Lui

2 0 0
                                    

Je marchais en compagnie d'Alice, nos mains liés.
Elle me parlait avec entrain, ses beaux cheveux blonds bougeant au grès du vent.

C'était si simple d'être avec elle.
Nous nous arrêtâmes pour prendre une glace et je jetai un regard rapide à la petite télévision de la boutique.
J'avais toujours trouvé étrange que ce glacier est une télévisions dans sa boutique. 

Les infos, une femme s'était suicidée.
Voir cette annonce me tordit le ventre.

Puis,

Le nom de la victime fut énoncé.

Et mon corps se figea, mes sens se coupèrent.

Je n'entendais plus rien, je ne voyais plus rien, je ne sentais plus rien.

Elle était morte.

Les souvenirs affluaient dans mon esprits, ils me bouleversaient, me rendaient fou.

Je sentis deux mains me secouer violemment.

L'espace d'un instant je vis Alice me fixer d'un air inquiet avant que le noir ne revienne à nouveau.

Cela sonnait maintenant  comme une évidence pour moi, jamais je ne pourrai accepter de l'avoir perdu, jamais je ne pourrais aimer comme je l'avais fait pour elle.

Et pourtant un sentiment de satisfaction amère, malsaine me prit.

Elle avait pris une vie, alors elle donnait la sienne en échange de cet acte irréparable.

Tout ces souvenirs étaient encore flou dans ma tête, j'avais enfoncé cela si loin en moi.

C'était stupide.
A l'époque j'étais tombé amoureux, le temps d'un été.

Et elle en avait été détruite. Détruite jusqu'à la mort.

" Je n'ai pas fait exprès... Putain je te jure ! Je n'ai pas voulu..." m'avait-elle dit en pleurant.

Une dispute entre elle et cette fille.
Une bousculade.

Fenêtre ouverte, corps qui tombe, yeux effarés.

Homicide involontaire.

On était jeunes, on était perdus, on ne comprenait rien.

On savait juste que notre amie avait accidentellement tué quelqu'un.

Mon bel loup de forêt, ma belle imprenable.
Je l'aimais tellement.

Evi et Mathieu avaient fuis.
Mais j'avais fait pire.

Alors qu'elle était au plus bas, traumatisé par les événements.

Je lui avait hurlé dessus. La traitant de tous les noms.

C'était la fille que j'aimais et ça me faisait terriblement peur d'aimer une "meurtrière";

Alors je l'avais détesté.


Une vie de prise, une vie de donnée.

On avait beau s'aimer, certaines choses ne se surmontaient pas.

Sans le vouloir, le regard que posait les autres sur elle m'avait fait changer moi-même. Je ne la  voyais plus pareil. Je n'y arrivais plus.

C'était devenu une vieille connaissance à fuir.




Je revins brusquement sur Terre et offrit un sourire étincelant à Alice.

" Chéri ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?"

Je l'embrassai à pleine bouche.

" Je t'aime."

Alice ria sans comprendre.



Elle était morte.

Et de la pire des façons moi, Evi et Mathieu étions libéré d'un poids.

Elle ne pourrait plus nous blâmer de l'avoir abandonnée.

Elle était morte.


Et je savais qu'à cet instant ce n'était plus elle l'étrangère, ce n'était plus elle la meurtrière.

C'était nous, c'était moi.



FIN









Ils étaient 4, ils étaient étincelles.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant