Il etait une fois une table

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Une table assez commune. D'une forme rectangulaire et constituée de quatre pieds. Nul doute qu'elle était la parfaite représentation d'une table, et que si il fut possible de demander a toutes personnes douées de raison d'imaginer une table, ils l'auraient imaginées.

Comme de coutume, cette table était accompagnée de chaises: quatre exactement. Elles étaient du même bois que la table dont nous parlions tout a l'heure. De l'Être venant d'un tronc si vieux, que de mémoire d'Homme, personne n'ai jamais entendu quelqu'un se vanter de l'avoir planté. Les chaises avaient également un dossier, comme bien des chaises me direz-vous, et vous auriez raison, sauf que le dossier de ces chaises avait une gravure et que cette gravure était différente pour chaque dossier de chaque chaise.

La première chaise avait sur son dossier un lapin, la deuxième une antilope, la troisième un lion et la dernière une tortue.

Cette table et ces chaises étaient installées dans une petite salle d'un grand château. Petite salle seulement éclairée par les rayons du soleil s'engouffrant a travers une petite fenêtre. Le château était le plus grand de la région, appartenant a l'une des plus puissante et aimée famille du royaume. Tous les seigneurs de cette famille avaient été de généreux, honnête et loyaux gouvernant.

Dans le hameaux alentours, les habitants aimaient raconter aux nombreux voyageurs, que si les seigneurs de ce château étaient si bon et si sage, c'étaient parce qu'ils avaient déjà vécu plusieurs vies avant de s'atteler aux responsabilités qui leurs étaient dues. A cette nouvelle, les voyageurs, intrigués, demandaient comment il était possible de vivre plusieurs vie. Ceux a quoi les habitants répondaient que c'était une longue histoire, et que si ils voulaient l'entendre jusqu'au bout, ils devaient rester dans le hameau au moins trois jours et deux nuits, mais que ces deux nuits allaient être parmi les plus belles de leur vie, si ils les passaient dans l'auberge en face du restaurant servant les meilleurs mets a des lieux a la ronde. Grace a cette légende, l'auberge était toujours pleine, et l'attente pour y avoir une chambre était interminable.

Même si chaque habitant se disait seul détenteur de la véritable histoire, tous racontaient, a quelques détails prêt (tel que la couleur des rideaux) la même, et tous commençaient leur histoire par une table entourée de quatre chaises dans une petite salle du château. Cette salle n'avait comme éclairage qu'une petite fenêtre aux rideaux d'une couleur incertaine.

Chaque garçon de la famille appeler a gouverner un jour, devait pénétrer dans cette salle quatre fois. La première fois quand leur première dent de lait venait de tomber, il devait alors s'asseoir sur la chaise arborant un lapin sur le dossier. La deuxième fois c'était lorsqu'il se sentait enfin homme (bien souvent a la fin de l'adolescence), il devait alors s'asseoir sur la chaise au dossier orné d'une antilope. La troisième fois a la mort de leur père, juste avant d'endosser le manteau de gouvernant, il devait alors choisir la chaise ayant un lion comme bas relief sur son dossier. La dernière fois de sa vie qu'il devait entrer dans cette salle, c'était lorsqu'il sentait sa force diminuer et la mort approcher, il devait alors choisir la chaise a la tortue.

Les quatre fois il devait respecter le même rituel. Entrer dans la petite pièce sans armes, pieds nues et seulement vêtu d'un pantalon et chemisier blanc. Il devait s'asseoir sur la chaise qui lui était destinée. Certain d'entre eux avaient essayé de s'asseoir sur la mauvaise pour voir ce qui aller se passer. Ils attendirent longtemps que quelque chose se passa, certain attendirent plusieurs mois avant de dépérir.
Une fois assis sur la bonne chaise, il devait attendre trois jours et deux nuits complètes avant de fermer les yeux et compter jusqu'à quatre-vingt-dix-neuf, puis prononcer le mot magique "comin". En rouvrant les yeux, il n'était alors plus seul dans la salle.

C'est a cette exact moment, que les villageois racontant la légende, se disaient fatigué, et qu'ils continueraient l'histoire le lendemain. Le lendemain, les voyageurs étaient debout a la première heure, cherchant leur conteur de la veille dans tout le hameau. Bien sûr celui-ci se trouvait presque toujours a la taverne, et feignait un mal de gorge l'empêchant de finir l'histoire. Mal de gorge qui ne pouvait être soigné que par une bière au miel. Bière au miel que les voyageurs, impatient de connaître la fin de l'histoire, s'empressaient de lui offrir. Une fois sa voix retrouvée, et sous les encouragement insistant d'un auditoire parfois très pressant. Il reprenait son récit.

Un vieillard, un homme dans la force de l'age, un adolescent et un enfant se tenaient alors autour de la table, un silence glaçant les entourant. Ce silence durait parfois jusqu'à une heure, avant que l'un des attablés n'osa le briser.

Il se dit que bien souvent ce fut l'enfant qui le rompit. Avec une question. Puis une autre, et encore une autre. Que c'est toujours l'adolescent qui lui demandait de se taire.
Ce dernier semblait cherchait, du moins au début de la conversation, l'approbation de l'homme et du vieillard, ignorant l'enfant. Mais la déception était toujours au rendez-vous. Déception qui se transformait souvent en fureur. Fureur qu'il dirigeait contre l'homme et seulement vers l'homme.
Il se disait aussi qu'au cours de la conversation, l'homme se mettait toujours a pleurer a force de répéter le même phrase a l'enfant, et qu'a la dernière de ses larmes, sa tristesse se transformait en agressivité envers l'adolescent. Agressivité calmé par le vieillard, lui disant que l'on ne hait le passé que si il est encore notre présent.
L'homme et l'adolescent se reprochaient ce qu'ils étaient. Le ton montait souvent entre eux. L'homme reprochant son comportement a l'adolescent, jetant sur lui son incapacité a rendre l'enfant heureux. L'adolescent lui repondait qu'il n'était pas assez bien pour ses ambitions.
Le vieillard, quant a lui, intervenait peu. Trop occupé a essayer de faire rire l'enfant usant de grimaces, de mimique et de diverses tours.

Mais déjà la lumiere diminuée et le conteur, se sentant fatigué, demandé a son auditoire de revenir le lendemain. Le lendemain, toujours a la taverne, le mal de gorge était revenu. Heureusement qu'il restait de la bière au miel de disponible!

Un vieillard, un homme, un adolescent et un enfant se parlaient alors autour d'une table.

La conversation durait souvent plusieurs jours, voire plusieurs semaines pour les plus longues. Beaucoup de mots, de ressentiments, de haine et de larmes étaient échangés. Le contenu exact des différentes tirades différé selon les conteurs. Certain aimaient en rajouter, inventant des histoires tellement invraisemblable que seul un sot pouvait y croire. Cependant, les histoires des conteurs se rejoignaient toutes.

Il est dit que les derniers mots de la conversation revenaient toujours a l'enfant. Qu'il pouvait parler plusieurs heures a la fin sans que personne n'osa le couper. Il parlait essentiellement de ses rêves de future. L'adolescent prenait alors note comme si il les découvrait. L'homme les entendait sans oser regarder l'enfant. Le vieillard les écoutait attentivement, espérant trouver dans sa mémoire un souvenir correspondant.

La tirade de l'enfant terminée, ils décidèrent généralement de se quitter. Ils fermaient alors tous leur yeux, et se levèrent tous en même temps. Ils se retrouvèrent alors dans une salle vide (si l'on omet la table et les quatre chaises).
Il est dit que le vieillard souriait toujours en sortant de la salle, que l'homme avait retrouvé la force et la volonté de rendre le monde meilleur, que l'adolescent savait a présent que son future se décidait aujourd'hui et qu'il se déciderait tous les jours jusqu'à la fin de sa vie ; que l'enfant courait vers sa maman, et lui disait de ne pas s'inquiéter.

Ils ne l'avaient pas oublié et ils travaillaient a réaliser ses rêves.

Il était une fois une tableWhere stories live. Discover now