「2. Delivery.」

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Dépossédé de ses idées noires par le plaisir que l'acte lui procure, il s'est laissé tomber sur mon corps, encore sensible par ses gestes. Ses cheveux en batailles viennent chatouiller mon visage lorsqu'il décide de se faufiler dans le creux de mon cou, cette zone qui semblait si paisible et rassurante. Son souffle s'écrase contre ma peau à un rythme qui se fait de plus en plus régulier, sonnant comme une douce mélodie à mon oreille. À nous deux c'était un véritable petit coin de paradis mais qui, je le savais, ne durerai jamais éternellement. Les secondes défilent et je regrette déjà chacune d'elles, tentant vainement de me concentrer sur celles qu'il a encore à m'offrir. Malheureusement, dès qu'il avait trouvé son équilibre, il sortait de son cocon pour redresser sa tête et son corps. Un bref regard adressé et voici qu'il se retire pour reprendre comme si de rien était. Et par reflexe, je fermais les yeux, comme si ça allait repousser tout ces reproches qui me tombent en plein dessus, ces regrets de ne pas avoir pu résister. Le cœur serré et les deux paumes cachant mes yeux, il me faut du temps. Car on dit bien que toutes les blessures se résolvent avec le temps n'est-ce pas ? Tandis que j'essayais désespérément de faire le vide, lui, avait enfilé un jogging et au son de ses pas, je devine qu'il devait être désormais sur le balcon encombré. Je le connaissais par cœur, pourtant rien n'y faisait, pour l'aider je n'avais aucune arme. Lentement j'entre ouvre les doigts pour déceler sa silhouette dans l'obscurité, esquissant un rictus moqueur en redécouvrant son éternel rituel.

- C'est ta combien aujourd'hui ? Demandais-je sans avoir réellement l'espoir d'une réponse.

- De paquet tu veux dire..? Avait-il répliqué en lui montrant son étui à cigarettes désormais vide.

Impossible de retenir le soupire qui s'évade de mes lèvres. Ce poison allait finir par le tuer. Debout sur mes jambes frêles, habillé de mon sous-vêtement et de son t-shirt encore parfumé, mes pieds marchent à tâtons jusqu'au beau blond. Un instant d'hésitation s'installe, comme cette envie de briser cette routine qui me met à bout. Mes doigts se posent sur son dos, retraçant de leur pulpes la moindre cicatrice qui pouvait orner ce corps si parfait. La peur d'être maladroit ou d'instaurer un malaise restant toujours en alerte dans un coin de ma tête. Puis tout en douceur, comme s'il pouvait se rompre, j'avais enlacé son buste et posé ma joue tout contre. La chaleur que dégageait son corps contrastait avec la brise qui nous traversait.

- Je te rappellerai.

Des mots glacées, qui perçaient aisément la moindre zones qui pouvaient faire mal. Cette boucle je la connaissais pourtant. Un combat mental s'engageait pour me défaire de lui, de la douceur de son épiderme. Obligé de compter à rebours pour reprendre possession de mes membres et obéir à ses ordres implicites. Préparé, je n'avais plus qu'à partir dans le même silence avec lequel j'étais venu. À défaut que ce soir, c'est son odeur que je portais sur moi et qu'en échange c'est la mienne que j'avais laissé chez lui.

20:57 - 6 jours plus tard, Séoul.

Son silence radio durait des jours. Sa manie de faire le mort sans montrer ne serait-ce qu'un signe sur les réseaux me révoltait un peu plus à chaque fois. Soucieux, c'était dur de ne pas imaginer le pire tant Namjoon pouvait être imprévisible. D'autant plus que sa solitude n'était pas toujours de bon conseil. Cependant, la terre ne cessait pas de tourner pour autant et il fallait bien vivre en attendant. Sur mon dos prônait ma veste de livreur, une nouvelle commande venait de m'être assigné. Chevauchant ma moto pour satisfaire mes clients, toujours en quête d'un potentiel pourboire, la moindre seconde comptait. Le gps indiquait le chemin, chose auquel je me fiais sans forcément prêter attention. C'est en voyant ce chemin si familier que dans mon crâne ça avait fait tilt. En guise d'ultime réponse, une vérification s'impose.. C'était bien son nom d'affiché. Bizarrement c'était dur à savoir si le sentiment qui me possédait était heureux ou non. Les mains encore fermement posées sur le guidon de la moto à l'arrêt, face à cette maison si reconnaissable, le temps filait et mes pieds refusaient de bouger.

- Il y avait combien de probabilités pour que ce soit lui.. Avais-je soupiré en retirant le casque de protection.

La tête secouée dans un spasme comme pour me remettre les idées en place, ma volonté à enfin pris le dessus pour descendre de l'engin et s'emparer de la commande. Tiens.. Deux menus ? Il aurait de la visite..? Une vague de jalousie venait de me serrer le cœur. Bien heureusement le timer pour le délais de livraison me ramène à la raison. Sans réfléchir, mes pas me mènent jusqu'à sa porte et bien qu'un peu violemment, ma main cogne tout contre celle-ci pour signifier ma présence. Il ne faut que quelques secondes pour que quelqu'un arrive. On pouvait entendre chaque verrous se défaire à travers le bois pour finalement lui ouvrir. Avant même d'apercevoir son faciès, ma langue s'était activée. Un réflexe pour ne pas lui laisser le dessus.

- Bonsoir, ta livraison.

C'était rapide et concis. Mes yeux n'osaient pas se poser plus haut que sur son torse. J'espérais peut-être qu'il ne me reconnaisse pas mais ce ne serait que nier l'évidence.

- J'ai lu ton mot. Que tu as laissé dans la chambre juste avant de partir.

Simultanément il venait attraper le sachet de nourriture, son ton paraissait si.. neutre. J'avais presque oublié l'existence de ce bout de papier. Comme à chaque séparation, je laissais une note plus ou moins facile à trouver dans la montagne de bordel que formait son lieu de vie. Le sang monte jusqu'à mes joues, donnant à mon faciès l'allure d'un enfant gêné. Un blocage se fait dans ma gorge quelques secondes durant.

- C'est quoi ton excuse cette fois pour vouloir tout arrêter ? Lance t-il moqueur. Il ne croyait pas un instant que je souhaitais réellement cesser de lui courir après.

- Je suis fatigué. Épuisé de donner et de me faire du mal. Cette fois on inverse les rôles.

Si je ne lui manquais pas, il n'y avait aucune raison pour qu'à moi ce soit le cas. Depuis bien trop longtemps mes sentiments sont à découvert sans qu'il ne puisse donner de réponse précise. Un flou permanent m'enrobe, sûrement une machinerie psychologique afin de garder son médicament à porter de main.. Nous verrons bien combien de temps tu survivra sans traitement, Namjoon.

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☆12/03/20 : Non corrigé. Possibilité de modifications.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 25, 2020 ⏰

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「𝕃𝕚𝕥𝕥𝕝𝕖 𝔹𝕦𝕥𝕥𝕖𝕣𝕗𝕝𝕪」|SUGAMON|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant