Chapitre 1

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Dans un paisible et reculé village se trouvait une petite population se sustentant principalement de la chasse, de la pêche et de la cueillette.

Un chasseur en particulier était très populaire là-bas. Il était connu pour sa force, on dit que le bras tendu il pouvait lever, d'une main, un homme. Ainsi que sa santé qui, pour toute maladie, était plus impénétrable qu'une chambre forte malgré le froid hiver de la région. Grand et fort, il était un symbole de sécurité pour tous les habitants et sa famille : avec lui à leurs côtés aucun mal ne pouvait les atteindre.

Un beau jour, quelques heures avant le zénith. Le traqueur rentrait, gibier sur les épaules. Alors qu'il apercevait les premières maisons, il remarqua l'ancien du village toujours accroupie au pied du même arbre marqué « cent » à la pierre pointue. Sa vieille canne en bois posée sur le sol parcourait son torse pour toucher le tronc. Le célèbre chasseur salua le sage en lui présentait son trophée, c'était une routine entre eux qui discutaient souvent, du moins c'était le jeune homme qui écoutait le vieux. Mais, contrairement à d'habitude, l'ancien ne salua pas le jeune ; son regard inquiet était rivé sur la maison. La vue du vieux dans un tel état ne manqua pas d'alarmer le chasseur. Il se demanda d'abord ce qui pouvait bien aller lui, l'intuition de l'ancien ne se trompe que trop peu souvent... Mais il ne pouvait se résoudre à cesser ses activités, pas pour l'instant, pas lui qui a tant de personnes à nourrir.

Arrivé chez lui il fut accueilli par un chaud câlin de son aimante femme qui a su décelé en lui une certaine inquiétude qui ne lui ressemblait pas. Ce fût rapidement au tour de ces jeunes enfants d'accueillir leur héros, une fille ainée maligne et autonome qui fera une parfaite héritière à son père et un jeune garçon plus timide et renfermé.

Peu après le chaleureux accueil. Le père, agissant d'une manière opposée à ses habitudes, alla s'enfermer dans sa chambre.

Quelques heures après le zénith. L'inquiète femme voulait lui rendre visite. Elle a d'abord discrètement écouté à sa porte. L'oreille à la porte, elle fût épouvantée. Elle entendit un fort bruit de toux et d'halètement. Pour l'héroïne, qui a passé tant d'années avec le héros et ne l'a jamais ne serait-ce qu'éternuer auparavant, c'était un choc. Alors qu'elle s'était affalée en pleurant au pied de la porte, elle décida de reprendre du poil et de la bête et d'aller s'occuper de son ménage. Mais les yeux des enfants voient l'invisible. Il leur suffit d'un instant pour comprendre que quelque chose allait mal. S'effondrant devant le regard étonné des enfants elle murmura que tout allait bien, que tout irait bien.

Toutes les heures elle retourna, espérant de tout cœur que son héros avait vaincu le mal qui l'habitait, à cette porte qui n'a jamais été aussi froide. Dieu merci, la toux se faisait de plus en plus faible.

Quelques heures avant le souper, l'heure où la famille du chasseur distribue ses vivres récoltés pendant la journée. La mère de famille alla jeter un dernier coup d'œil à son mari bientôt guéri. Dieu merci, elle pouvait enfin écouter les ronflements reposés du héros. Mais soudain, cette musique fût interrompue. Une voix faible et mourante prît sa place. La femme n'en croyait pas son ouïe, serait-ce vraiment la voix de son mari ? Une voix autre fois si portante, si profonde, si inspirante, réduite à cela ? De surprise elle ne pût écoutée les premiers mots murmurés. Elle essaya sans succès d'enfoncer la porte. Son mari lui disait de ne surtout pas partager le gibier, pas aujourd'hui qu'importe si les habitants sautent des repas. Demain ce sera la jeune fille qui ira s'aventurer dans la forêt armée du fusil du père. En guise de dernière faveur, le héros mourant lui demanda de ne plus jamais entrer dans cette chambre, ni elle ni les enfants. De laisser un vieil ami du héros du village débarrasser la chambre.

N'ayant plus le temps pour pleurer le défunt. Elle réfléchissait à comment annoncer la nouvelle à ses voisins, ils seront sûrement furieux de ne pas avoir à souper.

En effet, très vite les complaintes et les frappes à la porte se firent entendre. Stoïque la femme expliqua les volontés du héros du village mais les habitants restaient impassibles. Ils s'enfuirent alors avec le gibier. L'héroïne délaissée restait là, pleurant, priant que son mari lui pardonne. Mais encore une fois elle n'a pas le temps de pleurer. Elle entend sa fille tousser et vomir à l'autre bout de la pièce. Elle se rua vers elle, lorsqu'elle aperçût un affreux liquide verdâtre aux lueurs rouges dégouliner de la bouche de la jeune guerrière. Elle lui demanda ce qu'elle avait fait si elle été entré dans la chambre de son père ? La fillette fiévreuse n'avait pas la force de parler... Si la porte était restée fermée, ce serait le gibier l'origine de ce mal jusque lors inconnu des habitants ?

Le lendemain, après une rapide visite du village. Le vieux sage qui avait recueilli le fils du fier chasseur, marqua de sa pierre pointue « un » près du « cent » déjà écrit sur le tronc de l'arbre. Il dit au jeune garçon que c'est, aujourd'hui, le nombre de pandémies qu'il avait vu. Et qu'à présent ce sera au jeune enfant d'endosser le rôle du grand chasseur, lui qui avait été élu.

Les pandémies sont un mal ancien, vu par certains comme une sanction divine. Il s'agit d'une guerre, qui fait par vague, plus de morts qu'une guerre armée, que l'humanité mène depuis toujours. Pourtant, on en ressort toujours « vainqueur », mais il n'y a pas de victoire pour celui qui perd ses proches. Alors pour ne pas être perdant, unissons-nous et pour le bien de notre nation, pour le bien du monde, pour l'amour de nos aînés, résistons, battons-nous, RESTONS CHEZ NOUS.

Si vous avez l'impression que je brasse du vent. Que je ne souhaite que récolter l'attention. Je vous invite chaudement à vous documenter sur le sujet, en particulier sur la grippe espagnole.

Le chasseurWhere stories live. Discover now