Hors-la-loi, tome 2 : Clay [AUTO-PUBLIÉ, 10% de lecture gratuite ici]

1.2 : Bandidos 2

Clay ramassa son chapeau, le frappa contre sa cuisse pour ôter la poussière qui le recouvrait, puis il l'enfonça profondément sur son crâne.
Le soleil ne l'éblouissait plus.
L'homme fit un signe de dénégation, perplexe, avant de pivoter vers les autres.
— Eh, vous connaissez el gringo ?
Les deux autres secouèrent la tête. Le type ricana.
— Désolé, Señor, ici, personne vous connaît.
Ses lèvres se retroussèrent sur des chicots noircis.
Clay inspira, les yeux fixés sur le bandit. Plus rien n'indiquait son enivrement. Il était calme, examinait son ennemi comme une proie.
— Je vais reprendre mes armes, déclara-t-il calmement.
L'autre perdit son sourire bon enfant. Ses mains commencèrent à s'abaisser vers les Smith & Wesson, mais il ne fut pas assez rapide. Clay les avait déjà empoignés et le plomb brûlait l'estomac du mexicain.
Le bandido tomba à la renverse avec un cri d'agonie, les mains plaquées sur son ventre d'où s'écoulait tant de sang qu'il ne faisait aucun doute sur ses chances de survie.
Quand les deux autres prirent conscience du danger, il était trop tard. Le premier était mort avant d'avoir pu faire feu, et la fille tournait les talons au moment où Clay tirait.
Elle s'effondra sur le sable brûlant, et rampa pour échapper à la mort.
Clay grimaça. Son regard s'abîma dans le lointain.
Il n'avait aucun regret pour les deux hommes. Mais pour elle, il sentait déjà la morsure des remords ronger ses entrailles.
Seul son instinct de survie l'avait fait dégainer. S'il avait compris plus tôt qu'elle s'enfuirait au lieu de sortir son arme, il l'aurait laissée partir.
Mais c'était trop tard à présent.
Derrière lui, il nota le dernier souffle du mourant. Il l'ignora et s'approcha de la gamine après avoir reposé ses révolvers dans ses holsters. Elle se traînait toujours, ses doigts s'accrochaient aux rares racines de buissons qui poussaient là.
Lorsque Clay s'accroupit à côté d'elle, elle se figea. Elle leva vers lui un visage empreint de terreur et de désespoir. La balle avait frappé son dos à hauteur du poumon et l'avait traversée de part en part. Un râle crépitant franchit ses lèvres. Elle toussa et cracha du sang.
Clay posa son chapeau par terre, puis souleva son buste pour faciliter sa respiration. Il savait qu'il n'y avait rien à faire. Le liquide avait déjà envahi son poumon, et sous peu, elle se noierait dans son propre sang. À moins que son cœur ne lâche avant. Ce qui serait sans doute une mort moins horrible.
— Désolé, petite, murmura-t-il en écartant une mèche de cheveux sale de ses traits enfantins.
La fille le fixa, la respiration saccadée. Une larme roula sur sa joue mais elle ne prononça aucun mot.
Pendant un instant, Clay imagina sa vie. Une famille pauvre, beaucoup de frères et sœurs, peu de ressource. C'était le lot de nombreuses familles dans l'Ouest. Certains pensaient trouver fortune, mais ils ne récoltaient que pauvreté et famine. La gamine avait sans doute voulu changer de vie. Et les deux lascars morts un peu plus loin n'avaient sûrement pas dit non à une telle association.
Ou peut-être était-ce une orpheline, qui n'avait pas beaucoup le choix, à part se prostituer, que de voler les gens de passage.
Chacun choisit son destin.
Une pensée qui revenait continuellement.
La fille n'arrivait plus à respirer. Sa main agrippait désespérément son bras, dans l'espoir qu'il la sauve. Mais il ne pouvait rien faire. Il la serra contre lui, caressa sa joue, et attendit.
La lumière dans ses prunelles commença à s'estomper.
Au bout de longues minutes interminables, son corps de gamine se détendit. Alors il resta là, à contempler son visage figé dans la mort.