Voilà dix minutes que les mangemorts étaient agenouillés dans la salle, tête baissée tandis que Nagini naviguait tranquillement dans la salle, passant entre eux, frôlant leurs pieds. Lorsque Bellatrix avait informé son maître de la bonne nouvelle, aucune joie n'avait envahi ses traits disgracieux... au contraire. Son regard rougeâtre avait plongé froidement dans les perles argentées et effrayées du jeune Malfoy, violant sa mémoire, blessant son esprit avant d'arrêter la legitimencie, laissant Draco s'effondrer au sol telle une poupée désarticulée. Depuis ce moment-là, personne n'avait bougé, ni les mangemorts, ni l'héritier des Malfoy qui était toujours inconscient, par terre.
- Réveillez-le, s'exclama finalement le Seigneur des Ténèbres.
Hochant la tête, Bellatrix sortit sa baguette avec grâce et murmura d'une voix presque tendre « endoloris ». Le sortilège ne dura pas longtemps. Cependant, vu les épreuves qu'il avait déjà enduré ses dernières heures, cela suffit à faire apparaître des larmes qui commencèrent à dévaler ses joues sous le regard dégoûté du mage noir.
- Quel pitoyable spectacle, siffla-t-il. Un Malfoy qui pleure, en voilà une espèce rare.
La mâchoire contractée, Lucius refusait d'observer son enfant. Mais celui-ci n'avait pas besoin de croiser son regard pour savoir qu'il était déçu de lui.
Suite à son échec au Ministère, Draco savait que son père espérait que son héritier légitime redorait leur blason. Mais le Serpentard n'était qu'un lâche, qu'un dégonflé. Tout ce qu'il avait fait, c'était trembler, pleurer alors qu'il aurait dû tenir fermement sa baguette pointée vers Dumbledore en disant d'une voix claire « Avada Kedavra ». Mais au lieu de ça, il avait osé pleurer... il avait osé pleurer devant le vieux fou, devant les mangemorts et maintenant devant leur Maître. Et aux yeux de son paternel, c'était sans doute pire que le résultat de sa mission. Même sa mère qui lui répétait à longueur de journée à quel point il était un bon garçon avait baissé la tête, elle, l'ancienne Black qui ne l'avait jamais fait, même pas lorsque Lucius se laissait... « emporter ».
- J'ai laissé de nombreuses chances à la famille Malfoy pour me prouver sa loyauté, critiqua Tom, son regard froid braqué sur son ancien bras droit. Mais il semblerait que ton fils soit encore pire que toi... Peut-être que votre deuxième enfant sera plus digne. Du moins, espérons-le pour vous.
Redressant brusquement la tête vers son Seigneur, Narcissa écarquilla les yeux pendant quelques secondes avant de déglutir et d'afficher une expression polie tandis que Lucius abaissait la tête, comprenant sa future « tâche ».
- Quant à toi, cingla-t-il, je ne te veux plus dans mes pâtes, tu ne me fais que perdre mon temps... Fenrir ?
Sortant des ombres de la salle, un homme apparut, haut de deux mètres, le corps développé et le regard mordoré fixé sur son « travail ».
- Tu sais ce qui te reste à faire. Alors fais-le, ordonna Voldemort, croisant les jambes dans le but évident de profiter du spectacle. Quant à vous, mes très chers mangemorts, admirez... admirez ce qui arrive à ceux qui testent ma patience, à ceux qui ne cessent de me décevoir.
Severus redressa la tête, ses barrières d'occlumentie renforcées, et il eut à peine le temps de comprendre ce qu'il arrivait que les crocs de Greyback étaient déjà profondément enfoncés dans la gorge de Draco qui se mit à hurler, à supplier, à pleurer... Comme à chaque séance de torture, l'espion fixa un endroit non loin de son filleul pour faire croire à son « Maître » qu'il regardait tandis que son environnement disparaissait, laissant la place à une grande prairie où se dressait un arbre tout aussi grand. Au pied de celui-ci, se trouvait normalement sa très chère Lily, sa meilleure amie. Mais aujourd'hui, ses défenses ne faisaient qu'apparaître pour aussitôt disparaître à la suite d'un cri de Draco. Malgré ses efforts, malgré son expérience, il ne parvenait pas à se protéger car ce n'était pas la voix d'une quelconque victime... non... c'était la voix d'un enfant qu'il avait pris dans ses bras le jour de sa naissance, c'était la voix du garçon de cinq ans à qu'il avait offert son premier kit de potion, c'était la voix du filleul à qu'il avait lu des histoires le soir. Ses rires résonnaient dans son esprit avant d'être recouverts par ses pleurs, ses cris, ses supplications. Pendant quelques secondes, des larmes faillirent envahir son regard, mais il se rappela où il était et elles disparurent aussitôt, cachées derrière ses faibles barrières.

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Les Trois Blessés
FanfictionSeverus Snape pensait avoir sauvé son filleul tout en s'assurant une place importante dans le cercle de Lord Voldemort en tuant Dumbledore à sa place. Mais ce n'était pas le cas car les ordres avaient été strictes : Draco devait tuer Albus, pas Snap...