La victime inconnue
Je me réveillais en sursaut. Des gigantesques gouttes de sueur suintaient sur ma joue. Mon visage était marqué par la peur. J’avais encore fait ce mauvais rêve. Dedans, je tombais dans un trou sans fond. J’entendais des sirènes et des hurlements. Ma respiration se faisait haletante et je n’y voyais plus rien. Cela faisait 9 mois que je faisais le même cauchemar.
Je voyais Mikasa qui se tortillait à côté de moi. C’était ma femme. Elle était tellement belle et si joyeuse qu’à chaque fois que je la regardais, c’est comme si je la redécouvrais. J’avais vraiment eu beaucoup de chance de la rencontrer. On s’était rencontré par hasard, au détour d’une rue. Je lui avais malencontreusement rentré dedans et, pour me faire pardonner, je l’avais invitée à boire un café et l’avenir avait fait le reste.
Je regardais mon réveil : 6h30. Il fallait que je prenne la ligne Hybia à la station de Kita-Senju pour me rendre au terminus. Il était crucial que j’arrive avant 7h15 sinon je ne pouvais jamais trouver de la place dans cet enfer d’aluminium. Les métros, à Tokyo, le matin étaient vraiment infernaux. C’était un des moyens de circulation les plus importants. Tout le monde le prenait, si bien que, quelque fois, des gens devaient attendre le prochain car celui devant eux était surchargé. En plus, dedans, ça sentait la sueur et le café, un terrible mélange !
Je me levais comme une fleur, en veillant à ne pas réveiller plus Mikasa. J’ai pris mes affaires et les mis dans la salle de bain. Ensuite, j’ai descendu les marches et me précipita dans la cuisine. J’ai préparé le café et mis le poste pour voir les nouvelles du jour :
- « Bonjour monsieur-dames. Voici la météo et le journal de 6h30. Aujourd’hui, il fera chaud et beau partout au Japon. Seul Hokkaido pourrait voir se déverser sur elle un voile blanc de neige. A la une de ce jeudi 20 mars 1995, un meurtre mystérieux s’est déroulé hier, dans la ville de Kyoto. La victime, un homme de 45 ans, sans histoire ni casier judiciaire, a été retrouvé, inanimé dans son appartement du centre. La pièce était fermée de l’intérieur, assure la police scientifique. La piste d’un échappement de gaz est privilégiée. Aussi à la une ce matin, un boum des passagers présents dans les métros Tokyoïtes. Au vue du moment de l’année dans lequel nous sommes, les travailleurs devront être au bureau le plus tôt possible. Nos experts prévoient donc un pic de passagers dans les métros se situant dans la tranche horaire 7h-8h.
Je fermai le poste. Je ne pouvais pas écouter la suite. Du fait qu’il y aurait trop de monde dans le métro, ma matinée venait d’être gâchée.
Je me fis griller des toasts et les trempai, dans mon café. Après avoir fini, je lavai ma tasse et la mis dans l’armoire prévu à cet effet. Je montai jusque dans la salle de bain et commença à faire couler l’eau. C’était mon moment préféré. La sensation de l’eau qui me coulait de la tête au pied, la perception de l’eau qui ruisselait sur ma peau souillée par une nuit agitée, rien que pour ça, c’était mon grand moment de détente.
Après avoir du arrêter l’eau à cause de mon chauffe-eau qui venait de tomber en panne, je me faufilai dans ma serviette pour m’essuyer. Puis, je mis ma chemise blanche, mon costar noir et enfila mon pantalon noir. J’allai dans ma chambre pour attraper ma cravate quand je vis Mikasa, assise sur le lit, en train de s’étirer.
- Désolé, dis-je en cherchant ma cravate noire entre les slips et les culottes. Je t’ai réveillé ?
- Non, ne t’en fait pas, dit-elle en baillant. Je devais me réveiller de toute façon.
- Tu es sûr que c’est bon pour le bébé quand tu te réveilles à cette heure-ci ?