Chapitre 1: Une idée d'habitude -Scène 4 et 5

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4. Le Roi du silence 

Une trousse lourde, déformé par une calculatrice TI82, cogna contre la vitre du fond. Le choc détonna par dessus le vacarme. Le bus freina sec, déséquilibrant ceux qui était debout ou mal assis. Puis le véhicule se gara sur le bas côté.

Sans mot dire, le conducteur sortir et s'alluma une cigarette. C'était un homme bedonnant, dégarni, portant une chemise bleu ciel et un jean noir. En fumant, il observait les lycéens à l'arrière tout en pianotant sur son téléphone.

Des chuchotement fusèrent curieux et angoissé de la suite. Dès que le chauffeur revint ils se turent.

– Alors, c'est bon ? On s'est bien marré ?

Son regard insistait tellement que Thomas se sentait coupable.

– J'espère ! Car là, c'est fini ! Vu que vous jouez au con, ça va être simple. Vous allez me donner vos titres de transports. Et si j'entends encore du bruit avant la fin du trajet, je les gardes. Et en prime, on s'arrêta dix minutes.

Les premières rangées obéirent, tandis qu'à l'arrière certain rechignaient.

– Les gars... ouais vous là bas qui faite comme si je vous regardais pas ! Vous savez je m'en fiche d'attendre. J'ai fini ma journée et mes dépassement sont payées, donc on peut rester ici toute la soirée.

Un lycéen impatient se leva du fond et traversa le bus bille en tête vers le conducteur. Un de ses camarades se leva pour le retenir.

– C'est bon, on a compris, on va se taire maintenant, gueula-t-il.

– Tant que tu te seras pas assis et que j'aurais pas tous les titres on ne bougera pas.

C'était Ralph, le genre de gars qu'on remarquait par son caractère. Celui qu'on reconnaît en premier quand on regarde ses photos de classe avec nostalgie. Mi pitre, mi tête brulé, toujours dans les histoires de bagarre ou les bons plans rigolade. Thomas sans comprendre pourquoi n'avait jamais su l'apprécier et même s'en méfiait.

Pour rajouter de l'huile sur le feu, le chauffeur augmenta le volume de la radio jusqu'à faire grésiller les enceintes sur une musique à deux accords. Une minute après, Ralph était assis et toutes les cartes formé un tas empilé sur le tableau de bord. Le chauffeur s'était imposé comme seul maître à bord.


5. Flash 

Le retour du silence convenait à Thomas. C'était l'occasion de se replonger dans le paysage. Du regard, il suivait le trajet du bus. Les images défilantes floutées par la vitesse transportaient son esprit dans une transe hypnotique.

Ils passèrent sous un pont, attenant à une ancienne ligne de trains dont il ne restait que les rails rouillées. Le bus ralenti pour quitter la bretelle et s'engager sur la nationale. Un à-coup rude au passage des vitesses fit grincer la mécanique interne. Puis le bus ronronna en accélérant.

De droite comme de gauche, des champs laissé en friche défilaient comme un long éclat jaune touché par le soleil qui exposait le sol rendu sec par les engrais chimiques. À mesure qu'il grandissait, Thomas avait l'impression que les paysages de son enfance perdaient leur vert, ce vert chlorophylle du printemps éternel, accompagné du bourdonnement des abeilles et du frétillement des fourmis, où l'on sens que la nature est en paix et en harmonie.

Au loin, une colline sur lequel était posé un vieil entrepôt délabré surplombait le panorama plat. Beaucoup de bâtiment vide étaient laissé à l'abandon au abord des routes et participaient du décors, des lieux de jeu idéal pour exprimer ses fantaisies intérieures. Thomas se demandait souvent à quoi ils avaient pu servir par le passé.

Sur le bas côté, Thomas remarqua un homme qui marchait. Un vagabond jugea-t-il par ses vêtements usées et le sac qu'il portait. Au passage du bus, le marcheur se retourna en agitant les bras pour demander que le bus s'arrête. N'étant pas sûr que le chauffeur l'est vu Thomas ramena son regard qui s'arrêta sur l'horloge du bus à l'instant où l'heure changea de 17h16 à 17h17. Il fut prit d'un recul intérieur d'avoir assister à cette intervalle et s'amusa de la coïncidence.

Le bruit d'un objet lourd tombant sur le sol cogna le silence imposé par le conducteur. Il se retourna à demi, son regard jongla entra la route et l'intérieur du bus à la recherche de l'origine.

– Bon bah vous avez gagné dix min...

Une explosion retenti. Un écran de son et de lumière troubla la réalité. Le flash brûlait les yeux à travers le pupilles closes. Des acouphènes mordaient les oreilles en continu. Tous les passagers du bus étaient paralysé, aveuglés et assourdi.

Thomas fut propulsé en avant dans la secousse d'un freinage enfoncé tout en entendant le son indistinct du crissement des pneus. Une soudaine poussé d'accélération le repoussa dans son siège. La carlingue tremblait sous la pression. La vitesse doubla, tripla l'instant d'après avant d'atteindre des vitesses que Thomas sentait être au-delà des propensions physiques du véhicule. Sans pouvoir voir, Thomas s'accrochait et luttait contre la centrifuge qui le vissait au siège. Une vibration sourde fit lâcher des vocalises inquiétantes à la ferraille interne. Le métal bougeait.

Thomas se sentit tracté vers le haut et ramenait au sol dans une amplitude de temps qui allait croissant, puis trimbalé dans tous les sens. Le bus se tortillait dans un étrange mouvement organique proche de celui d'un serpent, plus onde que matière. À chaque changement de trajectoire inconnu son cœur se figeait dans sa poitrine. À force de distorsion, Thomas entendait dans un lointain qui s'approchait, puis s'éloignait, des explosions à répétitions couvert par les cris des autres passagers qui diminuait. Elles se rapprochaient. L'espace entre lui et ces explosions alentours se réduisait. Il chercha prise pour se retenir et tomba sur la main de Jennifer qui la serra à son tour. Il savait qu'ils n'étaient plus que tous les deux. Un tremblement et une détonation l'emporta. Il hurla.

~ En un instant tout s'annula. Thomas se sentait flottait dans un vide portait au ralenti par un temps qui s'étalait. Il essaya de bouger mais le temps se figeait de plus en plus. Il hurla, mais aucun son. Il se retrouva incapable de dessiner le moindre geste, contraint à lui-même. Une pression l'écrasait, le piégeant dans son corps et l'espace s'amenuisait encore. Son être était tiré de force, de sorte qu'il se sentait réduire de taille dans un volume trop petit. Dans un temps sans temps, interminable, sa peau pénétrait ses chairs, ses os s'effondraient sur eux même et chaque atome de son existence s'écrasait contre les autres.

Puis il se sentit grandir, s'étendre. Un bourdonnement frétillant semblait traverser son corps devenu informe. Une intense chaleur-lumière le baigner. Il se sentit traverser des espaces et être l'espace traversé (...) 

Les principes physiques reprirent leur cours dans un renbobinage accéléré où durant un instant il se sentit être encore dans le bus à contempler le paysage comme si ce moment avait toujours duré. ~

Il retrouva juste assez de sensation pour savoir qu'il avait mal et entendre des cris.

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⏰ Last updated: Feb 19, 2020 ⏰

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