1.0 : Le coyote

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Automne 1858

Un cri de coyote se répercuta dans le silence lugubre de la nuit.
Chapeau rabattu sur le visage, Clay ne prit même pas la peine de tendre l'oreille. C'est à peine si un sourire écorna le coin de ses lèvres. La bestiole avait sûrement plus peur que lui, et ne s'aventurerait pas à l'approcher. Pas avec les flammes ardentes qui brûlaient à ses pieds.
Il passa tout de même la nuit à ne dormir que d'un œil. À chaque fois que son corps s'apaisait, son âme résonnait de coups de feu et de hurlements. Les morts revenaient le tourmenter.
La peau recouverte de sueur, il se réveilla en sursaut alors que la lune était haute dans le ciel. Il ouvrit les yeux, l'esprit encore embrumé par les restes de rêves qui hantaient ses nuits depuis quelques semaines.
Il frotta sa barbe de quelques jours avec un soupir. Le soleil n'était pas prêt à se montrer, mais lui ne se rendormirait pas, à coup sûr.
Son cheval hennit doucement, et il se leva pour le caresser.
Il avait abandonné ses sacoches près du feu, avec ses Smith & Wesson et un maigre ballot de vêtements de rechange. Alors qu'il se rasseyait sur sa couche de fortune, fait d'une simple couverture, il entraperçut deux globes brillants dans l'obscurité.
Un sourire désabusé éclaira ses traits.
— Tu cherches un peu de compagnie, le coyote ?
Un rire désabusé lui échappa. Il se pencha pour attraper la flasque d'alcool qu'il avait fourré dans une sacoche, rattacha son ceinturon sur ses hanches, et s'installa confortablement face au feu, une main sur son arme, l'autre autour de la flasque.
Lorsque le tord-boyaux glissa dans sa gorge, la brûlure lui arracha un soupir de soulagement.
C'est à ce moment-là que le coyote exhiba de nouveau ses pattes. D'un geste leste, il tira dans sa direction. Un aboiement aigu retentit et l'animal s'enfuit sans demander son reste.
— C'est ça, le coyote, grommela-t-il d'une voix rendue pâteuse par l'alcool. Fuis. Très loin de moi. Sinon, je serais obligé de t'abattre... comme tous les autres.
Il lui fallut moins d'une heure pour vider entièrement la bouteille. Sa respiration se fit de plus en plus lente, et ses paupières devinrent lourdes. Il resta ainsi, le reste de la nuit, assommé par l'alcool, une main sur son arme, une autre autour de son précieux somnifère.

Hors-la-loi, tome 2 : Clay [AUTO-PUBLIÉ, 10% de lecture gratuite ici]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant