Prologue

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[ Crave - for KINGS AND COUNTRY ]

Moscou, Russie
Avril 2014

Parfois j'ai l'impression de sombrer. C'est violent parce que rien ne peut arrêter ma chute.

Dans mes rêves, ça commence toujours par le même scénario. Je suis dans une chambre princière me rappelant les origines de ma famille; elle est grande et plongée dans le noir, mais je suis maintenue contre le matelas, et je ne peux pas bouger. Il y a cette silhouette qui m'empêche de me redresser quand je prends conscience que je ne peux plus respirer. Alors j'essaie de hurler. J'ai mal. Mais personne ne m'entend, parce que personne ne se soucie vraiment de ma douleur.

JE HURLE PLUS FORT.

je hurle pour qu'on vienne me sauver

je hurle pour qu'on vienne me sauver

je hurle pour qu'on vienne me sauver

Mais il n'y a a personne pour entendre cette voix.

Alors elle finit par se briser.

Et je finis par arrêter de me battre.

Alors j'arrête de hurler.

De toute façon, personne n'a jamais réussi à m'écouter.

Personne ne m'a jamais entendu.

Je hurle à nouveau, mais à nouveau rien ne sort. Je ne veux pas y retourner. Je ne veux pas revivre cette douleur.

Ces rêves, je les fais souvent depuis que je suis enfant. Je n'ai pas encore réussi à comprendre comment je dois m'y prendre pour arriver à les contrer.

Cette nuit, quand je me réveille, il fait encore nuit. Je me sens mal. Je vais boire de l'eau et je vais me recoucher en faisant le moins de bruit possible. Mon père n'apprécie pas lorsque je fais trop de bruit à trois heures du matin.

Il m'appelle printzessa. Je suis sa princesse. Il a toujours veillé à ce que je ne manque de rien, et s'assure de combler un certain vide que ma mère laisse quand elle n'est pas là. Mais parfois, papa peut s'énerver. Alors c'est la chute. Quand il me gifle, ça me brise le coeur. Mais c'est mon père, alors je garde la tête haute et j'essaie de me rattraper le jour suivant. J'aime faire plaisir aux gens. J'aime m'habiller en rose, pour donner des couleurs douces à ma vie qui ne l'est pas.

Je me glisse dans mon lit. Et comme je sais que je ne vais pas réussir à me rendormir, je prends mon téléphone et constate qu'on m'a envoyé un message. C'est Alexander.

Aussitôt, ma gorge s'assèche. Mes doigts tremblent et mes yeux se voilent. J'ouvre son message.

« Otvechay, suka ! »

Mon coeur bat la chamade parce que je sais de quoi il est capable. C'était le fils de l'un des associés de mon père. Il est riche, mon père l'aime bien parce que c'est un conservateur et qu'il va reprendre les rênes d'une entreprise encrée à Moscou depuis des années. Mon père l'aime bien parce qu'il se voit en Alexander. Il a fait l'armée durant deux ans après le lycée. Moi j'étais restée étudier ici. J'avais commencé des études que ma famille approuverait. Science politique et relations internationales.

J'ai connu Alexander quand j'avais quatre ans.

A six ans, il disait à tout le monde que j'étais avec lui.

A dix ans, il me faisait des bisous sur la bouche et me tirait les cheveux quand je refusais de lui parler. Je boudais et je ne voyais pas vraiment que ce n'était pas approprié, même à cet âge, d'accepter de me faire tirer les cheveux.

BONUS | LES ALKA-VAYN DU POINT DE VUE DE NATALIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant