2 - Ma Lady

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La nuit était tombée sur Paris, et pourtant, l'enceinte de Marinette beuglait toujours les derniers morceaux de la star du rock qu'elle chérissait le plus.

Avachie sur son bureau, la jeune fille avait fermé les yeux un moment pour les reposer, puis s'était abandonnée au sommeil sous le regard soucieux de sa kwami qui, avec un pincement au cœur, avait déposé un plaid sur ses épaules.

Tikki avait baissé le volume de la musique : elle ne voulait pas que Tom et Sabine se fâchent pour si peu, mais d'un autre côté, s'ils entendaient un murmure de guitare et de basse en s'approchant de la trappe, peut-être comprendraient-ils que Marinette n'était toujours pas en état de vider son sac, et qu'il serait plus sage de la laisser encore un peu à ses tourments.

Pas que voir sa porteuse se morfondre de la sorte était pour lui plaire, bien au contraire ; mais elle savait aussi comment elle fonctionnait, et lorsqu'il était question de sujets délicats, comme sa double vie ou le garçon qu'elle aimait - à plus forte raison quand les deux étaient confondus -, mieux valait lui laisser le temps d'encaisser le choc avant d'essayer de lui soustraire la moindre information.

Ou s'appeler Alya Césaire.

C'est alors qu'elle entendit un bruit sur la terrasse de Marinette et que, l'instant suivant, la trappe s'ouvrit sur Chat Noir.

« Princesse ? »

Tikki fila se cacher, prise d'un doute : elle savait qui était Chat Noir sans son masque, et ce garçon savait que Ladybug et Marinette ne faisaient qu'une. Avait-elle vraiment besoin de rester dans l'ombre ?

Oui, incontestablement : quand Marinette se réveillerait, elle se paralyserait d'effroi si elle comprenait que son partenaire l'avait également percée à jour.

La kwami de la coccinelle préféra donc opérer une retraite stratégique, observant la scène d'un peu plus loin : Chat Noir caressait du regard ce qu'il pouvait apercevoir de la chambre de l'adolescente, visiblement à sa recherche. Comme il n'obtenait toujours pas de réponse, il déglutit péniblement et annonça :

« Pardon, Marinette, j'entre. »

Aussitôt dit, aussitôt fait : Chat Noir se glissa souplement à l'intérieur de l'appartement des Dupain-Cheng, époussetant son costume et recoiffant quelques mèches rebelles du bout de ses griffes. Il s'avança sur la mezzanine et se figea lorsque son regard se posa sur le bureau de Marinette.

Elle dormait. À poings fermés. Ses joues blêmes soulignées par quelques mèches de cheveux éparses.

À son humble avis, sa Lady n'avait jamais été aussi fascinante qu'en ce moment de félicité béni des Cieux.

Son esprit avait encore du mal à conjuguer les deux identités de sa partenaire : pour être honnête, cette découverte avait quelque chose d'un peu trop merveilleux à son goût. Si son réveil se mettait à sonner maintenant, après le torrent d'émotions qui l'avait assailli, il n'était pas sûr de pouvoir s'en remettre un jour.

Chat Noir se pinça la joue, histoire d'être sûr ; en sentant un éclair de douleur lui mettre la larme à l'œil, il comprit qu'il pouvait vivre son rêve éveillé le cœur léger.

Après concertation avec lui-même, il convint de descendre la rejoindre, progressant à pas feutrés en veillant à ne pas faire trop grincer le parquet.

Enfin auprès d'elle, Chat Noir s'accroupit pour l'observer de plus près : Marinette ne bougeait pas d'un cil, sa respiration lente et profonde soulevant sa poitrine à un rythme régulier. S'il n'avait pas été dans une position aussi inconfortable, lui aussi aurait pu s'endormir en se perdant dans les détails de son visage.

Vol au-dessus du Grand Paris - Miraculous Ladybug FanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant