Blanc

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Elle les regarde passer, enfant, longue file drapée de blanc. Ils marchent dans la lumière de la lune, sous le regard brillant des étoiles. Une longue procession silencieuse, juste le bruit étouffé de pas lents dans l'herbe.

Elle se souvient... Sa mère lui avait raconté que, déjà toute petite, elle s'échappait de la maison pour les voir passer. Irrésistiblement, elle sortait toujours lorsqu'ils arrivaient. Comme si elle le sentait, au plus profond d'elle même.

Mais elle ne s'en rappelle pas.

Elle a préféré oublier.

Tout oublier de ce jour là. Tout oublier des jours précédents.

Le simple fait de penser à sa mère fait naître un goût amer dans sa bouche.

Oublier.

Elle doit oublier.

Elle les regarde passer, adolescente, accoudée à la barrière. La nuit est sombre, mais la lumière de leur lanternes percent l'obscurité. Le blanc immaculé de leur capes éclaire les landes alentours d'une lumière douce, surnaturelle.

Elle se demande si, un jour, elle pourra se joindre à eux.

Elle les attend, jeune fille, presque femme, à la barrière. La nuit n'est pas encore noire. Elle attend, dans la lumière orangée du soleil couchant. Le vent caresse son visage, les arbres bruissent doucement. Elle ferme les yeux.

Un cri déchire le silence.

Douleur.

Une lame d'acier chante près de son visage. Tout est rouge.

Douleur.

Un goût de métal, de sang, de peur et de haine.

Douleur.

Tout est silencieux.

Ils ne viennent pas.

BlancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant