Chapitre 2 - La Migradaelia

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Le fond de l'air s'était rafraichi, bien que l'on arrivait aux alentours de midi. Amboise savait qu'elle était sur la bonne piste pour trouver l'échevin. La forêt indiquée par le gueux n'était pas loin. Elle avait d'ailleurs laissé Reine à l'entrée du sous-bois afin de lui éviter tout infortune et avait continué sa route à pied. Elle savait qu'elle devait être sur le bon chemin, car après une petite dizaine de minute de marche seulement, elle avait fini par entendre un homme hurler à mort vers la position que lui avait indiqué le pauvre gueux servant de garde au fortin de Val-Bois. D'une marche assurée, elle accéléra le pas. Amboise clignait dans le même moment les yeux de temps en temps afin d'éviter que les gouttes de pluies incessantes qui lui rinçait le visage n'y rentrent. La forêt était dense et assez sombre, mais elle se fiait simplement aux hurlements pour trouver sa route. Ses pas réguliers poussaient l'eau stagnante qui recouvrait légèrement le sol, complètement détrempé. Après un moment, elle s'arrêta, prise d'une pensée qui aurait du être évidente pour elle depuis beaucoup plus longtemps.
"Autant de pluie ? Ce n'est pas franchement naturel ou alors ces pauvres bougres sont vraiment malchanceux..." pensa Amboise.
Elle se pencha sur le sol pour y voir de plus près, comme pour chercher un indice.
"Quand j'aurais trouvé l'échevin, il pourra certainement m'en dire plus. On dirait bien que tout cela soit le simple fruit d'une malédiction ou d'un sortilège. Même le roi des cons ne s'installerait pas dans un endroit pareil. Alors plusieurs imbéciles, cela me semble bien peu probable. Hm... J'ai surement trouvé de quoi remplir ma bourse pour les prochains jours ! Il faut que je me hâte."
Pendant qu'elle était perdue dans ses pensées, les hurlements avaient cessés. Elle releva le regard avec stupéfaction et se mit à courir aussi vite que possible. Il ne fallait pas qu'elle perde la piste, et ce, à tout prix. Elle évita un arbre, sauta une souche, manqua de tomber mais continua de sprinter. Amboise observait en même temps autant que possible l'environnement autour d'elle, afin de prévenir toute attaque. Sa course effrénée s'arrêta net quand elle vit une tâche sombre, se balançant gentiment de gauche à droite. Pendu à l'horizontale par ses propre tripes à une branche, un gueux semblait d'avoir tout juste rendu l'âme. Le corps semblait crispé de douleur. Le sang, encore vif et frais, coulait sans s'arrêter et se mélangeait à l'eau et la boue du sol. Un arc brisée en deux gisait juste à coté et semblait avoir appartenu au défunt. Le carquois, encore présent sur le corps, était vide. Juste en dessous, toutes les flèches étaient fichées de manière éparses et irrégulières dans le sol. Le pauvre n'avait même pas eu le temps d'en décocher une avant se faire éventrer et pendre. Une énorme trace, ronde présentant quelques griffes, partait en direction d'une colline, assez imposante pour être visible, à environ 100 mètres de la. La trace était très fraiche, et Amboise le sut d'un simple coup d'œil.
"Quand l'on jette une grosse pierre dans un ruisseau, la vase se mélange à l'eau et met plusieurs minutes avant de disparaitre... Une fois disparue, l'eau est claire de nouveau. Mais il faut un certain temps avant que la vase ne retapisse le fond...." pensa-elle
Conformément à ses pensées, la flaque semblait en effet contenir un nuage imposant de vase et de terre, comme si l'ensemble avait été retourné très récemment d'un passage de patte.
"Peste ! Une bestiole probablement énorme est toute proche et je ne sais même pas à quoi j'ai affaire !" hurla de désespoir Amboise.
Elle avait parfaitement raison. Attiré par l'odeur et les cris de notre humaine, une monstruosité, toute noire, sortait furtivement de derrière la colline. Par précaution, Amboise mit la main sur son épée, et dégaina. D'un coup de pouce, elle déclencha les flammes de son épée et se mit en position de défense. Le monstre se savait repéré et se mit à accélérer. Au bruit, Amboise vite volte-face et pu enfin voir à quoi elle avait affaire. C'était une Migradaelia, une femme qui une fois maudite, se change en une sorte d'arachnide géante de deux ou trois mètres de haut. Ses pattes, au nombre de huit, possèdent toutes des crochets puissant afin de s'agripper à tout types de parois. Cela expliquait logiquement les traces aperçues quelques secondes auparavant par Amboise. Sur le corps de l'arachnide, seul persistait le visage de la maudite, comme fondu et étendu sur l'arrière du corps du monstre en une expression théâtrale. Les crochets du monstre, suintaient de venin violet et de sang frais. Amboise, eu un énorme frisson dans le dos. La bête sauta violemment, crochets en avant, parés à frapper. Notre héroïne esquiva mécaniquement en levant sa lame en haut de sa tête, mouvement qu'elle avait répété et répété des centaines de fois, coupant ainsi une des monstrueuses pédipalpes de la Migradaelia qui essayait de l'atteindre. Le reste de pédipalpe s'embrasa et le monstre hurla de douleur. Ses cris semblait venir du fond fin de l'enfer. Afin d'éteindre le feu qui commençait à la gagner, l'araignée éclata ses huit pattes en rythme dans l'eau recouvrant le sol pour s'en recouvrir. Amboise finit légèrement aveuglée par la manœuvre, mais se reprit vite en main.
"Je peux le faire !" hurla elle.
Elle commença à tournoyer, visant la seconde pédipalpe. Ses pas étaient vifs, rapides, calculés et parfaits. Amboise étaient presque professionnelle dans ses mouvements. Elle leva sa lame enflammée, prête à frapper mais fut stoppée net. Un jet de soie l'atteignit en plein visage et la Migradaelia en profita pour se jeter sur elle. Elle tenta de reculer, trop tard. Un crochet lui lécha le bras gauche et les deux pattes avant du monstre se trouvaient déjà derrière elle. Piégée et désespérée, elle mit son épée à l'horizontale et tourna sur elle même afin de couvrir une large zone. Le monstre fut surpris par cette attaque, si bien qu'il n'eut pas le temps de complètement se retirer. Ses pattes avant furent tranchées en leur extrémités, le reste prenant instantanément feu. La bestiole hurla de nouveau et prit la fuite. Amboise, bien que blessée, n'abandonna pas le combat et poursuivit la maudite. Mais avec huit pattes, on va beaucoup plus vite qu'avec deux. Mais pas besoin de vitesse, car Amboise savait très exactement ou le monstre allait se réfugier. Après une poursuite assez rapide, elle débarqua derrière la colline, regarda vers le bas et tomba nez à nez avec un spectacle sublime.
Des cadavres étaient pendus de tout les côtés dans une sorte de renfoncement entouré d'arbres et de végétation haute. De la soie semblait former une sorte de nid. Si certains cadavres étaient secs et pendus par les tripes, d'autres étaient parfaitement conservés dans de la soie attendant un festin prochain. En fait, les Migradaelias sont une espèce de monstre connus pour leur sauvagerie morbide. Elles aiment tout particulièrement jouer lentement avec leurs victimes en les pendants à une branche pour les vider de leur sang et ainsi dévorer le cadavre, tout sec. Si la Migradaelia n'a pas faim, elle les gardes vivant en les piégeant dan un cocon de soie. Le monstre hurla. Amboise sauta, épée vers le bas. Le coup fit mouche. La sublime arme d'Amboise s'enfonça au milieu des huit yeux de la maudite. Elle sourit et s'esclaffa, avant de sentir une douleur au tibia droit. L'animal avait eu juste le temps de lever la tête et un crochet s'était enfoncé et était ressortit de sa jambe dans la chute. Le coup avait touché juste avant la cheville.
"Fait chier !" pesta-elle.
Le monstre hurla et remua de plus belle, tellement, qu'Amboise s'envola sous la puissance des tremblements de la bête. Son sang coulait beaucoup, elle était épuisée et très probablement empoisonnée. Pour ne rien arranger, son arme était resté fichée dans la Migradaelia. Les hurlements monstrueux de la créature ne cessaient guère, elle commençait à s'approcher. Heureusement pour Amboise, le feu avait commencer à consumer l'animal, tellement qu'elle s'arrêta et ne l'attaqua même plus. Amboise recula un peu et s'assit, se satisfaisant dans un léger sourire du spectacle. Le monstre s'agitait dans tout les sens, essayait tant bien que mal d'éteindre les flammes vertes de l'arme d'Amboise par tout les moyens. Mais, après quelques secondes, les hurlements s'arrêtèrent. La bête était enfin morte. Quand le feu en vint au vestige du visage de la maudite, le corps se désintégra en une explosion de milliards de petits vers blanc grouillants partout. Amboise en reçu au visage, elle hurla, cracha tout en s'en débarrassant. Son épée, tomba avec un grand clac dans les vers. Elle couru la récupérer et se retrouva nez à nez avec une jeune femme, nue à moitié recouvert de boue et de ces satanés vers. Sur son front, une marque, nette et droite. Elle avait des bleus partout sur le corps. La jeune femme n'avait pas beaucoup de poitrine, mais était très belle. Ses cheveux roux étaient flamboyant bien que maculés de sang, de boue et de vers. Amboise se décida à la secouer pour la tirer de la.
"Réveille toi ! Réveille toi !" gueula-elle à plusieurs reprises.
La douleur et le poison devait faire effet, puisque cette effort demanda des forces immenses à notre héroïne. Sa vue se brouilla. Elle se releva avec faiblesse, rengaina son épée et remonta le renfoncement pour s'asseoir au pied d'un des arbres afin de se mettre en lieu sur. Alors qu'elle y arrivait presque, Amboise s'évanouit en un râle et s'écroula sur le sol.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 14, 2020 ⏰

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