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Je balance mes clés sur la table basse. Journée de merde.
Un peu comme d'habitude, j'ai envie de dire.
Je me prépare rapidement des nouilles avant de m'installer devant mon feuilleton préféré ; Phenomene. Des adolescents qui apprennent à se servir de leurs pouvoirs.

Oui ma vie est passionnante, je le sais bien. C'est pas la première fois qu'on me le fait remarquer.

J'enfourche une poignée de nouilles dans ma bouche au même moment où mon téléphone sonne.

Quoi ? Depuis quand j'ai des amis ?

Je l'attrape tant bien que mal - car cruche comme je suis je l'avais balancé à l'autre bout du canapé -, le nom de « Sting » apparaît sur l'écran. Oh tiens ! Mon idiot de petit frère vient de se rappeler qu'il n'est pas enfant unique !

" - Parle vite et en abrégé. " je réponds nonchalamment en baissant un peu le son de mon programme.

" - Je parle comment en abrégé par téléphone ? " sa voix énervante me parvient aux oreilles.

" - Bon dépêche, je suis entrain de travailler là. " Gros mensonge. Les mensonges c'est mal, retenez-bien.

" - J'ai un grooos mais très gros service à te demander ! "

" - Je suis payée ? "

" - Quoi ? Non, pourquoi tu ser-"

" - Alors c'est non. "

" - Pourquoi j'ai hérité d'une sœur aussi radine ? "

" - Pourquoi j'ai hérité d'un frère aussi con ? "

" - Bon ok, je suis pas venu pour qu'on se chamaille. " il soupire.

" - T'es venu nulle part, on parle par appel ducon. " je roule des yeux. " Maintenant dis-moi la raison de ton appel avant que je raccroche. "

Il y a un silence de plusieurs secondes.

" - Est-ce que ça te dérangerais d'héberger un pote pour moi...? " il murmure presque.

" - Attends pardon quoi ? De un, pourquoi j'hébergerais un de tes potes ? De deux, pourquoi tu le laisses pas rester à la maison ? De trois, il est pas écrit auberge sur mon front. Et de quatre, depuis quand t'as des potes, toi ? " je dis dans le plus grand des calmes.

" - C'est bon, t'as finis ? Tu connais les parents Lucy, ils le laisseront jamais rester ici. J'ai vraiment besoin de ton aide et pour ta gouverne, oui j'ai des potes salope ! "

" - On s'en serait jamais douté petit frère. Mais plus sérieusement, pourquoi il a besoin d'être hébergé ton pote ? "

" - C'est délicat ", je l'entends soupirer de nouveau. " Il a quelques problèmes avec son beau-père. Il a pas d'amis à part moi et j'ai une dette envers lui. "

Je me mords la lèvre, épuisée.

" - Ce serait pour combien de temps ? " je demande dans un soupir las.

" - Quelques semaines, pas plus ! " il s'exclame et je peux entendre le soulagement dans sa voix.

" - Quelques semaines ?! " je manque de m'étouffer. " Je m'attendais à ce que tu me dises quelques jours... "

" - S'il te plaît ma grande sœur préférée ! "

Je peux l'imaginer faire sa moue à laquelle j'ai toujours eu du mal à résister.

" - Je suis ta seule grande sœur, idiot ! "

" - Pleeaasse ! "

" - Bon d'accord ! Je peux l'héberger mais je te préviens que si ma tranquillité indispensable est perturbée, je vais te- "

" - Oui oui, je t'adore ma sœurette d'amour. " il s'exclame avec satisfaction.

" - Quand ça t'arranges. " je marmonne.

" - Je t'envoie plus d'infos par message ! Là je vais dîner, d'ailleurs t'as le bonsoir des parents. "

" - Bonsoir à eux aussi. Je passerais les voir samedi si j'ai le temps. "

" - T'as toujours le temps ! Tu passes ta vie à glander. "

" - Va bouffer, petit con. "

Et c'est sur ces belles paroles que nous raccrochons respectivement. Je remarque alors que j'ai raté tout un épisode de Phenomene. Je râle dans ma barbe - rassurez-vous je n'en ai point.

Je vais devoir aérer la chambre d'amis. Oui, c'est quand même drôle d'avoir une chambre d'amis quand on en a pas des tonnes. Voir pas du tout.

Je me lève lourdement du canapé pour me diriger vers le premier étage. Je m'avance vers la chambre d'amis et en ouvrant la porte je manque de mourir d'asphyxie. Ça sent le renfermé, on dirait que je n'ai pas ouvert cette porte depuis le Moyen-âge.

Un ménage s'impose, Marie-Rose.
C'est pas que je connais une "Marie-Rose", j'avais juste besoin d'une rime.







*
Cette histoire commençait à pourrir dans mes brouillons du coup je me suis dis que j'allais la continuer !

Guide de survie 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant