La chaleur de quelqu'un

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Pour le concours de Lisathelmar

Tu attendais tous les jours ton bus sous la pluie, cette pluie qui glaçait tes os et te faisais claquer des dents. Les autres autour de toi n'en menaient pas large non plus, tu les voyais grelotter sous leur doudoune pourtant chaude.
Oh... comme tu aurais aimé être réchauffée, par un radiateur, une cheminée ou même... la chaleur de quelqu'un. Ne disait-on pas de certaines personnes qu'elles étaient reconnues pour être des bouillottes ? Restait à trouver la bonne personne.

Dans ce monde gris et froid, tu te mis à chercher la personne qui par sa chaleur, irradirait les alentours, celle qui pourrait te réchauffer, toi qui étais gelée. Toi qui voulais juste sentir de la chaleur dans ton corps, et pourquoi pas transpirer, nager dans ta sueur, qu'importe ! Tant que tu pouvais avoir la chaleur de quelqu'un pour te tenir chaud.

Mais tu avais beau écumer la ville, tu ne trouvais pas cette personne rêvée. Tu avais beau demander, personne ne savait quoi te répondre puisque personne ne savait ce que signifiait les mots chaud, chaleur, ou même soleil. Certains te prenaient même pour une folle et cherchaient à t'éviter. Et tu ne comprenais pas, étais-tu donc la seule à vouloir connaître la chaleur ? À ne plus vouloir avoir le bout de tes doigts frigorifié ? À juste vouloir vivre sans quinze épaisseurs de pulls et de gilets ? Étais-tu donc la seule ? On dirait bien.

Tu désespérais. Chaque matin à l'arrêt de bus, tu avais un peu plus froid. Et ce n'était plus la pluie à présent, mais la neige qui faisait rage. Tant de neige d'un blanc immaculé qui, à présent parsemait tes vêtements et tes cheveux. La morte saison venait de commencer. C'était à cette saison souvent, que l'on voyait la reine, la mère de tous apparaître. À ce moment-là, il était de mise de s'interrompre dans ses activités pour la regarder s'élever et commencer à parler, de sa voix mélodieuse, angélique, trop, trop angélique d'ailleurs pour être parfaite. Tu t'arrêtais alors toi aussi dans ta quête pour l'écouter parler, et tu n'attendais qu'une seule chose : qu'elle se taise pour que tu puisses continuer à chercher la chaleur de quelqu'un.
Et quand tu ne l'entendais plus enfin, tu reprenais ta course effrénée à travers la ville, à la recherche de ton vœu, de ton désir.

Malgré tous les obstacles qui s'opposaient à toi, malgré ces jugements, tes échecs cuisants... tu n'abandonnais pas. Et il te pris la curiosité de sortir de cette ville pour voir si ailleurs, tu trouverais ton bonheur. Tu cherchas alors une porte, une porte pour sortir d'ici. Tu écumas toutes les rues, longeas le grand mur qui te séparait de l'extérieur en quête d'une ouverture, d'une brèche, quelque chose, n'importe quoi qui puisse te faire quitter cet endroit.

Et puis... alors que tu marchais le long d'une quelconque rue pour la centième fois, tu entendis une voix appeler. Tu te retournas et allas jusqu'au son. Tu vis alors, une personne en tee-shirt à manches courtes et en bermuda derrière une porte transparente qui était miraculeusement apparue sur le mur. Comme cette personne avait l'air d'avoir chaud... avec sa peau toutr bronzée, et non pas bleutée comme la tienne, ses joues roses, sa voix tout aussi chaleureuse que son apparence... comme tu voulais la rejoindre, pour lui prendre un peu de sa chaleur...

Alors, tu t'élanças vers ce cadeau, tu courus aussi vite que tes jambes engourdies te le permettait, tu y était presque...

Mais une main attrapa ton bras. En te retournant, tu vis que c'était la reine, la mère de tous. De tous, vraiment ? Même de cette personne de l'autre côté de la porte ?
Quoiqu'il en soit, elle fit disparaître la porte en un claquement de doigt, la personne inconnue aussi, avant de te regarder droit dans les yeux. Elle avait l'air en colère. Ses yeux bleu glacé étaient presque devenus noirs. Ses cheveux de neige s'étaient hérissés. Sans lâcher ton bras, elle t'expliqua oh combien c'était dangereux, que tu étais une faille, une erreur, et qu'elle allait remédier à cela. Alors, son regard s'adoucit et elle t'embrassa sur le front.

Aussitôt, tu retournas dans cette ville froide, d'un pas presque mécanique. Oubliés, ces rêves de soleil, disparue, cette envie de chaleur.

Car au royaume de la Reine des neiges, tout était froid, froid jusqu'aux tréfonds du cœur, la chaleur de quelqu'un étant immédiatement dissipée par un baiser glacé.

La chaleur de quelqu'un Où les histoires vivent. Découvrez maintenant