Je n'arrivais toujours pas à y croire. Certes, c'était prévu il y a déjà quelques mois, mais j'ai préféré ne pas vraiment y penser ; On allait déménager. Mais on n'allait pas juste changer de quartier, on allait changer de ville ! Donc adieu au lycée auquel je venais juste de m'habituer, et adieu à tous les amis que je venais enfin de me faire. Mes parents avaient déboulé dans ma chambre m'annonçant cette nouvelle, magnifique pour eux, horrible pour moi. En croyant me mettre le sourire aux lèvres, ils venaient juste de détruire en un instant la vie que j'avais réussie à me construire. Bref, je n'avais pas mon mot à dire, comme d'habitude. Après tous, à l'enfance, on est juste une sorte de toile subissant des évènements qui enchainent à tour de rôles et qui change notre situation. Et on ne peut rien faire. Le jour suivant à celui de l'annonce, on avait déjà préparé tous les cartons et on est monté dans un camion de transporteur pour aller à notre nouvelle maison (où, accessoirement, attendait la nouvelle voiture de mon père). On ne m'avait guère laissé le temps de passer quelques « derniers moments » avec mes amis. Quelques heures plus tard, on était arrivés. Ma mère était sur le point de s'assoupir, mais elle tenait bon. Personnellement, je n'arrivais toujours pas à me décider ; d'un côté, j'étais absolument inquiète et je dois avouer, j'avais tout simplement peur, peur de ne pas réussir à m'intégrer dans mon nouveau lycée, surtout qu'on était au milieu de l'année scolaire. D'un autre côté, j'essayais de me rassurer par tous les moyens, me disant que je n'avais absolument rien à craindre, qu'à un moment ou un autre j'allais réussir à m'habituer à ce nouvel endroit et à me faire de nouveaux amis. On est rentrés dans notre toute nouvelle maison, et, sincèrement, elle était mille fois plus jolie et grande que l'ancienne. Elle sentait le doux parfum de la peinture fraiche que j'adorais tant et une belle porte-fenêtre dans le salon menait directement dans un petit jardin. Elle était incontestablement meilleure que l'autre maison. Et pourtant, malgré tout ça, je ne me sentais pas à l'aise. Comme si j'étais chez un étranger. Les déménageurs ont commencé à tout mettre en place, avec ma mère qui leur donnait toutes les minutes des instructions et leur indiquait des endroits bien précis. Enfin la totalité des meubles mis à leurs places, elle entreprit de déballer le contenu fragile de certains cartons alors que mon père ronflait sur le canapé (tu parles de « L'homme de la maison ») La voyant si fatiguée, je n'ai pu m'empêcher de lui proposer un coup de main, qu'elle a bien sûr accepté, en me remerciant. Des heures de rangements plus tard, j'étais certes en sueur (ce que je déteste énormément) mais j'avais enfin l'impression de faire quelque chose au lieu d'être qu'un simple spectateur. Après m'avoir gratifié d'un sourire reconnaissant, ma mère est partie faire la sieste comme à son habitude. D'habitude, quand tout le monde dort dans la maison, je commence à lire un livre ou alors je tourne comme une débile partout dans la maison. Mais cette fois, je voulais impérativement rester le moins de temps à ce nouvel endroit, donc j'ai pris le double des clés et je suis sortie. J'ai commencé à mémoriser tous les chemins par lesquels je passais, me faisant comme une carte dans mon cerveau. C'est un tic que j'avais depuis mes 10 ans environ. J'aimais bien connaitre tous les chemins possibles menant à un endroit précis, sans aucune raison précise. Je suppose que j'aimais bien connaitre des choses que la plupart des gens ne connaissaient pas. Bref, en rentrant d'une longue balade, ma mère était en train de cuisiner. C'était devenu la nouvelle routine : on se réveille, on mange, on range des affaires, mes parents s'endorment, je sors etc... Quelques jours plus tard, ma mère m'a annoncé avec un grand sourire aux lèvres qu'elle m'avait inscrite dans un lycée avec des dortoirs et des chambres doubles ! En soit, ça m'arrangeait assez bien, puisque je détestais rester dans la maison, mais, intérieurement j'étais paniqué de devoir dormir avec une inconnue dans la même chambre. J'ai essayé de montrer que j'étais contente, je ne voulais pas que mes parents croient qu'ils ont pris la mauvais décision. Bon après tout, qu'est ce qui pourrait arriver de mal ? À l'après-midi du jour J, je montai dans la voiture de mon père qui m'emmena au collège. Après un trajet étrangement silencieux, on était enfin arrivés. En entrant dans la chambre 273, il se tourna vers moi avec son fameux sourire qui s'étendait jusqu'au bout de ses oreilles :
_ C'est bien sympa, dis donc ! commenta-t-il après avoir étudié dans les moindres détails l'endroit et déposé sur le lit mes affaires
_Absolument pas, répondis-je d'un ton plus sec que ce que je voulais. On dirait une chambre d'hôpital en plus exigu.
Il fit mine de ne pas m'avoir entendu et s'approcha de la fenêtre :
_Tu as une super vue sur le campus, d'ici.
_bien sûr, grommelais-je avec ironie. J'ai une vue imprenable sur un parking.
Mon père se rapprocha de moi et passa un bras autour de mes épaules.
_Tout va bien se passer.
_je sais.
Je me risquai alors à soutenir son regard. Il avait l'air las et nerveux, mais il faisait son possible pour tenir le coup.
_Tu vas t'en tirer, Lena, me rassura-t-il en posant une main un peu agitée sur les miennes. Et nous aussi. Ne t'inquiète pas
Puis me déposant un baiser sur le front, il me rappela :
_N'oublie pas de nous appeler toutes les semaines ! Je t'aime, ma puce.
_ Oui oui. Moi aussi, papa !
Et il partit. Maintenant que j'étais toute seule, je n'arrivais absolument pas à me mettre en tête qu'il fallait avancer. Je décidai alors de mettre de l'ordre dans ma chambre (enfin, celle que je partagerais avec une autre fille , que je n'avais toujours pas vu) .Et bizarrement , déballer mes affaires – habiller de draps propres le matelas nu, puis ranger, sur les étagères qui surplombaient mon nouveau bureau , mes bouquins de cours et mes livres – me fit le plus grand bien. Puis, je fis une bonne douche dans la cabine trop exiguë dont j'avais malheureusement hérité. Après m'être proprement habillée, je suis revenue dans la pièce centrale et j'ai vu qu'il y avait deux personnes qui discutaient. L'une était une fille (ma coloc je suppose) qui vidait son cartable et l'autre un garçon qui souriait à pleins dents (son petit ami peut être). Le garçon tout-sourires bondit vers moi :
_Oh c'est toi la nouvelle ?! Laura, c'est bien ça ? m'interrogea-t-il avec enthousiasme, la main tendue vers moi.
_Lena, corrigeai-je, l'estomac taquiné par la panique
_eh, Maelle ! lança-t-il à la fille qui faisait mine de ne pas m'avoir remarquée, Regarde ! Ta coloc est enfin arrivée !
_j'avais vu, grogna-t-elle.
Elle m'adressa un regard détaché par-dessus l'épaule. J'en profitai pour l'examiner ; elle avait des cheveux auburn satinés, et une cigarette étreinte pendait à ses lèvres (ce qui était normalement interdit).
_Maelle, Lena. Lena, Maelle, annonça le garçon.
_Lena, répéta la fille.
Maelle m'adressa un hochement de tête presque imperceptible. Puis, le garçon déclara :
_Je crois qu'on va filer prendre un burger, nous. Ça te dit ? Tu connais take five ? Tu y es déjà allé ?
Un vrai moulin à paroles. Je pris la peine pour la première fois de l'examiner ; Grand et mince, il avait une peau un peu mate, et ses cheveux d'un gris très sombre qui fuyaient dans tous les sens donnaient l'impression qu'il venait juste de retirer un bonnet.
Maelle se tourna vers son comparse.
_On y va ?
Il se tourna à son tour vers moi.
_Tu viens ?
Je fis « non » de la tête. Sitôt la porte refermée, je m'allongeai sur mon lit et soupirai. J'avais besoin de respirer un peu, d'épousseter l'anxiété qui s'était déposée dans mon esprit. Je pris alors un livre que je commençai à dévorer avidement. Plongée dans mon univers, je n'ai pas vu les heures passer, jusqu'à ce qu'une énorme fatigue m'envahit. Je n'avais pas spécialement envie de dormir maintenant, mais il le fallait pour que je puisse être en forme demain, pour Mon premier jour, puisque tous les autres avaient déjà commencé les cours avant moi. Après m'être changée, je me glissai doucement dans mon lit et sombrai immédiatement dans le sommeil.
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Keep it up
Non-FictionC'est l'histoire d'une jeune fille de 16 ans nommée Lena qui a dû malheureusement quitter sa maison et son quartier pour déménager dans une nouvelle ville. Contrainte de dormir dans les dortoirs de son lycée, elle tente de s'habituer à sa nouvelle v...