Présentations

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RAVEN

Je m'appelle Raven, j'ai 16 ans.
Depuis que je suis née je grandis dans un seul et unique étage, composé de cellules, d'une cantine, d'un espace lecture, d'un espace d'enseignement et d'un espace de divertissement.
On est deux par chambres, et ma voisine s'appelle Mélina, mais tout le monde l'appelle Mel, elle a 14 ans.

Quand elle est arrivée dans ma chambre, c'était le plus beau jour de ma vie. Elle avait 4 ans et j'en avais 6, on jouait ensemble, on riait, on pleurait. Elle sait tout de moi et je sais tout d'elle.

On ne sait pas qui sont nos parents, apparemment les bébés à leur naissance vivent leur 4 premières années dans le sous-sol de la base et grandit avec 13 dames qui s'occupent d'eux.
Moi je ne m'en souviens plus.

On prends notre petit déjeuner à 8h, notre déjeuner à 12h, et notre dîner à 19h30. Extinction des feus à 21h.
Si à 21h nous ne sommes pas dans nos chambres, on se fait arrêter.

Une fois, un garçon, Stan je crois, avait décidé de jouer avec les gardes à 21h. Il s'est fait arrêter et il n'est jamais revenu. J'ai envi de savoir pourquoi, mais en même temps je n'ai pas envi.

Je n'ai jamais parlé à un garçon.
Je vois des filles de mon âge qui ont des relations assez proches avec certains d'entre eux, mais de toute façon ils sont de l'autre côté du couloir, c'est impossible d'entretenir une relation.

De toute façon, je n'aime pas les gens de mon âge, même ceux qui n'ont pas mon âge. En fait, je déteste tout le monde.
Mélina pense que je suis anti-sociale, une rebelle de la société, la réincarnation du Che Guevara.
J'ai lu quelques trucs sur lui, il était cool.

Moi je pense que je suis la personne la plus réaliste, la seule qui ne ferme pas les yeux sur la réalité : on est enfermés ici comme des poissons dans un bocal.
Mais vous savez c'est quoi le pire ? C'est que les gens de 18 ans se retrouvent confinés, hommes et femmes ensembles pour procréer et assurer une descendance. Les femmes enceintes se retrouvent dans des cellules spéciales au rez-de-chaussée, et une fois l'accouchement fait, elles vont au second étage et le bébé va au sous-sol. Une fois par an, les hommes se retrouvent avec les femmes pendant 30 jours, 30 jours où ils doivent procréer pour faire des enfants, encore une fois.
Les personnes âgées qui ne peuvent plus se reproduirent sont  « sacrifiées  ».
C'est-à-dire qu'ils utilisent leurs corps sans vie pour faire des expériences avec le monde extérieur.

Je vis la vie la plus lassante du monde, je m'ennuie à en dessiner partout sur les murs de ma cellule, j'ai l'impression d'être condamnée à perpétuité pour être née.

Mélina rentre dans la cellule.

- Raven ? Tu écris encore sur Word ?

Je pousse un soupire.

- Je m'exprime sur Word, comme ça si un jour quelqu'un tombe sur mes écrits, il pourra faire un reportage sur ma misérable vie de condamnée et de confinée.

Elle me regarde et me sourit :

- Tu as entendu parlé du bal demain soir ?

Génial, j'ai horreur des fêtes.

- Non et je n'irai pas.
- Raven s'il te plaît...

Elle me regarde avec ses yeux de chat, la petite peste elle connaît la technique. Je résiste.

- Mel j'ai dis non.
- Mais pourquoi ?
- Parce que je dois finir d'écrire ce que j'ai commencé.

Elle s'approche de moi.

- Raven on est coincé ici, tu comprends ?
- Ce n'est pas une vie.
- Peut être, mais si tu as l'occasion de pouvoir vivre un petit peu dans ton existence, fais-le.
- Je ne tiens pas à être comme tous ces gens bizarres.

Elle me sourit.

- Il y aura des mecs à la soirée, tu t'en prends 2 dans un coin et...
- Mel!
- Quoi ?
- C'est hors de question.

Elle efface son sourire, puis s'approche de moi.

- Raven j'ai envi de vivre. Mais j'ai besoin de toi pour vivre.

La mâline, elle sait utiliser les mots. Je pousse un soupire et finir par céder.

- D'accord, mais juste une fois et on reste jusqu'au couvre-feu.

Elle me saute dans les bras, je la sert contre moi.

- Merci Raven! Tu feras une super mère à distance dans 2 ans !

Sa remarque me fait sourire puis elle s'en va en trotinnant.

J'ai encore céder, super, demain je vais devoir supporter les couples, les rires, la musique, la danse, la joie de vivre.

Oui je suis déprimée, et oui je m'en fou. Moi je ne vis pas dans l'insouciance. Je vais changer ça, je dois changer ça.
Moi, je veux revoir mes parents.
Et je me servirai de la soirée de demain pour aller les chercher.

17 Mars 2020

Les Survivants  -TOME 1-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant