Chapitre 11:

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MATTHIEU ADAM

   Laurie quitte l'hôpital d'un pas rapide, le visage fermé. Son frère, Alex, pousse un long soupir, partagé entre l'incompréhension et l'inquiétude.

   — LAURIE ! hurle-t-il en voulant la suivre.

   Je le retiens fermement par le bras, l'empêchant d'aller plus loin.

   — Laisse-la.

   — Pourquoi ?! s'emporte-t-il en se débattant. Qu'est-ce que tu sais et que j'ignore ? Dis-le-moi ! Pourquoi tu sembles la comprendre mieux que moi ?

   Sa voix tremble de colère, mais surtout d'impuissance.

   Je détourne le regard un instant avant de lâcher dans un soupir :

   — Hier, quand vous n'étiez pas là... je l'ai retrouvée en pleurs sur le canapé.

   Alex se fige.

   — Quoi ? souffle-t-il, comme si l'air venait de lui manquer.

   Je serre les poings, la mâchoire crispée.

   — Elle était dans le noir complet, recroquevillée sur elle-même... Elle pleurait, et elle avait des coupures sur les mains. C'est moi qui me suis occupé d'elle pendant vos absences. Alors oui, je pense avoir mon mot à dire.

   Son expression se brise. Il baisse les yeux, incapable de formuler quoi que ce soit.

   Je n'attends pas de réponse. Mon cœur bat à tout rompre en sortant à mon tour, déterminé à retrouver Laurie. Si elle a besoin de réconfort, je serai là.

   Mais à peine arrivé sur le stationnement, mon estomac se noue. Elle n'est pas là.

   — Merde ! où est-ce qu'elle est allée ?

   Je parcours les environs, l'angoisse me serrant la poitrine. Je m'arrête à plusieurs passants, leur décrivant Laurie : jeune femme, cheveux blonds, yeux bruns, peut-être bouleversée.

   Enfin, quelqu'un me répond. Ils l'ont vu.

   Un immense soulagement m'envahit. Elle ne va pas faire de bêtises. Heureusement.

   Je presse le pas et, enfin, je l'aperçois. Son dos voûté, ses épaules tremblantes.

   — Laurie...

   J'avance doucement, puis la serre contre moi sans attendre. Son corps est secoué de sanglots.

   — Il pense tout savoir... balbutie-t-elle entre deux sanglots. Que parce qu'il nous a à sa charge, il peut nous engueuler...

   Sa voix se brise.

   Je resserre mon étreinte, murmurant doucement :

   — Tu n'es pas seule, je viens la garder contre moi un instant avant de reprendre. Tu veux que je te ramène ? Ou, si tu préfères, tu peux dormir à la maison, proposé-je doucement.

   Laurie lève les yeux vers moi, hésitante.

   — Et tes parents ? demande-t-elle, perdue.

   — Encore en voyage. Je passe limite tout mon temps solo.

   Elle sèche ses larmes d'un revers de main. Puis, sans un mot, elle glisse sa main dans la mienne alors que nous nous  mettons en route. Nous marchons en silence, le bruit de nos pas résonnant dans la nuit.

   Une fois arrivé chez moi, aucune conversation ne reprend. L'atmosphère est paisible, presque irréelle.

   Je m'éclipse un instant pour lui chercher des vêtements, quelque chose de confortable pour qu'elle puisse se changer et dormir à l'aise. Lorsqu'elle sort de la salle de bain, habillée de mes affaires, une étrange sensation m'envahit. C'est troublant... mais aussi plaisant.

MY SOULMATE (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant