Pourquoi c'est ce fil qui nous lie ?

Chapitre 1

"Cela fait 21 jours que la douleur et la souffrance ont envahis nos cœurs. Que toutes ses heures ont vidés ma mère et moi de larmes depuis ton départ... depuis que tu es parti dans ce lieu trop blanc et respirant le désinfectant. 21 jours qu'on a appris que le cancer allait t'emporter sous peu"

Ceux sont bien ces quelques pensées qui ne quitte plus mes journées, mes nuits. Je n'écoute plus les cours auquel même les professeurs les plus téméraires m'ont laissés... Ils ont tentés pendant très longtemps me demandant ce qui n'allait pas, appelant ma mère pour avoir des informations, ce qu'ils ont eu. Passant d'un caractère énervé à bienveillant comprenant à peine ma tristesse mais se disant que cela sera sûrement passager et voilà près d'un mois que cela dure. Qu'est ce que je faisait en cours alors? Rien, enfin si. Je regardais le ciel et le temps passé au travers. Passant d'un rose  fuchsia quand le soleil sort de son sommeil à un bleu enivrant donnant espoir et envie d'évasion pour aller en fin de journée à un orange reposant.

Mais durant toutes ses heures, un regard persisté dans mon dos. Je le sentais disparaître puis revenir comme un boomerang infini. Que voulait-il ? Qui était-il ? 

En rentrant, j'aide ma mère dans notre restaurant pour remplacer Papa mais je sais bien que ça ne suffit pas... Ces sourires, ceux qu'elle offre aux clients, sont remplis d'une fausse joie mais ses yeux, eux, ne mentent pas. Je le remarque bien, elle se force mais je préfère ne rien dire, la laissant à ses habitués bourré en 3 bières lui demander chaque jour où est mon père, lui demander chaque soir si elle ne veut pas une compagnie rassurante. Je la laisse se faire rappeler que chaque jour qui passe n'est qu'une torture qui ne prendra sûrement jamais fin. 

Ne me faisant pas remarquer, je me faufile entre eux et monte dans ma chambre. Maman n'aura pas besoin de moi ce soir. Il y a peu de client. Ma chambre... Seul bunker dans cette apocalypse, seule bulle d'air dans ma douce noyade... Elle est simple, blanche et calme. Une envie de la détailler me prends alors que je la connais depuis toujours. un lit aux couettes bleu près du mur côté intérieur de la maison, un bureau en bois gris avec rien d'exceptionnel mis devant une fenêtre côté rue, un tapis extrêmement doux. Sur les murs aucun poster, pas de photo, rien... Pour ne plus souffrir, sauf une chose: un miroir, un simple miroir.

Je passe devant et me regarde. Une fille au cheveux châtain, le regard noisette mais totalement perdue et les yeux rouge d'avoir tant pleurer. Cette jeune fille se détaille... Corps normale, peau pâle... Rien d'extraordinaire.

Je fais mes devoirs n'ayant rien de spéciale à faire... Quoique. J'ouvre un tiroir de mon bureau et commence à voir des papiers entassés, froissés. J'en ai oublié ce que c'était tellement le temps est passé. Je les sort et les défroisse un à un prenant mon temps: des recettes de cuisine ? des légendes ? des fiches ? Y a vraiment de tout et n'importe quoi dans ses tiroirs! Un grand ménage s'impose le week-end prochain ?! Mais en aurais je le courage...

Un grand tas de ses feuilles est finalement sortis de ses cavernes, elles sont bien plus profonde que ce que je croyais ! Je ne peux m'empêcher de sourire et prends une recette de cuisine. Le papier était encore froissé bien sur mais l'écriture était toujours lisible : Cookie aux amandes et Pépites de chocolats. Comment oublier cette recette! C'était celle que Maman fait pour Papa pour lui annoncer une bonne nouvelle ! J'espère pouvoir lui en faire un jour. Peut -être s'il se rétablie? Les rêves existent alors pourquoi ne peut-on pas les réaliser?

L'heure défile et nous voilà le soir. Le dîner m'importe peu, je ne tiens pas à manger en compagnies de ses crétins qui ne savent rien. Je ne veux pas subir leur joie et leur malheur. J'ai assez à subir. Je soupire et prends mon pyjama sous mon oreiller et pars me changer sans manger ou grignoter, l'estomac noué. Je me couche, espérant que le lendemain sera meilleur.