Chapitre 6 - Colin*

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"Alex et Lisa vont assister au concert, lance Adam en rangeant son portable dans la poche arrière de son jean.

- Tu dois être content, réponds Doris tout sourire."

Adam hoche la tête en signe d'affirmation.

Je suis surpris. C'est bien la première fois que je vois Doris sourire à l'annonce de la venu de certains de nos amis à un concert. Pour voir si cela à le même effet, j'annonce "Matt sera là aussi". Mais non, aucune réaction de la part de mon amie. Elle continue à accorder sa basse.

Adam avec son éternel sourire, me lance un "cool" sincère et enjoué. Faut dire que Matt est là à pratiquement tous nos concerts depuis la formation du groupe, il y a de nombreuses années. S'il n'est pas là, c'est soit qu'il est malade, soit qu'il a des problèmes avec Daryl (nettement plus probable).

Je suis nerveux... Non, c'est pas ça... Je ne suis pas à l'aise. J'ai l'impression qu'il me manque quelque chose. Ce vide qui m'habite depuis des mois est encore plus présent ce soir. Je regarde la place qu'occupée Juliet sur scène et je ne vois rien (normal, il n'y a rien).

C'était peut être pas une bonne idée de revenir jouer ici pour une première scène après ... C'est pas comme si on m'avait laissé le choix!

Mais si on m'avait laissé le choix, est-ce que je serai remonter sur les planches? Est-ce que mon besoin de musique, de trac, de la foule, aurait été assez fort pour surmonter ce manque d'elle?

Et sans musique, que serai-je devenu?

Sans dire un mot, je m'approche d'Adam et lui claque l'épaule de manière amicale. Puis me dirige vers Doris et dépose un baiser sur son front. Elle passe ses bras autour de ma taille et appui sa joue contre mon torse.

Il n'y a aucune ambiguïté dans ce geste. C'est peut-être la seule chose positive que le départ de Juliet à apporter dan sma vie.

Un soir de grosse déprime où j'avais bu beaucoup trop, c'est Doris qui est venue à ma rescousse. Elle m'a ramené chez moi, m'a bordé et m'a veillé. Quand je me suis réveillé, le lendemain, j'ai été pris de panique en la retrouvant endormi dans mon lit.

Peu importe les conneries que J'ai pu faire, j'ai toujours mis un point d'honneur à ne pas coucher avec mon amie d'enfance.

Elle dû se sentir observer car elle ouvrit les yeux, alors que je la regardai en essayant de faire le point sur ma soirée. Les premiers mots qu'elle me dit furent: "Pas de panique, tu m'as pas baissé".

Je ne pus retenir un soupir de soulagement qui l'a fit rire.

"Ça fait toujours plaisir, rigola-t-elle.

- C'est pas ce que tu crois, lâchai-je.

- Si c'est exactement ce que je crois! Tu es soulagé de ne pas avoir coucher avec moi.

- C'est con ce que je vais te dire mais je ne veux pas te faire de mal ..., commençai-je.

- Pour ça, c'est trop tard ...

- Je sais, désolé... chuchotai-je.

- Laisse-moi finir, me coupa-t-elle. C'est pas de ta faute si tu m'as fais du mal. On peut pas forcé les gens à nous aimer et ça c'est toi qui me l'a appris.

- Comment ça?

- Je t'ai vu pendant les dernières semaines essayer de récupérer Juliet alors qu'elle était déjà passé à autre chose. Même si elle était encore avec toi, elle ne t'aimais déjà plus et ça tu le sais aussi bien que moi."

Depuis quand Doris était-elle aussi clairvoyante?

C'est vrai. Je savais que Juliet ne m'aimait plus, si bien sûr, elle m'avait aimé un jour, mais j'avais préféré me voiler la face. C'est pour ça, que quand elle m'a annonçé qu'elle repartait à Rochester ça ne m'a pas étonné. Ni le faite que Samuel l'attende au coin de la rue.

                                                                                 *****

Quand les lumières de la salle s'éteignent, des sensations familières que j'avais oublié refont surface. Mon cœur bat au rythme des acclamations du public. Je détends mes muscles de mes bras, me tourne vers Doris et Adam. Ce dernier me fait un signe de tête que je lui retourne.

Je l'attends compter en tapant dans ses baguettes. "Un, deux, trois". Il tape la première note sur sa batterie, la lumière se rallume, et la basse de Doris ainsi que ma guitare lui répondent par une note en distortion.

Instantanément, je redeviens celui que j'étais il y a encore quelques mois. L'être sombre et intouchable que je n'aurai jamais dû cesser d'être.

La danseuse et le musicienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant