Storm

Chapitre 1 : une bouteille à la mer

Point De Vue de Destiny :

"Allez Destiny, prends ton crayon et écrit ! Tu as 16 ans, je crois que ça fait maintenant pas mal de temps que tu as appris à former des lettres ! C'est la troisième fois que tu abandonnes ! Ne sois pas si faible et lâche, vas y !"

Je pris une profonde inspiration et posa mon la pointe de mon stylo sur le papier.

"

Destiny Faure
96 Dawn Avenue
Baker City
Oregon, USA

Cher total(e) inconnu(e),

Je m'excuse. Je m'excuse de tout, même de ce dont je ne suis pas responsable. Mais je m'excuse surtout pour cette lettre, ces mots que j'ai formé du bout de mon stylo pour essayer -en vain- de me libérer de ce sentiment de mal-être qui m'habite - depuis bien trop longtemps à mon goût ! Donc, je vous en prie, ne me jugez pas sur ma misérable existence, que je suis sur le point de raconter ...

Laissez-moi vous poser une question : connaissez vous ce sentiment d'euphorie, de bonheur total ? Celui qui vous réchauffe le coeur, le colorie de toutes les couleurs de l'arc en ciel et vous fait voir la vie en rose ? C'est comme si tous les moments désagréables, douloureux, gênants de notre vie s'étaient effacés, avaient été gommés. Vous avez un sourire niais accroché à votre figure, vous le savez, mais vous ne l'enlèveriez pour rien au monde. Il vous transporte dans des mondes lointains, à des années lumières de cetteTerre maussade et déprimante

Voilà pour moi la définition du bonheur à l'état pur, quelque chose que je n'ai pas ressenti depuis longtemps.

***

Moi aussi, j'ai été une petite fille avec des couettes, un sourire édenté, des robes immondes à carreaux et qui riait aux éclats avec ses amis. J'avais de bonnes notes à l'école et j'étais la préférée de la maîtresse. « Chouchoute ! » me taquinaient les autres, mais au fond ils m'aimaient bien. Je pensais que ma vie était parfaite et, comme la petite fille naïve que j'étais, je pensais que ça allait durer « pour toujours ». Mais j'ai appris que « toujours » n'existait pas : me voilà aujourd'hui, adolescente de 16 ans esseulée, sans amis et quasiment sans parents.

Beaucoup de choses ont changé depuis mon heureuse enfance : je pense que ça a commencé à partir en cacahuète à partir de la mort de mamie. C'était le bazar : Papa, maman et moi étions partis en vacances au bord de la mer quand l'hôpital leur a téléphoné. Je me souviens parfaitement de ce moment : Papa me jetait dans l'eau et moi je faisais plein d'éclaboussures ! Maman tenait Papa par la taille et lui a fait un bisou sur la joue. Ils souriaient. Qu'est ce qu'ils sont beaux quand ils sourient ! On a entendu le téléphone de maman sonner depuis la rive, alors elle est allée décrocher pendant que papa me coulait. Au bout d'un moment, Papa et moi sommes sortis de l'eau pour aller voir si maman allait bien. Non, Maman n'allait pas bien : elle pleurait tellement qu'elle avait du mal à respirer et elle était toute rouge. Mes parents m'avaient toujours appris que les câlins guérissaient tous les bobos, alors Papa et moi l'avons entourée de nos bras et, quand maman s'est calmée, elle a prononcé ces trois mots : « Mamie est morte ». Au début, je ne comprenais pas très bien ce que ça voulait dire, ce que ça impliquait concrètement mais je l'ai bien vu par la suite : nous avons du rentrer à la maison et prévenir tout le monde. Ils portaient tous du noir, prenaient Maman dans leur bras et disaient des mots réconfortants à Papa. Mais tous les deux gardaient un air triste sur le visage et les larmes recommençaient à couler. Je voulais les voir sourire, comme avant ! Mais rien ne serait plus jamais comme avant...

Après les funérailles, les pleurs, tout ça, c'était la rentrée. Je n'étais plus excitée comme au début de l'été, mais mes copines m'avaient manqué ! Malheureusement pour moi qui était restée une bonne partie des vacances à la maison avec mes parents ( je voulais les consoler), mes « copines », elles, en ont profité pour sortir, et ont commencé à mettre du gloss à la fraise et à rigoler avec les garçons. Quand j'ai fait ma rentrée au collège, je ne les reconnaissais plus, elles étaient comme ... métamorphosées : Britney s'était fait couper les cheveux très courts et avait des mèches blondes, Zoé avait troqué ces gilets à boutons contre des jeans et des vestes déchirés et papotait le plus naturellement du monde avec les garçons de notre classe et Jenna, que je pensais être ma meilleure amie, avait une toute nouvelle garde-robe bien plus ... vieille ! Son jean taille-haute la moulait, et son haut court rose fluo faisait ressortir son teint bronzé. On l'aurait facilement confondue avec une véritable adolescente ! Malgré ma timidité, je suis allée la voir et c'est la que mon cœur a subi sa première blessure : Après avoir fait claquer sa bulle de chewing-gum tutti-frutti, Jenna m'a regardé d'un air hautain et m'a lancé sèchement : « Qu'est ce que tu veux, toi ? » Toi ? A croire qu'elle avait oublié mon prénom ! Je... je ne sais pas à quoi je m'attendais, Jenna n'a jamais été du genre sentimentale-guimauve, mais peut-être qu'elle aurait pu me demander ce que j'avais fait pendant les vacances, me demander si j'allais bien, ...