~ Wyer ~
Hélas, mon amour, vous me faites mal.
Anonyme, Greensleves
Les premiers rayons du soleil percèrent à travers la fenêtre, et se posèrent sur moi, me réveillant avec douceur. Bien que j'eusse un peu froid, je me sentais bien... Lentement, je m'éveillai.
Quand je pris soudain conscience des conditions dans lesquelles j'avais dormi, je sentis une profonde gêne s'immiscer en moi. Ezilly était presque entièrement affalée sur moi, plongée dans un lourd sommeil... Après notre longue journée d'hier, je pouvais comprendre sa fatigue.
Je n'osai pas bouger, de peur de la réveiller. Je restai donc ainsi, à moitié allongé, observant silencieusement les pâles rayons de lumière dorés jouer dans ses boucles ébène, créant des reflets de cuivre dans sa chevelure. Elle était mignonne, endormie... Enfin, comme toujours.
Je redoutai qu'elle se réveille, et qu'elle me surprenne en train de la regarder. Pour autant, je ne parvenais pas à détacher le regard de son visage.
Je ne me reconnaissais plus. Qu'était donc devenu le Wyer sombre, qui détestait le monde entier ? Je m'étais laissé attendrir par une fille sortie de nulle part... C'était comme si, sa chaleur, ses yeux si bleus qui me transperçaient jusqu'à mon âme avaient fait fondre l'armure de fer qui protégeait mon cœur... Cela me terrifiait. Avec elle, je me laissais aller à être gentil...
Comme une personne normale.
Oui, c'était cela. Si elle avait brisé ma carapace, c'était pour laisser sortir celui que j'étais réellement. Avec elle, je n'étais plus le prince héritier du royaume : j'étais juste moi.
Hier, j'avais été heureux de passer du temps avec elle. Elle avait même réussi l'exploit de me faire rire, ce qui m'avait moi-même surpris... Je ne riais pas souvent.
La veille, je m'étais endormi dans le fauteuil du salon alors que je lisais, et des petits pas m'avaient réveillé. Ezilly avait rejoint la fenêtre sans même me remarquer.
Puis elle s'était mise à pleurer, et s'était laissée glisser au sol. Mon cœur s'était serré de douleur à la vision de ce visage en larmes. J'avais l'impression que depuis que je la connaissais, je la voyais souvent pleurer. Et je me doutais de la cause de son chagrin : ceux qu'elle aimait, avec qui elle avait vécu, lui manquaient... Et j'étais la première personne coupable.
Témoin silencieux de sa souffrance, je m'étais forcé à ne pas bouger. Puis, brusquement, j'avais craqué.
Je m'étais levé, saisissant la couverture en laine qui me recouvrait, et l'avait délicatement posée sur les frêles épaules d'Ezilly. Je m'étais excusé d'avoir signé le contrat, puis, bouleversé par ses yeux bleus remplis de larmes, l'avais serrée contre moi. J'y avais mis toute ma tendresse refoulée, tout mon manque d'amour, tout ce que j'étais capable d'offrir. À cet instant, elle n'était plus mon épouse, plus la princesse de Weldriss, ni même une jeune fille de quatorze ans... Elle était simplement tout pour moi.
Je secouai légèrement la tête, gêné de mes pensées. Je baissai le regard sur le doux visage endormi qui reposait sur mon ventre. Dire que je l'avais tant haïe...
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WE ~ Tome I
Tiểu thuyết Lịch sửIl la hait. Elle est brisée. Seuls au monde, ils sont leur dernier espoir. "- Je punirai tous ceux qui t'ont fait du mal. Lorsque j'en aurai le pouvoir, je bannirai l'injustice de mon royaume, au prix du sang s'il le faut. Et à la toute fin de ma vi...