3h05.
Une cigarette se trouvait entre les doigts fins et fuselés de Jungkook. D'un mouvement fluide, il se saisit de son briquet et alluma rapidement le bâton de nicotine, qu'il apporta ensuite à sa bouche.
Après plusieurs secondes, les lèvres du jeune homme, fines, douces et rosées s'entrouvrirent pour laisser s'échapper une épaisse fumée.
Penchant sa tête en arrière, il inspira fortement, avant d'expulser la fumée de sa cigarette pour la seconde fois.
Ses yeux noisettes rivés sur le ciel sombre étaient comme des miroirs. Des miroirs reflétant la beauté de la pleine lune, tel le plus précieux des joyaux.
Il soupira. 18 ans. Aujourd'hui, cela faisait maintenant 18 longues années que le noiraud vivait sur cette terre et sûrement 18 longues années qu'il le regrettait.
Jusqu'à maintenant, il n'avait jamais vraiment éprouvé le besoin particulier de vivre. Sa vie n'était ni utile ni intéressante. Elle était fade, froide, insipide, ennuyeuse, dénuée de sens et d'intérêt.
Chaque jour de sa vie se ressemblait. Il n'y avait rien de nouveau. Chaque jour, il se sentait las. Chaque jour, il se sentait éreinté, épuisé, fatigué.
Il était fatigué de vivre. Fatigué de subir les même sermons de ses "proches" qui lui reprochaient d'être aussi blasé et pessimiste. Fatigué de devoir côtoyer d'autres êtres humains.
Alors qu'il scrutait toujours le ciel, une goutte d'eau s'échoua sur sa peau, claire, laiteuse et diaphane. Puis une autre, et encore une autre.
Et voilà qu'en quelques secondes à peine, une pluie diluvienne s'abattit sur la ville de Séoul.
Les gouttes perlaient sur son front, ruisselaient sur son visage aux traits fins. La flamme au bout de sa cigarette s'éteignit tandis qu'il soupira faiblement. Il allait devoir rentrer avant d'être trempé jusqu'aux os.
C'est alors qu'il entreprit de rentrer chez lui, déçu de ne pas avoir pu prolonger son escapade nocturne.
Dans à peine quelques heures, il devrait retourner à cet endroit cauchemardesque qu'est l'université. Certes, il n'aimait pas vraiment les études, mais ce n'était pas ça qui rendait cet endroit si abominable.
Ce qui rendait cet endroit si repoussant et effrayant aux yeux de Jungkook, c'était les gens qui le côtoyait. Il y'avait trop de gens. Beaucoup trop.
Jungkook n'aimait pas les gens. Il n'aimait pas l'humain en général. Il n'a jamais ressenti le besoin de faire connaissance avec d'autres êtres humains, d'avoir des amis, de faire des sorties, des soirées ou d'autres choses du genre.
N'ayant jamais été de nature sociable, le noiraud détestait avoir à parler à des gens qu'il ne connaissait pas. Cela s'était même accentué au fil des années, si bien qu'il avait développé une sorte d'anxiété sociale.
Quand quelqu'un venait l'aborder, même pour la question la plus banale qu'il soit, il se trouvait le plus souvent dans l'incapacité de répondre.
Un noeud se formait dans sa gorge, tandis que celle-ci devenait atrocement sèche et rugueuse, comme du papier de verre. Seul son corps et sa tête étaient en capacité de se mouvoir, pour répondre par des simples hochements de tête ou des haussements d'épaules.
C'est pour ça qu'il aimait s'isoler. Être tout seul. Rien que lui et ses pensées, aussi mornes et tristes soient-elles.
Il était ce qu'on appelait un paria. Du moins c'était comme cela que les gens le voyaient. Comme un type bizarre et solitaire, toujours de noir vêtu, ne parlant jamais à personne. Les gens ne savaient rien de lui, et il ne savait rien d'eux. Il avait l'impression d'être une ombre. Une ombre fugace dont on ne se souvient ni du visage ni de la forme.
L'encadrement de la porte d'entrée de l'immeuble où résidait l'étudiant fut bientôt à portée de vue pour celui-ci. Il pénétra dans le hall de son immeuble et d'un pas las, se dirigea vers son petit appartement.
Se déchausser et accrocher son long manteau sur un cintre furent les seules choses qu'il fit. Il ne prit même pas la peine d'allumer la lumière. La mort dans l'âme, il se rendit dans sa petite chambre et se laissa tomber sur son lit. Il était bien parti pour ne plus fermer l'œil de la nuit.
×××
16h43.
Au final, Jungkook ne s'était pas rendu à l'université. Les cours qu'il avait aujourd'hui étant pour lui sans aucune importance et n'étant vraiment pas d'humeur à croiser âme qui vive, il avait décidé de sécher les cours. Cela devait faire la neuvième fois depuis le début du mois qu'il ne venait pas. Il se doutait bien que ce n'était pas comme ça qu'il allait obtenir son diplôme et que si il continuait sur cette voie, seul le chômage l'attendrait, mais pour l'instant il n'en avait pas grand chose à faire.
Alors, depuis qu'il était revenu de sa petite "escapade nocturne", il n'avait pas bougé de son lit. La faim commençait d'ailleurs à se faire ressentir. Il prit donc la décision de se préparer un bol de nouilles. A vrai dire, ce n'était pas vraiment un choix étant donné le peu d'aliments dont il disposait dans ses placards.
Le jeune étudiant ne touchait que très peu, juste assez pour couvrir ses charges. Il ne pouvait donc pas se permettre de "fantaisies" niveau dépenses, d'autant plus que son travail à temps partiel lui prenait beaucoup d'énergie au quotidien. Il n'avait donc vraiment pas envie de dépenser l'argent gagné à la sueur de son front dans des broutilles.
Ses fins sourcils noirs se froncèrent lorsqu'il entendit une sonnerie provenant de l'interphone près de la porte d'entrée de son appartement. Il n'avait pas envie d'ouvrir.
Continuant de préparer ses pâtes en toute tranquillité, le noireaud fut agacé lorsqu'il constata que l'on re-sonna encore une fois à sa porte, quand bien même il avait volontairement ignoré la première sonnerie.
D'un pas laissant deviner l'agacement qu'il ressentait, il appuya sur l'interphone et se dirigea vers sa porte d'entrée. Ses pupilles noisettes detaillèrent, à travers le juda, l'homme qui se tenait derrière la porte.
C'était un jeune homme blond, assez petit, qui tenait entre ses mains une petite boîte en carton que le noireaud devina être un colis, ne lui étant pas destiné.
On pouvait voir à ses yeux que le jeune homme de l'autre côté du panneau de bois ne savait pas vraiment où il mettait les pieds. Il était censé livrer ce colis à une adresse, qui ne figurait pas sur l'interphone. Je demanderai à quelqu'un, s'était-il dit.
Le propriétaire de l'appartement ouvrit finalement sa porte, l'air plus que nonchalant.
- Bonjour, excusez-moi de vous déranger, mais sauriez-vous où je peux trouver cette adresse ? Annonça le jeune livreur en montrant l'adresse en question au noiraud qui lui faisait face.
Un long silence s'en suivit, rendant le blond encore plus mal à l'aise qu'il ne l'était déjà. Son interlocuteur avait-il au moins compris la question ?
Au vu de l'expression blasée qu'il affichait et du regard dédaigneux qu'il accordait au jeune livreur, rien n'était moins sûr. Plus le blondinet le regardait, moins il se sentait à sa place.
Un regard perçant, pénétrant, presque sinistre, était braqué sur sa personne. L'homme devant lui avait vraiment l'air de vouloir lui faire comprendre que sa présence était plus qu'indésirable.
La seule réponse qu'il reçut fut un haussement d'épaules et un claquement de porte. En effet, le propriétaire de l'appartement s'était contenté d'hausser légèrement ses larges épaules et de claquer littéralement la porte au nez du livreur.
Trop choqué pour dire ou faire quoi que ce soit, le blondinet était resté plusieurs secondes derrière la porte, les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte.
Quel connard ! se dit-il finalement avant de partir questionner d'autres résidents dans l'espoir de pouvoir enfin livrer son foutu colis.
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nda : 1er chapitre pour cte fanfic, il se passe pas grand chose mais l'action arrive après lel prochaine update bientôt