Festival. Fin de scène, je signe quelques autographes, je vois les filles qui se bousculent, la sécurité et les barrières.
« Je t'aime ». Clic, clic...REC•. Je rigole, je souris. Comment peuvent-elles être comme ça ? Elles ne me connaissent pas fond...Elles aiment ma voix, notre musique, mes textes. Nos gueules d'anges, nos cheveux bruns, mes boucles folles. Mais pas mon âme. Moi au quotidien. Mais elles ont l'air heureuses, un peu hystériques, mais souriantes. Et puis peu importe, j'aime ce que je fais.
Faut garder la tête sur les épaules, mais pourtant je l'avoue, je plane. Et c'est fantastique.
Un nouveau groupe de filles arrivent. Elles semblent surexcitées. Félix est mort de rire, il fait des clins d'œil à la Rousse. C'est vrai que pour une fois elles n'ont pas l'air d'avoir 15 ans. Plutôt 18. Un peu comme nous quoi.
Joli rouge à lèvres je dois avouer. Puis la Brune a un sourire éclatant.
Elles sont 3 : une bouclée flamboyante, une carré court dévorante et ...une beauté indécente qui ne sait pas ce qu'elle fait la. Une Blonde.
Elle a de ces lèvres, des yeux et des cheveux, je crois que je me nois. Les garçons signent et dédicacent. Implicite dans l'air. Elles sont bruyantes, elles ricanent ...comme les autres .
18, 19 ou 15 c'est pareil
« Adrien ? Et nous, tu nous ignores ? »
Non. Je signe. Elles gloussent. Qu'est ce que je disais...
Ah maintenant les photos. La porte de la loge vient se fermer, signe qu'elles sont les dernières. Les autres groupies c'est pour demain. Effectivement on peut faire une petite exception « photos-cadrées-bien-prises »
4 + 3 = 7. Stop on est 6. Les garçons et 2 filles. Qu'est ce que ?
La Blonde, est sur le côté, gênée. A bien y repenser c'est la seule qui depuis tout à l'heure ne glousse pas, qui ne demande rien, qui ne comprends pas et qui surtout semble désolée. Pourquoi ? Dieu qu'elle est belle. Des fans comme elle j'en veux des centaines. Pourquoi n'est elle pas hystérique ? Comme ses copines ? Elle me connaît pas ? Bah si justement comme toutes les autres ...
« Rose tu viens pas ? »
« Je crois qu'on devrait arrêter et y aller, je veux dire ils ont l'air fatigués non ? On a eu les autographes » Elle a une voix ...
Elle me regarde et sourit. Elle a l'air de voir au delà mes boucles et de notre sex-appeal. Elle me plaît. Elle est étrange, détachée...mais elle meurt d'envie de crier, parce que je le vois elle est excitée.
Excitée d'être là. Mais elle se contient. C'est irréel, comme elle d'ailleurs.
Tout le monde rigole. Clic. Photo. Elle ne dit rien, fouille dans sa poche, en regardant Félix clope au bec. Elle sort son propre
paquet. Clic. Une autre photo.
Je sais plus où je suis, je la regarde...comme elle est belle.
Elle porte le paquet a sa bouche et d'un geste rapide, tire une cigarette du bout des lèvres. Le paquet dans sa main devient rapidement un briquet. Et bientôt une odeur de tabac emplit le petit espace.
Elle me fixe. Timide mais tentée. Je la regarde.
« Aller ils vont finir par nous mettre dehors »
Oh que non.
« Tout le monde n'a pas eu son autographe »
Je la regarde toujours. Insistant. Alors elle comprend et s'empourpre.
« Je n'ai pas de quoi... »
Elle fouille et sort un billet de sa poche. Elle me fascine. Un billet...
Tout à coup elle se met à sourire, pétillante. Sans le vouloir je me rapproche d'elle.
« Signez moi une clope, avec le billet j'en rachèterais d'autres »
« Volontiers mais sur le billet j'aurais pu vous laisser mon numéro »
Je me penche et démêle ses doigts. Lui laisse le briquet et prends le paquet.
Je signe pour la première fois de ma vie, une cigarette. Que je lui tends.
Elles sortent enfin et une étrange atmosphère règne à présent. Soudain, dans ma main son paquet. Dans ma tête une idée.
Un stylo, des rires, la panique, une course effrénée et des cris
« Rose ! »
Elle a les cheveux qui fouettent le vent.
Sa main tâte la poche de son manteau alors qu'elle regarde ma main et qu'elle comprend Je freine ma course, elle s'approche et alors je lui tends :
« Bon pour un rendez-vous »
——————
[Je me rapproche, nos pieds en quinconce et lui chuchote à l'oreille :
« Finalement j'ai pu vous le laisser ...mon numéro »]