D'Homme à homme

D'Homme à homme

Il y a beaucoup de choses à dire, mais les mots manquent. En effet, j'aimerais parler d'une série qui m'a beaucoup marqué par sa violence symbolique. La violence, je pense que c'est un mot simple et efficace, un mot qui pourrait me permettre de parler, de mettre la première pierre d'un édifice qui s'annonce grandiose du fait de sa complexité et ses immenses contradictions. Je parlerai non pas de toute l'œuvre dans sa globalité, mais de l'Homme qui est au centre de l'intrigue. Je parle bien entendu de Donald Draper dans la série américaine MAD men. Il est la représentation physique du « self made men », un Homme qui de ses origines très modestes, grimpera les échelles et surmontera les obstacles afin d'atteindre la fin du jeu « moderne » qui est le statut et la fortune pécuniaire. Il sera présenté comme l'incarnation de ce que tout Homme doit être : puissant, virile, père de famille, femme sublime, maison a l'extérieur de la ville dans premier temps, travail avec un bon poste. Il incarnera tellement bien son personnage qu'il rentrera dans les vices cachés de celui-ci.

Il possède, mais il lui manque, il est père sans enfants, il est mari sans femme, il est frère sans frère, il est entouré, mais il est seul. Il est seul, seul face à un monde qui lui promettait fortune et pouvoir, mais qui a omis de lui parler des écrits étroitement cachés dans la promesse faite. Avec le temps les écrits non visibles, presque anodins vont se distinguer de plus en plus en lui révélant ce qu'il mettra 7 saisons à comprendre, l'imposture de la promesse. Il est ce qu'il vend. Beau et efficace, pertinent et « moderne ». Il est une image, il est un idéal qui n'existe pas. C'est un Homme qui en croyant s'élever pensait détruire son passé, mais qui, finalement, va reproduire ce qu'il voyait et était, un enfant traumatisé. Il reproduira et tombera dans les abysses d'une promesse d'une violence grandissante au fil des saisons.

Pour conclure, nous pensons connaitre la fin, mais nous ne sommes qu'au début. L'argent n'achète pas plus qu'il ne prend. Le royaume de la peur, la modernité et l'évolution ne sont que des concepts faisant doucement rire nos aïeuls. Je pense que ce que cherchait Don était le bonheur. Mais finalement il n'aura que malheur et souffrance. L'homme en devenant Homme ne s'écarte-t-il pas de son réel but ?