Elle chantait

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𝐄lle chantait. Chaque jour, sa voix cristalline envahissait les oreilles des passants et les faisaient s'arrêter quelques instants, le temps de se demander si cette belle voix était bien humaine. Les notes prononcées étaient comme les gouttes d'eau tombant sur la peinture, créant une jolie aquarelle. La jeune fille aimait beaucoup comparer son art à celui des pinceaux qui glissaient contre une toile, en imaginant que son chant parviendrait un jour aux oreilles de ses véritables parents.

Elle les avait toujours imaginés comme de grands musiciens qui changeaient le monde avec leurs morceaux, connus des mangroves de Guadeloupe aux oasis des déserts.

Elle savait bien que ses parents adoptifs l'aimaient, mais son malheur ne cessait de refaire surface, quand elle pensait à ses origines. Quand elle se disait qu'elle n'avait aucune raison de se plaindre, un grand vide s'ouvrait dans sa poitrine, laissant ses yeux libérer quelques larmes. Sa seule consolation était le chant, cette si belle peinture. Elle ne connaissait que le pays de sa vraie famille.

La jeune fille était née un doux matin du mois de juin alors qu'une ondée traversait le ciel au dessus d'un village des montagnes perdues de Chine, seize ans auparavant. Jamais elle n'était retournée dans ce village, qui l'avait pourtant vue naître.

On lui avait tant répété que ce voyage était coûteux et qu'elle aurait très peu de chances que sa famille la reconnaisse, qu'elle se résigna en prenant soin de cacher ses maigres espoirs et en se réfugiant dans l'art qui sublimait sa douce voix.

En sortant de son lycée, elle prit l'habitude de se rendre dans un parc de sa petite ville. La fille s'asseyait toujours au bord du grand lac turquoise. Elle fermait les yeux, et écoutait le faible plouf des petites vagues, les rires des enfants, et les cris des mères qui tentaient d'expliquer à ces derniers qu'il ne fallait pas s'éloigne . Il lui arrivait de rêver qu'un jour, la lac se fissurerait, la laissant disparaître tout en l'engloutissant pour toujours et faisant disparaître sa souffrance. Et à chaque fois, le clocher de la vielle église de pierres blanches église imposait à ses yeux de s'ouvrir. Sur le chemin de chez elle, la jeune artiste chantait, et attirait encore le regard de tous ceux qu'elle croisait.

Elle n'était pas de ces personnes, décrites comme inoubliables, quand on ne se concentrait que sur son physique, sans prendre le temps de l'écouter quelques secondes ou de lui adresser quelques mots. Elle était assez timide, et s'effaçait beaucoup. La Tibétaine passait beaucoup de temps dans ses pensées, et ne donnait d'elle que l'image d'une rêveuse qui ne faisait attention à rien, du moins, c'est ce que pensait et disait à vive voix son père adoptif, un petit employé de banque, qui ne jurait que par son travail.

En tournant la poignée de la porte de chez elle, sa mère l'accueillait avec ce sourire qui ne quittait jamais ses lèvres. L'adolescente lui adressait à peine la parole et partait s'enfermer dans sa chambre, pour continuer d'utiliser sa voix, sans penser à ses devoirs et à la journée qui l'attendrait le lendemain, toujours plus horrible que la précédente. Une journée de moqueries incessantes qui ne s'arrêtaient jamais, ne lui laissant pas une minutes de répit.

La fille se penchait donc par sa fenêtre, s'imaginant les pieds dans un ruisseau et se laissant emporter par le faible courant pour finir dans le lac de ce parc qu'elle affectionnait tant.

Un jour de mai, elle prit la décision de partir de chez elle, pour se rendre au Tibet, même s'il fallait traverser une mer entière. Elle le savait, cette décision était folle et paraissait presque irréfléchie. Elle marcha pendant des jours, du matin au soir, malgré la fatigue qui la gagnait progressivement. Après une ou deux semaines, elle était à bout de forces et décida de s'arrêter au bord d'une petite rivière, d'y vivre quelques jours le temps de se reposer. Elle fabriqua un abri, et commença à essayer d'attraper quelques poissons, ce qui fut un échec. Elle ne parvint qu'à se nourrir de baies, semblables à celles que sa mère adoptive lui achetait. Elle vécut de cette façon durant un mois, mais de jour en jour, elle perdait ses forces. Cette jeune fille qui se sentait apaisée quand l'eau l'accompagnait, était perdue, fatiguée, parfois apeurée, mais elle tenait bon. Elle devait retrouver sa famille, elle voulait se faire aimer.

Un matin du mois de juillet, alors qu'il se rendait à son lieu favori pour son loisir, un pêcheur sentit que le ruissellement de l'eau n'était pas le même que d'habitude. Il remonta lentement la rivière en scrutant les alentours. C'est alors qu'il vit une jeune fille. Ses cheveux de jais étaient étendus le long de la rive, tandis que son corps était en travers du cours d'eau. Quand il vit le large sourire de cette adolescente, il crut qu'elle s'était seulement endormie, mais en s'approchant, il s'aperçut qu'elle ne respirait plus. La panique le gagna progressivement ; il tenta durant dix longues minutes de la réanimer, mais en vain, la jeune fille était déjà partie. Elle n'avait plus de forces, elle s'était laissée aller, et même dans ses derniers instants, elle ne l'avait pas regretté.

L'esprit de Morgane venait de rejoindre sa famille, loin de cette rivière qui l'avait vue mourir et était maintenant loin de tous ces soucis. Elle était enfin heureuse...

Eh bien, merci mille fois d'avoir lu « Elle chantait », ça me fait chaud au cœur

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Eh bien, merci mille fois d'avoir lu « Elle chantait », ça me fait chaud au cœur. Pour commencer, cette nouvelle à été écrite pour un concours (hors Wattpad), « Dis moi Dix mots » qui était sur le thème de l'eau, avec quelques mots imposés. Parmi eux, Mangrove, plouf, ondée... Tout ce qui relit l'eau avec le chant, et ma pauvre Morgane.

Elle n'est pas la version originale, qui doit être dans les 600 mots, celle-ci est à presque 1000 mots . C'est une nouvelle version, avec moins de fautes et plus de descriptions, même si ce n'est pas très facile d'en mettre dans cet écrit.

Pour la fin, elle peut paraitre improbable, ou même impossible, mais je me suis dit qu'au moins une fois dans sa courte vie, Morgane aurait un objectif, qui n'a pas aboutit au sens propre, mais un peu quand même, car elle est enfin heureuse à la fin. Sa mort est décrite en quelques lignes à peine, car je ne voulais pas décrire la mort.

Bien sûr, il est possible qu'il y ait quelques fautes d'orthographe, de grammaire ou de conjugaison, dans ce cas, j'aimerais beaucoup qu'elles me soient signalées.

Donc, encore merci d'avis lu la nouvelle.

Léna

Elle chantaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant