Le regard dans les étoiles

Désenchantement

Il était 14h. Le soleil froid de janvier caressait nos visages endormis. L'un des rideaux était tiré et laissait planer une ombre sur la pièce. La pièce de taille raisonnable abritait une trentaine de têtes alignées en cinq rangées de tables face au tableau noir. La peinture orangée du mur du fond semblait décrépie mais brillait de cette lueur dorée volée au soleil. Cette salle de classe avait vu défiler les élèves depuis un demi-siècle et personne n'avait songé à passer un coup de pinceau durant les deux mois de repos mérité qu'offrait l'été.

Au premier rang se trouvaient ceux qui n'avaient pas choisi et une tête, une seule tête qui absorbait le savoir du professeur. Des têtes à la recherches de savoir il devait y en avoir même pas trois. Les autres laissaient leurs esprits divaguaient, ils discutaient entre eux, certains dormaient. Sur les tables, des cahiers ouverts où l'on trouve quelques phrases dictées, des trousses regorgeant de stylos et de babioles à en faire pâlir d'envie une papeterie, parfois il y avait un livre qui se perdait sur une table et des petits mots qui avaient d'abord fait le tour de la pièce.

Au fond de la classe, près de la fenêtre au rideau ouvert, était assise une jeune fille aux cheveux cuivrés. Le soleil se reflétant dedans, il lui donné un air d'Apollon descendu de l'Olympe. Les mèches dans les yeux, son crayon cessait parfois de s'agiter afin de laisser à cette jeune fille le loisir d'admirer la lumière. Les reflets dansaient sur le bureau, des raies scintillantes tournaient et des paillettes lumineuses s'écrasaient sur les objets du décor. Sur sa feuille, des petits personnages venus du bout du monde prenaient place et dansaient la farandole.

Elle avait l'air sereine pourtant elle repensait encore a cette fille qui lui avait brisé le cœur. -

Lorsque Léandre était rentrée au collège elle était comme toutes les autres filles, une fille à potins, une fille à sourire en coin, une fille à secret, une fille à bonnes notes. En somme une fille sans idées. Mais au fur et à mesure des années elle avait changé.Certains disent qu'elle avait mûrit, d'autres qu'elle avait pris conscience de la gravité du monde. Quoi qu'il en soit elle était devenue la fille à tout le monde durant la deuxième année, sociabilisant avec ses camarades. C'était lors d'un voyage en Angleterre qu'elle avait découvert l'amitié avec les garçons qui se révélaient être beaucoup plus drôle et vivait dans l'idée de carpe diem. Elle garda longtemps des garçons en amitié mais l'année suivante Léandre se révélait être de plus en plus solitaire, gardant auprès d'elle qu'une personne à la fois.

Enfin durant la dernière année de collège elle se lia d'amitié avec cette bande de marginaux qui noyer leurs esprits dans un flot de pensées mélancoliques et cette attente d'un futur meilleur. La bande n'était en faite composé que de deux personnes, un garçon et une fille.Celui-ci cherchait qui il était alors qu'elle savait dors et déjà ce qu'elle était et à quoi elle était destiné. Cette fille, Léandre la connaissait depuis un certain temps, depuis le début du collège pour dire vrai. Elles s'étaient toujours côtoyer sans qu'aucun rapprochement ne s'opère réellement. Mais Léandre était fasciné par cette jeune fille. Elle avait toujours les cheveux dans les yeux, cet air hautain collé au visage, ce rire si formidable et ces remarques désobligeantes.  Elle faisait toujours ce qu'elle voulait sans jamais se soucier des conséquences, de la morale et du regard des autres. Léandre trouvait cela merveilleux.

Un jour le paumé de la bande avait demandé à cette jeune fille d'écrire un poème et elle l'avait fait, elle souhaitait emmené Léandre loin de ce qu'on pouvait penser, elle souhaitait qu'elle suive ses pas. Et puis elle avait laissé échapper quelques mots sur cette fascination. Des discussions s'en étaient suivis, des messages envoyés tard dans la nuit, des conversations téléphoniques qui ne voyait jamais la fin. Avec des mots elles s'aimaient, leurs regards empreint de désir elles avaient de beaux jours devant eux.

Malheureusement la romance se brisa, lorsque le lendemain de la Saint Valentin, elle laissa entendre que tout cela n'était en fait qu'une mascarade. Léandre en était sonner, comment une histoire sans défaut pouvait elle brusquement s'arrêter brusquement et sans réelle raison. Elle avait l'impression qu'elle ne contrôlait plus rien, que quelqu'un s'amusait à diriger sa vie d'une manière pitoyable. Elle fut prise d'une colère froide, elle l'ignora, lui en voulu, la maudit et surtout la supprima de sa vie.

Ce récit douloureux resta derrière elle, le temps passa.

Pourtant malgré le temps qui passe, certains visages, certains profils croisés au coin de la rue ou à l'autre bout d'un magasin lui rappelaient cette merveilleuse jeune fille qui avait marqué ces années collège.Parfois Léandre souhaitait renouer contact avec elle mais une peur bleue la prenait tout le temps au moment où les choses devenaient concrètent à nouveau. On ne trouvait que quelques messages avant la fin de la conversation.

Léandre l'aimait toujours et par quelques moyens elle restait toujours en contact avec elle d'une certaine manière.