Chapitre 2 : La rencontre

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Paul marchait, marchait, marchait, marchait.... Cela faisait bientôt une heure. Mais rien ne pourrait jamais l'arrêter, il marchait d'un pas lent, dénué de toute trace d'énergie mais déterminé... à faire quoi ? Lui même l'ignorait.

Cet après midi, comme chaque jour, il était allé au parc. Il s'était assis sur son vieux banc vert à regarder la famille de canards, d'ailleurs, Paul s'était fait la réflexion que les petits grandissaient drôlement vite. Malheureusement pour lui, alors qu'il rêvais au soleil, ses agresseurs avaient découvert sa cachette. Nathan l'avait insulté et humilié sous les rires faux de ses "amis". Paul avait pleuré, pleuré la découverte de son secret, pleuré les violences dont il était victime chaque jour, pleuré sa famille disparue, pleuré son manque d'amour et par dessus tout pleuré ces gens qui regardaient sans rien faire. Parce que, ne rien faire, c'est participer à son harcèlement, c'est rire à coté de celui qui te pousse à gâcher ton enfance. Paul l'avait vu, parmi eux, il y avait des adultes. Des adultes qui savaient, qui voyaient, et qui ne faisaient rien. Pourquoi ? Cette question restera sans réponse.

Paul avait compris que, à partir de ce jour, il n'était en sécurité nul part. Il avait donc décidé de partir loin d'ici, de fuguer de cet endroit maudit et de ne plus jamais revoir la laide tête de Nathan et de ces complices. Paul voulait avoir une vie normale, mais ici ce n'était pas possible. Fuir c'était pour les lâches, mais il n'avait d'autre choix. Alors soit, il serait un lâche, mais un lâche fort parce qu'il voulait continuer de vivre la vie que ses parents voulait qu'il vive. Depuis lors, Paul marchait. La nuit était désormais tombée et le noir se faisait complet, Paul avait du mal à ne pas se cogner dans un mur ou rester sur le trottoir, il ne décida pas pour autant de s'arrêter. Une deuxième heure passa quand, enfin, il décida de faire halte dans un petit bois. Il s'allongea sur le sol humide de la forêt. Cependant, cette humidité là n'avait rien à voir avec celle qui lui maculait le visage, ses larmes coulèrent de plus belle sur ses joues blanchies par le froid glacial de cette nuit d'hiver. Le petit garçon était seul.

Quand le lendemain matin Paul ouvrit les yeux, l'aurore dessinait dans le ciel d'étranges trainées de poudre rose et jaune. Il se releva tant bien que mal, les membres engourdis par le froid. Une épaisse couche de neige d'un blanc immaculé tomba sur le sol quand il se mit debout, il avait bien neigé pendant la nuit. Paul époussetât les particules de neige restantes de son manteau; en regardant autour de lui, il essaya de se situer :comme il l'avait deviné la veille, il était dans un bois. Le martèlement irrégulier de l'eau contre la roche se fit alors entendre, Paul se dirigea vers l'origine du bruit, animé par la soif et la faim.

Après quelques minutes d'errance entre les chênes, les bouleaux et les frênes, Paul trouva enfin la source. Le froid extérieur la rendait mystérieusement claire et lui donnait un côté presque dangereux. Le garçon plongea sa main dans l'eau et le froid lui fit l'effet d'un électrochoc bien que sa température corporelle devait être plus basse. Après avoir difficilement bu cette eau glaciale, Paul se dirigea vers la lumière du soleil que les arbres filtraient de leurs branchages rassurants: un choix tout à fait compréhensible, cette lumière représentait pour lui la vie après la mort, il voulait renaitre, il allait renaître. C'était une nouvelle vie qui débutait pour lui. Sur son passage les mésanges, rouges-gorges et rossignols chantaient, les petits animaux curieux le regardaient avancer dans la neige, une nouvelle étincelle de vie dans son regard.

Après une longue ballade dans les bois, Paul s'assit sur un banc qui ressemblait étrangement à celui du parc. Se remémorant ce triste souvenir, il sentit les larmes lui monter aux yeux. Puis, perdu dans ses pensés, il ne vit pas arriver la dame aux cheveux blanc et au manteau rose bonbon, qui s'installa à coté de lui. Le regardant, elle pris la parole :

- Je m'appelle Nathalie.

Il sursauta au son de sa voix enrouée. Remarquant la terreur qui se dessina sur le visage du jeune garçon, la dénommée Nathalie poursuit:

- N'ai pas peur ! Je ne vais pas te manger ! la rassura t'elle avec un petit rire. Mais, et toi mon garçon, comment t'appelle-tu ?

Non habitué à ce qu'on lui pose cette question, Paul lui répondit dans un souffle:

- Paul...

- Eh bien Paul, que fait-tu ici tout seul ? Ta maman n'est pas avec toi ? lui demanda t'elle.

- Non, elle... elle est morte.

- Oh... je suis sincèrement désolée, répondit la grand mère.

Devant l'absence de réaction du garçon, Nathalie continua :

- Tu sais, on est un peu pareil tout les deux.

Paul leva vers elle des yeux interrogateurs... et emplis de larmes.

- J'avais un fils, François, raconta-elle, mais il est décédé il y a maintenant 11 ans d'un cancer du foie. Il était pourtant si jeune... il avait toute la vie devant lui... un peu comme ta mère je présume ?

La remarque arracha à Paul un sanglot, et il se mit alors à pleurer doucement. Nathalie, se rendant compte que trop tard de son erreur le prit dans ses bras en lui répétant des excuses.

A ce moment même, dans le cœur meurtri de ses deux êtres, renaît un sentiment : la joie. L'espoir d'être à nouveau compris et aimé suscitent en eux un lien fort d'amitié.

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⏰ Last updated: Apr 11, 2020 ⏰

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La couleur de la joie  [[EN PAUSE]] Where stories live. Discover now