Flirt autour d'un capuccino

  Gwen réprima un bâillement alors qu'elle traînait des pieds en direction de la fac, maudissant le réveil qui l'avait tirée du tendre confort de son lit à l'aube. Elle était plus du matin que ça d'habitude, mais avoir passé une bonne partie de la nuit à cogner sur Koala Kommander , elle aurait préféré faire une grasse matinée. Mais à défaut d'une nuit de sommeil convenable, elle allait devoir se contenter de caféine ; c'est dans cette optique que la jeune femme fit un détour par son café favori, le Lee's Café. La puissante odeur du grain moulu l'accueillit lorsqu'elle poussa la porte, lui inspirant un soupir de bonheur. Elle se mit en rang derrière les quelques personnes faisant la queue, trompant l'attente en envoyant des messages à Miles et Peni. Concentrée qu'elle était à leur raconter son combat de la veille, elle ne réalisa pas que c'était son tour :

  "- Bonjour miss, vous désirez ?"

  Les cheveux à l'arrière de sa nuque se dressèrent et un frisson glissa le long de sa colonne vertébrale en entendant la séduisante voix ; la blonde releva brusquement la tête, rencontrant une paire d'yeux émeraude étincelants et un sourire charmeur, sa longue chevelure flamboyante attachée en queue de cheval. Pendant une seconde son cerveau cessa de fonctionner, et elle ne put que sentir la chaleur que dégageaient ses joues et le bout de ses oreilles tandis que son regard restait accroché aux adorables tâches de rousseur qui constellaient les pommettes et le bout du nez de l'inconnue. Après ce qui lui sembla une éternité, les mots lui revinrent et elle bafouilla :

  "- U-un c-c-cappucchino... s'il v-vous plaît. Au nom de G-Gwen."

  Le léger sourire de la barista sembla s'étirer légèrement et une étincelle d'amusement passa dans son regard. C'est le visage écarlate que Gwen alla s'asseoir à l'écart pour attendre sa commande. Elle ressortit son téléphone pour se changer les idées et poussa un grognement exaspérée : elle avait été tellement en transe face à la jeune femme qu'elle avait envoyé un key smash par inadvertance. Ce à quoi Miles avait immédiatement répliqué 'Comment elle s'appelle ?'. Par la suite, ses deux amis s'étaient lancés dans un débat sur à quoi ressemblait la supposée dulcinée. Elle ne savait pas si elle devait les maudire pour leurs moqueries ou parce qu'ils avaient visé juste. Quand son nom fût appelé, elle alla au comptoir d'un pas rapide, saisit son breuvage et paya rapidement et évitant au maximum le moindre contact visuel avec la belle rouquine et fila sans demander son reste, non sans avoir noté dans un coin de sa tête le nom que le badge de la jeune femme lui avait indiqué : Mary-Jane. Quatre jours et quatre échanges aussi glorieux que le premier plus tard, réalisant qu'elle n'arriverait pas à se sortir la rousse de la tête, l'héroïne se résigna et envoya finalement un nouveau message au duo : Rdv à mon appart ce soir.

  Dans son appartement d'étudiante, Gwen faisait les cent pas – du moins autant que possible entre son clic-clac et son four. Y avait-il vraiment besoin de s'agiter tant pour une inconnue qu'elle n'avait croisé que quelques fois ? Elle allait bien finir par ne plus la voir, bien qu'elle soit barista dans son café favori ; elle n'allait pas être à la caisse à chaque fois ? Certes, la blonde s'était systématiquement dirigée vers sa caisse malgré son incapacité à fonctionner correctement face à elle, mais bon... Et puis, ce n'était pas la première fois qu'elle rencontrait une belle femme ! Même si peu aurait pu rivaliser avec ses yeux vert menthe, son ardente chevelure, ses ravissantes pommettes tachetées, son adorable nez légèrement retroussé et ses lèvres roses qui semblaient si tendre et...

  La jeune femme fût brutalement sortie de la dangereuse tournure que prenaient ses rêveries par une sonnerie provenant de son bureau. Poussant un soupir et se préparant mentalement au flot de questions qu'elle avait évité jusque-là, Gwen saisit le disque électronique – courtoisie de Peni, qui avait fait bon usage des recherches de Doc Ock – et le posa au sol après avoir appuyé sur quelques boutons. Une singularité aux couleurs vibrantes commença à s'étendre de l'engin et rapidement, un trou suffisamment large pour qu'on puisse passer au travers avait remplacé son plancher. De cette ouverture dans l'espace-temps résonna une voix :