Sortiarius ~ Tome 1 [Publié chez Nisha Et Caetera]

Prologue

-Ainsi, comme vous le voyez sur cette gravure du XVIème siècle, les loups garous et autres lycanthropes sont toujours présents dans les légendes et restent craints durant de nombreuses années.

Sur ces mots, le professeur éteint le rétroprojecteur et rallume les lumières du grand amphi à moitié vide.

-La semaine prochaine je finirais la partie sur les lycanthropes et j'enchaînerai sur les mythes des sirènes. D'ici là, portez-vous bien !

Comme toujours, ce cours m'a passionnée. Cela ne fait qu'un mois que la rentrée a eu lieu et pourtant je suis déjà accro à l'UE "mythes et légendes". Et ça, c'est un miracle ! Parce que je suis plutôt du genre à sécher les cours dès que l'occasion se présente.
Lorsque je sors de la fac, il fait déjà nuit et mon tram vient de me filer sous le nez. Heureusement pour moi, il ne pleut pas, du moins, il ne pleut pas encore. J'hésite entre rentrer à pied ou attendre le prochain tram, après tout, je ne mets que 15min pour rentrer chez moi, mais d'un autre côté, il est déjà 19h30, j'ai faim et ma mère n'apprécierait pas de savoir que je suis rentrée à pied par les petites rues. Je décide donc d'attendre à l'arrêt de la ligne B. 3min plus tard, je me faufile au milieu des gens pour rentrer dans le wagon.
J'hésite à mettre mes écouteurs et écouter ma musique à fond, ou bien continuer à écouter le monde autour de moi. Ma vie a toujours été faite de grandes hésitations de ce genre, maman dit que j'ai le cul entre deux chaises. Et elle n'a pas tort !
Finalement, je passe le trajet à regarder les gens, les oreilles libres. Quand le tram s'arrête à mon arrêt, je suis la seule à descendre. Je marche encore sur quelques mètres et j'arrive devant chez moi. Les lumières de l'appartement brillent dans la nuit : ma mère est donc rentrée du travail.
Je passe par la petite passerelle qui sépare la rue du hall d'entrée, passe mon badge, puis file dans l'ascenseur : 5 étages à monter, c'est trop pour moi aujourd'hui.
Etrangement, la porte de l'appartement est fermé à clef. Ce n'est pas le genre de ma mère.

-Maman ? Je suis rentrée !

Aucune réponse. J'ôte ma petite veste kaki et l'accroche au porte-manteau.

-Maman t'es où ?

Toujours rien. J'avance donc dans le couloir jusque dans le salon.

-Maman ?!

Rien. L'appart a l'air sans vie.
Il est possible qu'elle est oubliée d'éteindre les lumières en partant ce matin. Mais c'est bizarre, elle devrait quand même être là, le mercredi, elle n'est pas de fermeture. Je suppose donc qu'elle est sortie faire quelques courses de dernières minutes au spar du coin.
Je me traine donc jusque dans la cuisine pour prendre un verre d'ice tea.
La porte est raide, comme si quelque chose la bloquait. Je pousse plus fort, elle cède. Satané porte !
Mon cœur s'accélère et j'ai envie de vomir.

-Maman ?

Ma voix n'est qu'un murmure. Mes pieds sont rouges de sang, comme le carrelage de la cuisine et le pyjama de maman.
Elle a un trou au niveau du cœur. Je pleure.

-Enfin tu es rentrée !

Je me retourne et dans l'encadrement de la porte se trouve un homme en noir, tenant un pistolet braqué sur moi.

-Je t'ai attendu toute la journée !

Il tire.
Un point me serre la poitrine. Je n'arrive plus à respirer. Ma vue se trouble. Je tombe.