Prologue

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Prologue

Windsor, Berkshire (Angleterre). 1984.

C'était certes une modeste maison, mais on y vivait bien. Par beau temps, on pouvait apercevoir la Tamise depuis la fenêtre de l'étage. D'ailleurs, la petit fille qui y habitait adorait admirer l'eau calme du fleuve. Elle pouvait passer de longues minutes sans bouger, perchée à la fenêtre de sa chambre. Ses parents lui avaient promis qu'ils l'emmèneraient faire un tour sur la Tamise pour l'anniversaire de ses sept ans.

— Gienah, tu m'écoutes ? s'exclama son père.

Son père, Céphée Black, était un grand homme aux yeux sombres. C'était lui qui était chargé de l'éducation de Gienah, tout du moins en ce qui concernait la lecture et l'écriture. Et il était doué. Du haut de ses cinq ans, Gienah savait déjà lire seule le conte de Beedle le Barde qu'elle préférait.

— Céphée, laisse-la, répliqua sa mère. Elle est fatiguée.

Éris Carrow, sa mère, était une femme douce et protectrice envers sa fille, au grand dam de Céphée. Elle et Gienah se ressemblaient énormément : elles avaient toutes les deux les mêmes grands yeux marrons empreints d'intelligence et une fossette sur la joue gauche. Cependant, elle avait hérité des cheveux sombres et épais des Black.

Céphée soupira en regardant sa fille. Elle était hypnotisée par les gouttes de pluie qui glissaient le long de la vitre. Gienah adorait regarder la pluie. Elle adorait regarder la pluie presqu'autant qu'elle adorait regarder la Tamise. Mais elle ne pouvait pas voir les deux en même temps : la pluie et les nuages trop nombreux obscurcissaient l'horizon, au point que la Tamise ne devienne invisible.

Soudain, trois gros coups retentirent. Éris et Céphée se regardèrent. Jamais personne ne frappait à la porte. Du moins pas de cette manière. Les parents de Gienah étaient très clairs sur le sujet : si on voulait s'annoncer, il ne fallait frapper qu'une fois. D'une façon sonore, mais qu'une seule et unique fois. Gienah n'avait jamais cherché à comprendre pourquoi. Les trois coups frappés signifiaient qu'un inconnu voulait entrer ; et c'était visiblement un mauvais signe. Gienah put lire l'inquiétude dans les yeux de ses parents. Son père se leva et se dirigea vers la fenêtre pour voir qui était cet inconnu qui frappait trois fois à leur porte. Il se retourna vivement vers sa femme :

Des Aurors.

Il avait murmuré ces deux mots très doucement, de façon quasi inaudible. Mais Éris sembla comprendre. Elle s'affola. Gienah pouvait entendre le cœur de sa mère battre plus fort, même si elles n'étaient pas l'une à côté de l'autre. Elle courut vers sa fille et s'accroupit, pour avoir les yeux à la même hauteur que les siens.

— Va dans ta chambre. Enferme-toi dans l'armoire. Je viendrai te chercher tout à l'heure.

Elle parlait vite, comme si quelque chose de terrible allait se passer. Gienah attrapa son livre des contes de Beedle le Barde, celui que ses parents lui avaient offert à Noël. Elle ne s'en séparait jamais depuis qu'elle avait appris à lire.

— Souviens-toi, reprit sa mère. Quel nom dois-tu donner si un inconnu te le demande ?

Elle s'en souvenait. Sa mère le lui avait fait répéter un million de fois. Elle ne savait pas pourquoi elle devait s'en souvenir, mais elle s'en souvenait.

— Judith Barlow.

Sa mère la félicita puis l'embrassa sur le front. Elle lui fit signe de se dépêcher. Gienah monta rapidement le vieil escalier en bois. Les marches grinçaient bruyamment sous ses pas. Elle ouvrit la porte de sa chambre et se précipita dans l'armoire. Elle écarta les vêtements pendus à des cintres et s'assit en recroquevillant ses jambes près d'elle. Elle serrait aussi fort qu'elle le pouvait le livre de contes sur ses côtes. « Je viendrai te chercher tout à l'heure ». Cela sonnait comme une promesse ; et sa mère tenait toujours ses promesses. Elle viendrait la chercher.

L'envol du corbeau (Harry Potter Fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant