Chapitre 1

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Quand on est jeune, on ne se rend jamais vraiment compte des dangers qui nous entourent. En effet, je dirais même qu'ils sont parfois impossible à détecter tellement la folie de cette jeunesse s'imprègne en nous. Cependant, quand on y réfléchit bien, nos parents essayent tant bien que mal de nous rappeler l'existence de ceux-ci avec des phrases préventives telles que « ne parle pas aux inconnus » ou encore « reste près de moi, on ne sait jamais ce qu'il peut se passer ». Justement, c'est ce que me disait ma mère pendant toute mon enfance. Mais je n'ai pas su l'écouter. Désormais, je le regrette fortement.

Je n'avais que 8 ans. Et lui, 45. Comment aurais-je pu deviner ce qui allait arriver ? Comment aurais-je pu penser une seule seconde, qu'une personne que je connais depuis ma naissance, puisse me faire une telle chose ? Ces fameuses phrases préventives sont utiles lorsque nous sommes face à un inconnu mais quand il s'agit d'une personne de notre entourage, comment sommes-nous censés savoir que nous devons nous protéger ? Pourquoi moi, et pas une autre ? Qu'avais-je de plus que les autres ? Toutes ces questions, je me les pose depuis ce jour où tout a basculé, et encore aujourd'hui.

Tout a commencé le mardi 8 août de l'année 2004. Cette date, je ne peux l'oublier. Et je ne l'oublierai jamais. Comme tout enfant, j'adorais me rendre au parc de jeux pour y retrouver mes amis. Une chance pour moi que ce parc soit juste en face de l'immeuble dans lequel je vivais. N'ayant jamais connu mon père, j'ai toujours vécu avec ma mère. Celle-ci travaillait si dure afin de subvenir à nos besoins que je ne pouvais pas tout le temps lui demander de m'accompagner à ce parc. Alors, quand je souhaitais m'y rendre, elle me regardait et me surveillait du balcon de notre appartement. Certes, ce n'était pas la meilleure idée qui puisse exister mais elle était trop fatiguée pour y aller. Cependant, si elle m'avait accompagnée ce mardi là, tout se serait passé différemment.

Ce mardi là, je suis donc sortie dehors pour aller rejoindre mes amis. Comme à chaque fois, je regardais si ma mère était bien au balcon afin de me rassurer, et de la rassurer elle aussi par la même occasion. Je lui fis un geste de la main en lui offrant le plus beau sourire qu'un enfant puisse offrir à sa mère. Ces deux actions de ma part furent certainement, les dernières que ma mère eu la chance d'apercevoir. Sans que je n'y prête réellement attention, ma mère était si fatiguée, qu'elle s'endormi sur son fauteuil. Ainsi, je me suis alors retrouvée sans surveillance. Quant à mes amis, eux, n'étaient toujours pas là. Avec surprise, j'aperçu un visage qui m'était familié : mon oncle Spencer. Je me souviens encore des paroles qui sont sorties de sa bouche lorsqu'il s'est approché de moi : « Tiens donc Rose, que fais-tu là toute seule ? Où est donc passée ta maman ? C'est dangereux que tu sois là, dans ce parc, toute seule, et sans surveillance ».

En effet, c'était dangereux. Mais je ne pensais pas que le danger pouvait venir de sa présence. Etant innoncente et totalement naïve, je partis m'asseoir à ses côtés sur un banc.

- Maman est restée à la maison, lui répondis-je. Elle était trop fatiguée pour venir.

Il esquissa un sourire qui, à l'époque, ne m'avait pas paru étrange. Pourtant, aujourd'hui, lorsque j'y repense, je me dis qu'à partir de ce moment, j'aurais du m'en aller le plus loin possible de lui.

- Rose, veux-tu m'accompagner voir ton père ? Je sais que ta maman ne veut pas que tu le rencontres mais sachant qu'elle n'est pas là, je peux t'amener à lui si tu veux, me dit-il.

A ce moment précis, voir mon père était sûrement la chose que je désirais le plus au monde. Je ne l'avais jamais rencontré car maman disait que ce n'était pas un homme bien pour moi. Mais à 8 ans, je ne pensais pas encore aux dangers que je pouvais rencontrer, juste au bonheur que j'allais éprouver en rencontrant mon père, et c'est tout. Après tout, je n'étais qu'une enfant à l'époque.

EnferméeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant