Liaison

Edouard Miller

Trois minuscules pas me séparait du fossé. La voiture avait laissé une trouée dans la barrière en bordure de route. Derrière cette barrière s'étendait au moins 200 mètres de chute libre. Tout en bas se dressait quelques pins au milieu d'une plaine printanière. Sur le flanc de la falaise, tous les 20 mètres la voiture avait laissé quelques morceaux de pierre brisés qui roulaient encore 1h après. J'étais là, dans mes pensées. A regarder la mort d'une famille, un jour bien tragique.  La voiture ne ressemblait plus qu'à un ramassis de déjections. Soudain j'entendis une voiture au loin. Je redressai la tête et vit une petite camionnette avançant lentement vers moi. Elle était à 1 km et allait arriver sur ma position dans 5 minutes environ. Je décidai de m'avancer vers elle.

Trois minuscules pas me séparait de la camionnette. Elle s'était arrêté sur le côté et dévoila un homme grassouillet, avec un ventre à bière et des tâches de gras imprégnés dans ses vêtements et dans sa peau.  "Je vous dépose monsieur?" m'a-t-il demandé. Je lui affiche donc mon plus beau sourire et accepte. Après être monté dans la camionnette, le chauffeur redémarre et se met à renifler de manière insistante.

"Vous avez eu un problème de voiture, me demanda-t-il.

-Non je me baladais et je me suis perdu. malheureusement je n'avais pas pris mon téléphone.

-Hum..."

Il renifla encore une fois et nous passâmes prêt de la barrière trouée. Nos regards s'entrecroisèrent. "Déposez moi à la prochaine ville ce sera très gentil". Il détourna ses yeux de la route et me regarda de haut en bas. "Très bien".

Le reste du voyage fut silencieux. Nous arrivâmes à une petite ville d'environ 20 000 habitants avec quelques commerces. L'homme grassouillet se gratte le cou(on pourrait faire du beurre avec le gras sur sa peau) et se gare sur le parking d'un centre commercial. Je me détache. "Eh bien merci beaucoup monsieur?

-Ranstrom, Gérôme Ranstrom et vous?

-Edouard Miller

J'ouvre la portière et sors de la voiture. "Au revoir".