La seule leçon à retenir du COVID-19 🦠

Je dois avouer que, pour ma première "pseudo-nouvelle" sur ce compte, je n'ai pas fait dans l'originalité. J'ai en effet repris la seule information que nous crachent les médias télévisés et journaux d'information depuis bientôt 2 mois (au moment où j'écris cela).

La France a connu une véritable épopée ces derniers temps. Un virus est apparu en Chine, est venu en France, a fait des morts, le président Macron a confiné 65 millions de personnes chez eux (après les avoir incités à sortir pour voter, évidemment), et depuis maintenant presque 3 semaines, nous sommes chez nous. Et donc, maintenant quoi?

Et bien, maintenant... on va lentement atteindre le pic de malades, puis le nombre de nouveaux malades va progressivement diminuer et on va sortir à nouveau. Pendant ce temps, un chercheur allemand ou russe (mais sûrement pas Didier Raoult) aura trouvé un super vaccin, on se fera tous vacciner, et ce sera fini.

Super, mais du coup, quoi retenir de cette période?

Et bien, ça dépend en fait beaucoup de qui vous êtes.

Imaginons que vous soyez un introverti, comme moi. Et bien, cette période n'aura pas changé grand-chose. L'espace extérieur vous paraît vraiment surcoté, de toute façon tout ce dont vous avez besoin est chez vous. Entre nous, vos amis sont un peu bidons. La bouffe du kebab ou du self est pas si ouf. Faire du sport, mmh, vous n'en faisiez pas avant, aucune raison d'en faire après. Quand on ne sert à rien, quand on ne fait rien, être confiné ou non ne change rien, finalement.

Imaginons que vous soyez un extraverti, ce qui est beaucoup plus probable (beurk). Et bien, cette période horrifique où Netflix est devenu votre meilleur ami, vous aura permis de comprendre à quel point le monde extérieur est important. Dès la fin du confinement, vous allez vous ruer auprès de vos amis, faire la fête tous les soirs, aller au fast-food tous les deux jours. En quelques jours, vous consommerez plus que ce que vous aviez prévu de faire pendant 3 mois, et l'économie vous en remercie par avance. Vous regarderez d'un œil méprisant les introvertis, et vous tremblerez à l'idée de cette terrible période de confinement. Non mais vous vous rendez compte, être forcé de se concentrer sur ses conflits intérieurs, ses regrets, ses actes immoraux, alors qu'on peut se divertir pour oublier tout ça! Non, la vraie vie, c'est ça, le divertissement permanent.

Imaginons que vous soyez orienté politiquement. Si vous êtes un fervent communiste (qui va d'habitude à McDo tous les mois, hein, faut pas déconner) ou bien un partisan de ceux qui voulaient fermer les frontières avant que ça devienne à la mode, l'attitude de Macron vous aura paru tout simplement inacceptable. Autoriser les élections municipales, alors que le virus est là, non, aucun président sensé n'aurait fait ça, et sûrement pas l'idole de votre parti. Non, lui, il aurait confiné la France dès les premières traces du virus à Wuhan, c'est sûr, parce que son sens de la perspicacité et de la fraternité est tellement aiguisé! Vous savez quoi, je suis sûr que votre favori aurait même pu deviner qu'il y allait avoir un virus avant même qu'il n'apparaisse. Ça se sentait, c'était trop louche...

Par contre, si vous êtes un admirateur de Macron, le président proche du peuple, le choix du peuple (qui n'a pas du tout été élu parce que son adversaire était pire), et bien la gestion de cette crise sanitaire vous aura paru excellente. Après tout, c'est vrai, il y a des pays européens où c'est bien pire, comme l'Italie ou l'Espagne. La stratégie du gouvernement aura été parfaite de bout en bout, des affiches d'Agnès Buzyn, au changement soudain de ministre de la Santé (pile au bon moment), sans oublier les élections municipales qui ont pu se dérouler de façon tout à fait convenable. Bon, il y aura pas de second tour, mais de toute façon le second tour c'est pour les nuls.

Imaginons que vous soyez un homme (ou femme) du peuple, un vrai, qui ne s'identifie pas à l'égoïsme et le matérialisme des classes les plus aisées. Vous pensez montrer l'exemple? C'est donc ça, votre solidarité, foncer dans les centres commerciaux, dépouiller les stocks de papier toilette et de nourriture en des quantités astronomiques dont vous n'avez même pas besoin? Acheter des masques inutiles pour votre petite personne alors que le personnel hospitalier en manque terriblement? C'est le moment où jamais de se rendre compte que la pseudo-défense que vous avez de la collectivité, que vous prétendiez défendre lors des grèves et manifestations qui ont marqué l'an dernier, est en fait simplement une émanation de votre lutte pour votre intérêt personnel. 

Imaginons que vous apparteniez aux classes aisées. Bon, vous ne faites pas partie de la haute société, loin de là, mais vous vivez dans de très bonnes conditions, ne manquez de rien. Vous regardez la terreur et la psychose des classes moyennes d'un œil amusé. "Haha, encore des écervelés qui sont les toutous des médias, qui gobent tout ce que l'on leur dit". C'est sûr que l'on n'a pas à psychoter lorsque l'on sait que l'on a les moyens de s'acheter tout le matériel et services nécessaires, voire même de quitter sa petite ville pour la campagne. On a pas à psychoter quand on a un métier qui se fait en télé-travail de façon habituelle. Quelle serait votre réaction si vous étiez infirmier, ouvrier ou encore caissier? Si vous étiez la chair à canon de l'état, les plus à risques, tout en étant dix fois moins payés que celui qui fait un métier si inutile qu'il n'existe que depuis quelques années?

Bon, je l'admets, je grossis très nettement les traits. Tout le monde ne s'identifie pas à une des catégories citées précédemment ou n'admet une attitude aussi extrême. Mais je souhaitais mettre en valeur le fait que les leçons que nous prétendons tirer de cette crise sont tout à fait bidons. Car en effet, et c'est là la seule leçon qu'il faudrait retenir, les leçons que l'on tire d'un événement sont influencées par notre propre subjectivité, notre regard personnel, et rien d'autre. Le jour d'après, nous n'aurons finalement rien appris, nous nous serons contentés de conforter et d'alimenter nos convictions qui nécessiteraient pourtant une bonne remise en question.

C'est marrant parce qu'au-delà de simplement pointer du doigt les fautifs, c'est-à-dire la Chine pour les uns, le gouvernement français pour les autres, l'humanité toute entière ou bien le pangolin lui-même pour les plus stupides, il serait intéressant de réfléchir à ce que le virus représente vraiment pour nous. Un virus est un organisme de quelques nanomètres, quoi que le mot "organisme" est peut-être mal choisi car un virus n'est même pas un être vivant. 

Il n'a aucun but dans la vie, aucune réflexion, aucune ambition, à part infiltrer son hôte et s'y reproduire. Son attitude est mécanique. Il n'a pas de cerveau ou d'organes sensoriels, c'est pratiquement rien de plus qu'une molécule. Et bien ce virus, ce "rien du tout" a complètement désintégré notre mode de vie et notre société contemporaine en seulement quelques semaines, et encore ce virus-là n'est pas le plus dangereux.

Tout ce que vous avez construit, tout ce que l'humanité a pu faire de génial ou d'atroce, de sublime ou d'horrible, peut être détruit en un claquement de doigts. Le virus est le purgeur suprême, il montre aux gens comme moi que rien dans la vie n'a réellement d'importance puisque tout peut être balayé en un instant. 

Ou bien... la vie ne serait-elle pas d'autant plus importante et intéressante qu'elle est fragile? Qu'elle a une fin si proche et si lointaine en même temps? Que le risque y est omniprésent?

Une chose est sûre : si le virus avait une conscience, il serait déçu de ne provoquer que la psychose et la haine au-delà d'une bonne petite réflexion existentielle collective.

Mais après, ne faites pas trop attention à ce que je dis. Après tout, c'est ma leçon personnelle donc elle est forcément teintée de subjectivité.