Enfermée

Chapitre 2

Chapitre 2

Point de vue de Rose, 8 ans.

- Rosie ... Ma jolie petite Rosie... Je suis de retour, entendais-je soudainement.

C'était Spencer. Cela faisait exactement deux jours qu'il m'avait laissée enfermer ici, toute seule, sans nourriture ni même une petite couverture.

Je ne pensais pas qu'il allait revenir. Je n'y croyais plus. Pour moi, il m'avait abandonnée. Peut-être s'est-il rendu compte de son erreur ? Peut-être qu'il est venu me libérer et qu'il va me ramener à la maison ?

Il ouvrit délicatement la porte. La lumière de l'extérieur commençait à s'infiltrer doucement dans la pièce. Et lui, il se tenait face à moi, toujours avec un de ses sourires mesquins.

- Tu vas me ramener à la maison Spencer ? Lui demandais-je avec espoir.

Il secoua la tête négativement.

- Pas pour le moment ma puce. Je t'ai apporté de quoi manger et boire.

Il me tendit un sandwich et une bouteille d'eau. Je les pris dans mes mains puis je pris rapidement une gorgée d'eau, j'étais assoiffée.

- Je repasserai ce soir mon cœur, pour l'instant je vais te laisser encore un peu ici.

- Non non ! Je t'en supplie ne me relaisse pas ici toute seule, laisse-moi sortir pitié ! Lui dis-je avec détresse.

- Je suis désolé, mais... non.

Puis il se retourna et partit, encore une fois. Je me suis vite mise debout pour essayer de le rattraper et de sortir moi aussi mais malheureusement je n'ai pas été assez rapide. Il ferma la porte pile au moment où je l'atteignais.

- Spencer, laisse-moi sortir ! Hurlais-je en tapant sur la porte. Je t'en supplie !

Mais il ne répondit pas. Pourquoi me faisait-il tout ça ? Qu'avais-je fait ?

Les jours passèrent et tous se ressemblaient. Il passait une fois par jour dans « ma nouvelle chambre » et me laissait de la nourriture et une bouteille d'eau. Quand je voulais aller aux toilettes, celui-ci m'accompagnait à chaque fois puis me ramenait toujours dans cette même pièce. Je n'en pouvais plus. Je ne savais même plus quel jour on était ni depuis combien de temps j'étais là.

Je n'avais plus espoir que quelqu'un vienne me chercher. C'était peine perdue. Personne n'allait venir me sauver.

Au fur et à mesure que le temps passait, Spencer aménageait cette cabane. Dans ma chambre, il m'avait rajouté un vrai lit, une armoire avec des vêtements dedans, mais aussi une commode avec quelques livres à l'intérieur. La petite lampe de chevet qui me servait autrefois à éclairer toute la pièce avait été remplacée par une plus grande lampe. Quant au reste de la cabane, je ne savais pas vraiment ce qui avait été rajouté, car je ne sortais quasiment jamais de ma chambre. Parfois, quand j'avais besoin d'aller aux toilettes, j'en profitais pour observer de loin les autres pièces mais tout ce que je voyais n'était qu'un couloir avec une porte au fond de celui-ci. Cette porte séparait « ma partie » de la cabane et la sienne si on peut dire ça comme ça. J'avais l'impression que cela fait des siècles que j'étais ici. Je n'avais toujours aucune nouvelle de ma mère. Et puis, la soi-disant venue de mon père n'était jamais arrivé. Tout n'avait été que mensonge.

Je ne cessais pourtant de me demander si ma famille ou bien mes amis pensait à moi. M'avaient-ils tous oubliée ? Est-ce que quelqu'un était à ma recherche au moins ?

Point de vue inconnu

Cela faisait maintenant 3 semaines que la petite Rose Abraham avait disparu. Personne ne savait ce qu'il s'était passé. Personne ne savait où elle était. Tout ce qu'on savait, c'était l'endroit où elle se trouvait avant de disparaître : un parc de jeux. Je m'appelle Eric Richardson, et je suis l'agent de police chargé de cette affaire. Mon équipe et moi sommes sur des pistes, mais rien de très concluant. Nous avons interrogé la mère de l'enfant qui suspecte le père de l'enfant. Nous avons essayé de retrouver sa trace, mais la dernière fois qu'il a été aperçu, c'était dans l'Utah il y a un an, et depuis plus rien. Rose et sa mère habite à Sacramento, c'est-à-dire à plus d'une demie-journée de route de l'endroit où a été aperçu le père de famille. Cette piste n'est donc pas à écarter.

Je suis dans la police depuis maintenant une quinzaine d'années. Pourtant, les affaires concernant des enfants disparus me touchent toujours autant. Ayant un fils du même âge que cette petite Rose, je n'imagine pas à quel point la mère doit se sentir chagrinée. Et encore, ce mot est faible. Je sais que si mon fils venait à disparaître, comme ça, du jour au lendemain, j'en deviendrais malade.

Le plus dur pour un agent de police est d'annoncer le décès d'une personne à sa famille ou ses proches. J'espère donc sincèrement que nous allons retrouver cette petite fille pour éviter une telle douleur à sa mère et pour m'éviter d'avoir à annoncer cela. Souvent, on dit que les 48h après une disparition sont décisives pour le reste de l'enquête. Aujourd'hui, nous avons atteint le palier des trois semaines. Cependant, je reste confiant à l'idée que la petite soit encore en vie. Rien n'est perdu, il faut toujours garder espoir.

Pour continuer mon enquête, j'ai décidé de retourner voir la mère de Rose, Julia Abraham. Quelques éléments ne me semblaient pas cohérents dans ce qu'elle m'avait raconté. De plus, j'avais besoin d'en connaître davantage sur le père puisqu'il était introuvable, et chaque détail est important dans une enquête.

Je me rendis donc jusqu'à l'appartement de Mme Abraham. Celle-ci m'ouvrit la porte rapidement lorsqu'elle entendit la sonnette.

- Bonjour madame, je m'excuse de vous déranger à nouveau. Je suis l'agent Richardson si vous ne vous souvenez pas de moi. J'aimerais si possible, vous reposez quelques questions au sujet de votre fille, annonçais-je.

- Bonjour, oui, entrez, entrez.

Elle s'écarta puis me laissa entrer à l'intérieur. J'étais déjà venu une fois ici, au tout début de l'enquête. C'était un appartement plutôt charmant. Cependant, on pouvait ressentir la détresse de cette maman. Le désordre était présent, et le visage de celle-ci pouvait facilement nous dévoiler sa tristesse. Des photos de Rose jonchaient le sol. ;

- Je m'excuse pour le désordre... Me dit-elle honteusement.

- Ce n'est rien madame.

- Allons sur le balcon pour discuter si vous voulez bien, me proposa-t-elle

Je hochai la tête et la suivis. Elle s'assit sur son fauteuil et m'invita à faire de même en face d'elle.

- J'aimerais en savoir un peu plus sur le père de Rose, si cela est possible, lui demandais-je.

Elle hocha la tête affirmativement.

- Rose ne l'a jamais connu. Quand je suis tombée enceinte, nous étions toujours ensemble, mais cela ne se passait pas très bien entre nous. Il lui arrivait parfois de se mettre en colère sans qu'il n'y ait de véritable raison puis il pouvait se mettre à me frapper d'une seconde à l'autre. Alors quand j'ai accouché, je ne voulais pas qu'il s'approche de ma fille et qu'il lui fasse subir la même chose. J'ai demandé une injonction d'éloignement à son encontre et j'ai gagné. C'est pour ça que je pense que c'est lui qui a enlevé ma petite fille... j'ai vraiment très peur de ce qu'il pourrait lui faire subir, je vous en supplie, il faut absolument la retrouver, finit-elle en versant quelques larmes.

J'écoutais attentivement tout ce que Mme Abraham me racontait tout en prenant des notes.

- Je vais faire tout mon possible pour vous la ramener madame, je vous le promets.

Je savais que je venais peut-être de faire une erreur. On nous conseille de ne jamais faire de promesses aux familles des disparus au bureau. Et il se pourrait bien qu'on ne retrouve jamais cette petite fille et que finalement, ma promesse ne soit jamais tenue.

Nous avons continué à discuter pendant une demi-heure, je pense, puis je suis retourné au bureau pour ajouter les nouvelles trouvailles que je venais de faire sur notre tableau.

Il fallait absolument qu'on retrouve cette petite fille. Quoi qu'il en coûte. Et j'allais faire de mon mieux pour la retrouver. Je n'avais pas le droit à l'erreur, je venais de faire une promesse à cette maman et il fallait à partir de ce moment-là que je fasse tout ce qui était en mon pouvoir pour la tenir et lui ramener sa petite fille.

Je ne le savais pas encore, mais cette enquête allait chambouler toute ma vie.