Visjonaer

Chapitre 1

Où suis-je ? Pourquoi je ne peux pas parler ? Pourquoi ai-je l'impression qu'on m'a mis un bâillon dans la bouche ? Et puis, pourquoi je ne peux pas voir ?! Pourquoi c'est noir ? Mais où suis-je bordel ?! J'essaie de ressentir où je suis, de me concentrer. Mes mains sont attachées à mon dos, je suis assis sur une chaise en bois pas très confortable... Ils auraient pû faire un effort. J'essaie de me concentrer sur les deux seuls sens qui me restent : l'odorat et l'ouïe. Mais avec ce bâillon dans ma bouche, la seule odeur que je puisse sentir, c'est la vieille odeur ragoûtante de mon haleine. Cela fait combien de jours que je ne me suis pas brossé les dents d'ailleurs ? Ce n'est pas le temps de penser à ça merde ! Concentre-toi sur ce que tu entends. J'entends deux voix, deux voix d'hommes, pas très belles et plutôt dysphoniques. Oh ! Et une voix de femme. J'essaie de comprendre ce qu'ils disent mais j'ai l'impression qu'ils parlent dans une autre langue. Putain, c'est vraiment la loose. J'entends ces voix se rapprocher. Un homme enlève le bâillon de ma bouche

Moi - d'un air sarcastique - "Ah bah enfin ! Ce n'est pas trop tôt. Je commençais à avoir la gorge engourdie."

Un homme enlève le bandeau de mes yeux avec violence.

Moi - Je comprends mieux pourquoi je ne voyais rien.

La vue commence à me revenir petit à petit. Vous connaissez cette sensation lorsque votre mère allume la lumière le matin et que vous êtes ébloui ou lorsque vous sortez d'un tunnel en voiture et que la lumière du Soleil vous empêche de voir clairement la route. Ce n'est pas une question d'une code de la route ça ? Bon, concentre-toi ! La visibilité revient petit à petit. J'arrive à discerner des silhouettes. Wouah ! Ils sont sacrément baraques. Leurs avant-bras font la taille de ma cuisse. On ne peut pas dire que je sois l'homme le plus musclé du monde mais quand même... Lorsque j'ai recouvré la vue, je peux discerner clairement deux hommes et une femme. Le premier homme tient une arme dans la main, tandis que le deuxième tient un pied de biche. Pas très rassurant tout ça... La femme est derrière, assise sur une table. Elle regarde, ne dit rien. En quelques secondes, j'ai remarqué que l'homme qui tenait le flingue était le maillon faible de l'équipe. En effet, sa posture un peu courbée, son auriculaire tremblant, sa bouche se redresse vers le bas sans qu'il s'en rende compte. Sa communication verbale est très forte. Il doit sans doute faire cela par obligation. Je ne comprends pas. Pourquoi fait-il ça ? Qu'est-ce que je fais ici ?

Moi - "Vous comptez me regarder comme ça pendant 1 heure ou vous allez dire quelque chose ?"

L'homme qui tient le pied de biche se tourne vers la femme.

L'homme tenant le pied de biche - "Can I hit him* ? (*Est-ce que je peux le frapper ?)

Moi - Super ! Ils sont anglais.

La femme - en me regardant - Yes, with pleasure.*" (*Oui, avec plaisir)

L'homme commence à lever son poing, Dieu merci, il n'utilise pas le pied de biche. Avant que son poing n'atteigne ma mâchoire, j'ai eu une rétrospection. Je me souviens de tout ! Surpris de mes pensées, son poing attend ma mâchoire avec violence.

Moi - saignant de la bouche - Aïe ! Ça fait mal !

Je pensais que ma capacité atténuerait la douleur. A priori, non. Je me souviens de cette femme. Je n’arrive pas à me souvenir de son prénom. Réfléchis bordel ! Oh non, l’autre massue va se remettre à me frapper. Mais cette fois-ci, avec le pied de biche. Comment pourrais-je faire pour éviter ça tout en évitant de me faire une nouvelle fois frapper. Réfléchis ! Qu’est-ce que tu vois dans cette pièce ? Elle est sacrément vide et il fait sacrément froid. Cet humain va me délivrer un coup au niveau du ventre. Sa trajectoire va être parabolique et plutôt parallèle au sol. Pour effectuer son geste, il va devoir prendre appui et baisser ses genoux à 110° environ. Je ne peux pas être précis… J’ai constaté que la chaise était en bois. Il  faut donc que j’arrive à me retourner de 95° pour qu’il casse une partie du dossier de la chaise. A partir de là, je pourrais lever un peu mes bras pour les libérer et ensuite, mon corps fera le reste. En quelques instants, mes bras sont libérés et je peux enchaîner les coups. Pas pratique puisque j’ai les mains noués. Je suis complètement libre d’agir puisque le deuxième homme n’agira pas, c’est son caractère. Après quelques prises de Taekwondo, j’arrive à le maîtriser. 

La femme - d’un français plutôt médiocre - Lâchez-le. Il n’essaiera plus de vous frapper. Mais vous êtes, malheureusement pour vous et heureusement pour moi, tombé dans le panneau. 

Putain je me suis fait avoir. J’aurais dû m’en douter. Merde !