ne peuvent pas représenter nos idées." C'était la réponse qu'ils lui donnaient à chaque fois et cela finissait par devenir critique pour lui, il devenait fou, essayant de trouver la solution dans la cigarette et l'alcool.

-On t'avais dit de ne pas tout lâcher, c'est encore une fois ta faute.

Il avait dû vendre tout ce qu'il possédait pour aider sa mère, sa femme et son enfant. Il n'avait plus rien à part sa haine et puis un jour on lui proposa une offre qu'il ne pouvait refuser.

-Tu vas voir on va être riche et libre comme ça !

Ses amis avaient tout prévu pour le jour J, il avait juste à emprunter de quoi se déplacer et tout était parfait. Il embrassa comme tous les jours sa femme et sa fille pour aller à son nouveau boulot.

-Le point de non-retour.

Tout avait échoué. Ses amis l'avaient laissé seul et il avait décidé de commencer sans eux. Les gens autour de lui étaient à genoux pendant qu'il commençait à perdre son sang-froid. La colère et le stress le dominait, il hurlait, ordonnait, insultait les humains en pleurs autour de lui. Le poids du canon qu'il pointait sur leur tempe était trop lourd pour eux ? Ils n'avaient pas le droit de se plaindre. Ils avaient la belle vie, ils avaient tout pour eux alors pourquoi n'avait-il pas le droit de prendre la part du gâteau qui se dressait devant lui ? Les sirènes refirent surface des tréfonds de sa jeunesse comme un rappel pour lui dire qu'il avait fait les mauvais choix, il ne savait plus quoi faire et puis soudain tout parut clair dans l'obscurité qui planait sur lui.

-J'ai plus besoin de vivre ça.

La lumière laissa place au silence. C'était fini, il n'y avait plus rien. Sa femme et sa mère attendaient son retour du travail, leur nouvelle vie allait commencer pensaient-elles. Leur ignorance était juste la pour les faire rêver. La réalité laissa planer le cauchemar.

RienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant