Rien ne sera plus jamais pareil.

Chapitre 1

-S'il te plaît ne t'en va pas!

Il la regarde avec des yeux de chien battu, sa voix tremble légèrement. Il l'attrape par le poignet et l'oblige à le regarder. Une scène typique d'un film pour ados, mais après tout, c'est bien ce que c'était.

-Coupez!

Tout le monde applaudit autour de moi et le réalisateur nous annonce que nous pouvons rentrer chez nous. Pas trop tôt...

J'attrape mon sac à main et en sors un miroir de poche. Mon reflet me renvoie mon visage fatigué, une pâle copie de celui qu'on voit si souvent dans les catalogues. La tonne de maquillage dont je suis couverte n'a pas réussi à cacher mes cernes, je me demande rapidement s'ils pourront arranger ma tête au montage et suis aussitôt tirée de mes pensées par une voix familière.

-Salut, ça va?

Liam... Même après avoir passé le plus clair des trois dernières années de ma vie à jouer les amants maudits avec lui, ce type m'insupporte. Je ne répond rien et le laisse parler.

-Ça te dirait de sortir avec moi un de ces quatre ? Pas dans le sens sortir ensemble tu vois mais sortir. Loin des caméras...

-Laisse tomber tu perds ton temps.

-Tu y réfléchiras?

-Dans tes rêves peut-être.

Je me tourne vers le buffet installé pour les acteurs, prends un cupcake et sors de la pièce. Ce gars manque cruellement d'assurance en lui, et ce n'est pas moi qui vais l'aider avec ça. Je ne sais pas pourquoi je suis aussi dure avec lui, ou plutôt avec tout le monde, en règle générale.
Liam n'est pas un mauvais garçon, il est seulement arrivé la mauvaise année au mauvais moment.

Un simple croc dans le gâteau me fait regretter de l'avoir pris.
Je le lance avec un geste parfait dans la poubelle la plus proche.

Avant j'étais différente, je faisais attention aux gens autour de moi, je m'assurait toujours de ne blesser personne en disant quelque chose de travers. Mais j'ai changé. Ils m'ont changée. Certains affirment que ma célébrité m'est montée à la tête, et peut être qu'ils disent vrai, après tout. Mais cette garce égocentrique que je suis devenue ne l'avoura jamais, ni à elle-même, ni à personne d'autre.
Je déverrouille ma voiture et démarre en trombe, sans me soucier des personnes à qui j'ai bien pu couper la route. D'un geste expert je plante mes lunettes de soleil hors de prix sur ma tête et rentre chez-moi en moins de dix minutes. Enfin, si je peux appeler ce lieu chez-moi.
Quand j'arrive dans le hall de l'hôtel, l'hôtesse (dont je ne connais toujours pas le prénom) m'adresse un grand sourire, auquel je réponds par un grognement.

-Bonsoir Mademoiselle Smith, vous avez passé une bonne journée?

-Absolument pas, merci de demander.

-Si vous souhaitez m'en parler je serais là jusqu'à tard ce soir.

-Génial, après tout un seul psy n'est jamais assez.

Je ponctue ma phrase d'un rictus et monte dans l'ascenseur. Sûre que mon ton moqueur réussira à la faire me détester. J'ai conscience que mon humour laisse à désirer mais parfois les mots sortent de ma bouche avant que je n'ai eu le temps d'y penser.

Arrivée dans ma chambre, je me débarrasse rapidement de mes talons hauts noirs et retire ma robe. Je profite de ces moments dénués de la présence de paparazzis pour lâcher prise. Une longue douche chaude m'aide à me détendre et je me plonge dans mes pensées. La buée envahit la pièce en quelques instants et je suis plus seule que je ne l'ai jamais été.
Les événements de ces dernières années repassent en boucle dans ma tête et l'espace de quelques secondes je m'imagine réécrire l'histoire.

Je me rappelle clairement du jour où Liam et moi avons commencé à feindre une relation, à cette époque je pensais que faire semblant serait bien plus facile que d'aimer pour de vrai... Maintenant je sais que j'avais raison.
Si la vérité venait à sortir au grand jour, si les gens apprenaient que nous ne sommes pas réellement ensemble, que tout ça n'est que pour le buzz et la gloire, alors nos carrières seraient finies. Il ne nous resterait probablement plus rien.
Certaines personnes nous demanderaient "pourquoi" et je répondrai sûrement que c'était juste plus facile comme ça.

L'eau chaude me brûle la peau et je me décide enfin à sortir de la douche. Je prends bien plus de temps qu'il n'en faut pour me couvrir d'un peignoir. Mes longs cheveux bruns ruissellent dans mon dos et je ne fais rien pour les empêcher de tremper le carrelage.

Trois petits coups frappés à la porte d'entrée me font sursauter et je me déplace lentement pour aller l'ouvrir. J'ai assez confiance en cet hôtel pour savoir que ce ne sont sûrement pas des paparazzis (désolée les gars mais vous n'aurez pas de photo à vendre aujourd'hui).
J'ouvre d'un coup sec et reste interdite en me retrouvant nez à nez avec la secrétaire de l'accueil.