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Je commence à flipper... Je vais dormir où ? Je vais vivre comment ? Tant que je me fais pas expulser de l'appart, je vais le squatter encore un peu histoire de gagner du temps pour réfléchir à ma situation désastreuse. Il faut que je me trouve un moyen de me faire du fric et vite. J'arrive pas encore à vivre de ma musique, j'ai besoin d'une alternative, si possible légale, pour m'en sortir.

Je décide finalement de retourner dans Hongdae, après tout je peux tenter de me faire connaître un peu dans la rue. C'est ce que j'essaye de faire depuis des mois alors je croise les doigts pour que ma chance tourne ce soir.

Les rues sont bondées, les gens sont rassemblés autour de danseurs amateurs ou de rappeurs amateurs, je dois trouver un coin de libre pour me placer et me montrer. Il y a tellement de gens que je me fais pousser de tous les côtés, ils connaissent pas l'espace privé ici ou quoi ?

- Eh, toi là !

Oh merde... Pitié pas un dealer, pitié pas un meurtrier. Ok je suis un emmerdeur parfois mais quand même ! Je prends mon courage à deux mains et me retourne vers mon interlocuteur. J'arrive pas à distinguer son visage, il porte une casquette noire, en fait il est juste habillé en noir et il baisse la tête.

- Pourquoi je te croise partout ?

Il relève enfin la tête. Marie-Christine. Encore. Putain mais il est pas croyable ce gosse, il me suit ou quoi ? Je vais pas lui payer une nouvelle veste et je veux pas le croiser à chaque fois que je sors non plus.

- Encore toi ? T'as perdu ta nounou ?

Il esquisse un sourire, il sait sourire en fait ? Note à moi-même, les riches sourissent, ils sont pas toujours grognons parce que papa a pas payé la nouvelle Ferrari. Il sourit et il me répond pas, je croyais qu'on était dans une conversation mais apparemment non. Bon tant pis, je vais pas rester là comme un con à le regarder dans le blanc des yeux. Il me laisse partir sans rien dire, il ne me retient pas, il me regarde juste faire comme s'il savait ce que je faisais, comme s'il comprenait.

Je me dirige vers un coin de rue avec un peu de place, je sors mon portable et mon enceinte de mes poches et balance une instru sur laquelle je bosse depuis quelques temps maintenant. Je baisse la tête, bouge en rythme, je laisse mes rimes venir vers moi et le flow sortir tout seul. Je rappe, je sors toute ma colère, toute ma peur, toute ma frustration, toutes mes conneries comme si je me confessais sur ma vie entière. Les gens s'arrêtent, me filment, me motivent et au loin, il est là. Il n'a pas bougé d'un cil, il me fixe et m'analyse et je crois que c'est son regard qui me motive le plus, c'est lui qui me donne envie de me surpasser. Je veux lui prouver que je me battrai pour mes rêves et que je réussirai. Je sais pas encore pourquoi, je me comprends pas mais je veux lui montrer de quoi je suis capable.

Au bout d'une heure, je m'arrête. Je suis épuisé et essoufflé. Je ramasse l'argent que certains m'ont donné et je commence à m'en aller.

- Bien joué Young B.

C'est Yongjun qui vient vers moi. Personne, à l'exception de mes potes ne sait pour mon nom de scène. Il me suit sur mon Soundclound ? Il a reconnu mon style ? Il m'écoute. Marie-Christine écoute du rap ? Je croyais qu'on écoutait du Mozart et du Beethoven chez les millionnaires... Il a l'air de voir que je suis perturbé et commence à rire. Décidément, je vais devenir humoriste si ça continue.

- Quoi ? On reconnaît ton style entre mille ! Il y a que toi qui rappe comme ça.

- T'écoutes du rap ?

- Euh, pourquoi pas ? C'est quoi cette tête ?

- J'sais pas... Je m'attendais juste pas à ça.

- Ok... T'es chelou gars. Pourquoi j'écouterais pas de rap ?

- Ton père s'en fout ?

Bon, il semblerait que j'ai jeté un froid entre nous, gueule d'ange ne sourit plus. Pourtant je suis resté poli et tout, j'ai été courtois et civilisé dans la conversation. Les gens sont bizarres parfois.

- Tu sais quoi de moi en fait, hein ? Je suis pas comme lui, je le déteste même parfois ! Vous faîtes chier avec vos préjugés à la con. Je suis pas juste son fils ok ? Je suis aussi un humain, avec des rêves, des goûts et une grosse envie de faire chier le monde. Je pensais que tu serais différent. Je sais pas, t'avais pas l'air comme les autres, t'avais l'air de t'en foutre de qui je pouvais être et de d'où je venais. Je pensais que j'avais enfin trouvé quelqu'un avec qui être normal.

Je me prends toutes ses phrases dans la gueule et il a raison. Je déteste l'admettre mais il a raison. Je l'ai jugé par rapport à sa famille, c'est que comme ça que je le vois depuis que je sais son nom. J'ai été con, hyper con même. Alors qu'il essaye de partir, je saisis son poignet fermement. Il se tourne avant de me fixer droit dans les yeux.

- C'est quoi ton problème ? dit-il.

- C'est toi mon problème. Depuis que je t'ai rencontré, je te vois partout, t'es partout. Tu m'intrigues. Il y a quelque chose chez toi qui fait que je suis complètement paumé. Je suis qu'un emmerdeur avec pleins de problèmes et, je sais pas pourquoi, je t'ajouterai bien à ma liste.

Il baisse la tête en souriant, je lui lâche le poignet et le regarde sourire comme un idiot. J'ai vraiment dit tout ça ? Bon, faut que je me reprenne ou il va croire que j'ai des sentiments pour lui. Ce qui n'est pas le cas. Enfin, je crois pas. Mais j'en sais rien, je le connais pas assez, j'ai juste laisser les mots sortir tout seuls. En tout cas ça sonnait vachement bien.

- Young B, tu crois au destin ?

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 01, 2020 ⏰

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