1.

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Aria

— Allô ?

— Aria, m'entends-tu ?

Je lève les yeux au ciel au moment où je reconnais la voix de mon père.

— Papa, tu as dit que tu m'appellerais dès mon arrivée à l'université.

— Je le sais bien, mais tu me manques déjà.

— Cela fait vingt minutes que tu m'as laissée à l'aéroport !

J'entends son rire de l'autre côté du fil.

— Qui plus est, ce n'est pas la première fois que je pars.

— Je me souviens parfaitement de tes six mois à la Barbade.

— Et je me rappelle également que tu m'as rejointe au bout de deux semaines.

Un silence se fait entendre au bout du fil. Je m'éloigne du téléphone pour vérifier que mon père n'a pas accidentellement raccroché, lui et la technologie, c'est une histoire complexe.

— Je... c'est vrai, mais pour ma défense, tu es ma seule fille, et je m'inquiète beaucoup plus.

— Tout se passera bien, donc pas la peine de t'inquiéter.

— Mais...

— Fais-moi confiance, le coupé-je.

— Bien, une dernière chose avant que nous raccrochions.

— Quoi ?

— Si jamais quelqu'un fait une remarque sur la couleur de ta peau ou la couleur de tes yeux, envoie-lui un coup de poing en plein visage.

— Papa ! Je ne serai pas la seule personne noire à l'université, et nous sommes au XXIe siècle.

— Oui, mais les imbéciles existent toujours au XXIe siècle.

Je souris, puis je raccroche. J'adore mon père, même s'il s'inquiète peut-être un peu trop pour moi dans chaque situation. Je suis née en Martinique, une île des Caraïbes, avec sa chaleur écrasante, ses plages aux eaux turquoise, un véritable coin de paradis sur Terre. Je comprends pourquoi il s'inquiète autant. Je suis sa seule fille, entourée de quatre frères, et je n'ai jamais connu ma mère, décédée d'un cancer peu après ma naissance. Mon père me parle souvent d'elle, pensant que je ressens le vide d'une figure maternelle. Lorsque j'ai reçu ma lettre d'admission à l'université de Louisiane, mon père a versé plus de larmes que moi, appelant immédiatement toute la famille pour annoncer la nouvelle. Un papa humble et fier.

Après un vol de quatre heures et un taxi aux relents de vieilles chaussettes, j'arrive finalement à l'université. Le campus est tout aussi magnifique que sur les photos, grouillant de milliers de personnes, certaines accompagnées de leurs parents. Les bâtiments, imposants, s'étirent vers le ciel, tout comme l'étendue du campus que j'ai pu apercevoir. Ce qui est pratique avec les avancées technologiques actuelles, c'est que j'ai pu récupérer ma feuille d'affectation, indiquant que je résiderais dans le bâtiment Nord-ouest 2. Il ne me reste plus qu'à récupérer ma clé à l'accueil.

J'insère la clé dans la serrure, ouvre la porte, et tombe sur une jeune femme. Ses cheveux bouclés rappellent les miens, bien qu'ils soient blonds et fins. Elle porte un jean bleu et un chemisier blanc. Un tatouage de papillon orne son bras droit. Nos regards se croisent, et je remarque qu'elle me détaille également.

— Tu dois être ma nouvelle colocataire, je suis Sacha.

— Oui, je m'appelle Ariabella, mais tu peux m'appeler Aria.

— Original. Je dois y aller, ton lit est celui-là, dit-elle en désignant un lit près d'une fenêtre, avant de partir.

— Merci, dis-je malgré tout, sachant qu'elle ne m'a probablement pas entendue.

The (Im)Perfect PactOù les histoires vivent. Découvrez maintenant