Aurélien fumait, accoudé à la fenêtre de sa chambre à l'étage de la maison. Il n'avait pas vu l'heure exacte, mais il devait être entre deux et trois heures du matin, au vu de l'obscurité de la rue. Il observait celle-ci, seulement éclairée par les lampadaires et les phares des voitures qui passaient parfois.
Ça faisait une semaine qu'il était là, de retour dans sa chambre d'ado, les mêmes posters sur les murs depuis quelques années, il était revenu encore une fois, comme si la vie se répétait. C'était toujours la même histoire, il trouvait une fille bien, il se mettait avec, il la trompait, mauvaise habitude qu'il avait acquis aux premières soirées, et dont il n'arrivait plus à se séparer. Ce n'est pas qu'il n'aimait pas sa copine, mais il ressentait toujours ce besoin d'aller voir ailleurs, par pure curiosité. Il essayait d'être discret, mais comme à chaque fois, sa copine finissait par découvrir la vérité. Et il rentrait chez ses parents, après avoir sonné durant des heures à la porte de son appartement, s'excusant auprès de sa copine de l'autre côté qui l'ignorait royalement, jusqu'à ce qu'il abandonne.
A force, ses parents commençaient à se poser des questions, malgré les explications en sa faveur qu'il donnait, ils étaient à cran que leur fils de trente-sept ans habitait encore chez eux, sans trouver l'amour de sa vie, pas marié, et n'offrant pas d'enfant à gâter à leur famille.
Il se tourna vers le radio-réveil posé sur la table de chevet à côté de son lit. 4h41. Son petit cendrier était rempli. Quelques heures plus tard, il irait le vider au fond d'un sac poubelle, prendrait des chewing-gum à le menthe pour que ses parents ne se doutent de rien. Malgré ses trente et quelque années, il savait que si ses parents venaient à apprendre qu'il fumait, il était mort. C'était d'ailleurs pour limiter les odeurs qu'il était à sa fenêtre, et rajoutait un peu de déo dans le vide quand même au cas-où.
Mais pour l'instant, il fumait son paquet de cigarettes, et peut-être même qu'il en fumerait un deuxième s'il avait le temps. Bordel. Il fallait vraiment qu'il ralentisse sa consommation. A ce rythme- là, il allait finit comme Renaud.
Il regardait dans la rue. A part quelques groupes de lycéens bourrés, il n'y avait pas grand monde. Ça paraissait plutôt normal, vu l'heure. Il devrait dormir. Mais il verrait plus tard, s'endormirait vers 7/8 heures pour que sa mère vienne le réveiller à midi, chose qu'il détestait pas mal.
Un homme seul passa seul dans la rue, un bonnet enfoncé sur son crâne, les mains dans les poches. C'était marrant, il ressemblait vachement à son ancien meilleur ami du lycée, Gringe, qu'il n'avait pas vu depuis au moins dix ans. Ils avaient ensemble fait les quatre cents coups, mais avaient réussi à s'éloigner puis se perdre de vue totalement avec le temps, leurs carrières respectives... Si ça se trouvait, c'était lui. Ça serait marrant.
D'un coup, il cria « Gringe ! », avant de s'insulter mentalement en pensant à ses parents, qu'il avait probablement réveillés si l'un des deux avaient un sommeil fragile voire ne dormaient pas du tout. S'il continuait à déconner devant ses parents, garder son mode de vie flingué, il allait se faire tèj. Mais heureusement pour lui, à entendre les bruits de la maison, ses vieux n'avaient rien entendus.
En plus, c'était même pas sûr que ce soit vraiment Gringe. Ça pouvait très bien être un gros psychopathe chelou, un braqueur, un dealeur, une personne normale...
L'homme en bas s'était arrêté et cherchait désormais d'où venait l'éclat de voix. Quand il eut identifié l'origine du cri, il fixa Orel, qui était toujours à sa fenêtre et dit plus bas à l'homme de l'attendre, avant de courir sans bruit le rejoindre.
C'était un peu débile ce qu'il venait de faire. Ça pouvait ne pas être Gringe mais un gars random qui s'était retourné en voyant un gars gueuler dans la rue à 5h du matin.

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Orelgringe
Fanfictionen fait Orel et Gringe sont séparés 10 ans et ils sont tous les deux dans le caca donc bon