Checkmate

Enfouis dans mon coeur

La jeune fille qui venait d'entrer sur le toit lui sourit gentiment avant de s'approcher. Ses cheveux bruns aux reflets rose flottaient élégamment dans le vent et venaient cacher une partie de son visage, mais on pouvait clairement voir ses yeux turquoise qui étaient comme deux petite pierre précieuse au milieu de son visage.

- ? : aaah, je comprend pourquoi tu aime tant venir ici Haru. Ça fait du bien de prendre l'air entre les cours.

Haru resta silencieux, regardant le bout de ses chaussures tandis qu'elle s'assit à ses côtés.

- Haru : qu'est ce que tu es venue faire ici Mizuki?
- Mizuki : je suis venu voir comment tu allais, quoi d'autre! Akira m'a envoyé un message tout à l'heure, il voulait s'assurer que tu avais bien mangé ce midi
- Haru : il aurait pu me le demander directement...
- Mizuki : il avait sûrement peur que tu lui mente encore

Haru devint soudainement rouge de honte. Haru n'aimait pas cela, mais parfois il n'avait d'autre choix que de mentir à son frère pour le rassurer. Il ne voulait pas le déranger avec ses problèmes alors il préférait lui cacher la vérité. Mais maintenant qu'il savait qu'Akira lisait en lui comme dans un livre ouvert, il se sentait honteux d'avoir tenté de lui mentir.

- Haru : tu n'as qu'à lui dire que j'ai mangé... je suis passé à la supérette

Juste à ce moment, son estomac émit un grave grognement.

- Mizuki : ah vraiment?
- Haru : o-oui j'y suis passé!...M-mais je n'ai pris qu'un onigiri
- Mizuki : c'est bien ce que je me disais

Mizuki soupira avant de fouiller dans la poche de la veste en laine de son uniforme et d'en sortir un petit onigiri identique à celui qu'il avait mangé un peu plus tôt.

- Mizuki : tient mange ça, un seul c'est pas assez pour toi

Elle lui tendit le paquet qu'Haru agrippa d'une main hésitante avant de la remercier. Il le déballa, l'eau à la bouche et en prit une énorme bouchée.

- Mizuki : ça me rassure de te voir mangé...tu sais, tu ne devrais pas mentir comme ça à Akira

Haru finit sa bouchée avant de baisser la tête.

- Haru : j-je sais... mais c'est plus fort que moi. Je n'ai pas envie qu'il s'inquiète pour moi

Mizuki posa sa main sur la tête de Haru, ébouriffant ses cheveux noir de jais.

- Mizuki : tu es vraiment trop stressé toi, je te jure tu vas avoir des cheveux blancs avant d'avoir terminé le lycée...

Ils restèrent ainsi un moment, appréciant le silence paisible qui s'était installé, comme ils l'avaient toujours fait. Mizuki et lui se connaissaient depuis très longtemps, quand ils étaient enfants, ils vivaient juste à côté et jouaient très souvent ensemble, avec Akira. Mais la famille de Mizuki avait dû déménager il y a quelques années. Ils avaient toujours été assez proche et depuis l'entrée au lycée d'Haru, Mizuki était l'une des seule à qui il adressait la parole.
Haru finit de manger et froissa en boule l'emballage de l'onigiri avant de le mettre dans sa poche pour pouvoir le jeter plus tard
(Faites comme Haru et ne laissez pas traîner vos déchets! XD)

- Haru : désolé que tu ai dû venir m'apporter à manger ici...je suis tellement bête d'avoir oublier mon bento à la maison

Mizuki arrêta soudainement de frotter ses cheveux et frappa la tête de Haru qui se retourna précipitamment vers elle.

- Haru : p-pourquoi tu m'as frappé Mizuki?!
- Mizuki : parce que j'en ai assez de t'entendre te rabaisser! Pour une fois essaie d'avoir un peu d'estime. Et aussi, je veux que tu arrête de culpabiliser pour n'importe quoi
- Haru : mais-
- Mizuki : pas de mais! Ça ne te mènera nulle part de te dévaloriser comme tu le fais
- Haru : facile à dire pour toi...

Haru se remit à regarder le bout de ses souliers, évitant le regard de son amie d'enfance, Mizuki soupira une fois de plus avant de croiser les bras

- Mizuki : tu es pas croyable toi... parfois je me demande comment Akira fait pour te supporter

Dès que ces mots passèrent ses lèvres, Mizuki sut qu'elle avait fait une erreur. Elle avait voulu dire cela sur un ton humoristique, mais connaissant Haru, il l'avait très certainement prise au sérieux et culpabilisait une fois de plus de donner du fil à retorde à son frère. Haru enfouis sa tête dans le creux de ses bras qu'il avait placé sur ses genoux, se plaçant en position fœtale. Même si Haru ne voulait pas le montrer, il était assez fragile et Mizuki le savait. Elle se maudit d'avoir trop parlé une fois de plus.

- Mizuki : hum Haru c'est pas ce que je voulais dire je-

Avant qu'elle ne puisse finir sa phrase, Haru se releva, les mains dans les poches.

- Haru : la cloche va bientôt sonner, il faudrait y aller...

Mizuki se releva à son tour et ils descendirent ensemble les escaliers qui menaient au classe. Mizuki salua son ami pour se diriger vers les classes des élèves de terminale tandis que Haru marcha seul le long du couloir pour se rendre à l'aile des deuxième année. Il s'assit à son bureau et regarda par la fenêtre tandis que les différents élèves entrèrent dans la classe chacun à leur tour. Il était très reconnaissant envers Mizuki de lui avoir apporté à manger, la douleur qu'il ressentait dans son estomac avait finalement pu être apaiser, mais il se sentait toujours assez mal. Il y avait encore ce poids sur ses épaules, mais ça, il le ressentais toujours ; du moment où il se réveillait le matin jusqu'à ce qu'il s'endorme le soir. Partout où il allait et peut importe ce qu'il faisait, ce sentiment le poursuivait, l'écrasant de plus en plus jusqu'à ce qu'il craque. Cette douleur détruisait lentement son cœur et son esprit, mais il n'osait en aller à personne, c'était la seule et unique chose qu'il parvenait à cacher à son frère. Akira avait un don pour savoir quand on lui mentait, mais Haru avait toujours réussi à lui cacher ce sentiment. Cela faisait tant d'année que cette douleur habitait son cœur qu'il était devenu un excellent acteur pour la cacher.
Après que le professeur ait fait son entrée en classe, le cours commença, ramenant Haru à la réalité. L'après-midi fut longue et pénible, mais la cloche annonçant la fin des cours sonna finalement et tous se précipitèrent vers la sortie. Toutefois, au moment où Haru voulut partir, son professeur principal l'arrêta.

- Professeur : Okami-kun, je peux te voir dans le bureau des profs une seconde s'il te plait