𝐐𝐔𝐀𝐍𝐃 𝐋𝐄 𝐉𝐄𝐔 𝐃𝐄𝐕𝐈𝐄𝐍𝐓 𝐑𝐄𝐀𝐋𝐈𝐓𝐄

j u l e s

– Co... comment ça ? demande Lily, inquiète.

– Oui, tu as bien compris, répond Jules en posant une main rassurante sur son bras. Mais ça va aller.

– Comment ça, "ça va aller" ? s'indigne Zia. Plusieurs d'entre nous vont mourir !

– C'est pour ça que si tu ne veux pas que ce soit toi, tu vas devoir jouer, lui répond Matt d'un ton grave. Et gagner.

Son regard faisait peur à voir. À présent, ce n'était plus l'incrédulité ni la moquerie qui habitait ses yeux, mais la rage. La rage de vaincre, de survivre.

Je déglutis en distribuant les cartes précautionneusement. L'action se déroule sans accroc et dans le plus grand des calmes. Je prends la parole :

– Chaque nuit, une fois que vous serez tous endormis. Je vous appellerai chacun votre tour et vous vous réveillerez lorsque vous entendrez le nom du personnage que vous incarnez. Vous n'aurez qu'à suivre mes instructions. Je le répète : vous devez survivre. Bonne chance à tous.

Les visages sont livides mais concentrés.

– Est-ce que tout est clair pour tout le monde ?

Des hochements de tête répondent à ma question.

– Très bien. Maintenant, vous pouvez aller vous coucher dans vos lis respectifs.

Une fois tout le monde installé, je prononce la phrase :

– Le village s'endort.

Et leurs paupières se ferment instantanément.

– J'appelle Cupidon.

Je vois Jules battre des paupières, puis se lever. Il ne porte plus les mêmes habits qu'avant : il est uniquement vêtu d'un pantalon blanc immaculé et il porte sur son dos un carquois contenant un arc et deux flèches.

– Tu vas devoir désigner les deux amoureux, je dis lorsqu'il s'assoit à la table.

Il hoche la tête et réfléchit.

– Si tu désignes un Loup-Garou et un villageois, les deux amoureux formeront une troisième équipe. Si l'un d'entre eux meurt, l'autre mourra aussi.

Jules s'empare alors de son carquois et attrape les flèches ainsi que l'arc. Il arme celui-ci comme s'il avait fait ça toute sa vie et la première flèche vient se planter dans le dos de Lily, couchée sur le côté. Jules me regarde tristement et, d'une main tremblante, s'empare de sa nouvelle flèche. Il tire et celle-ci se plante dans l'omoplate de Nolan.

Je hausse les sourcils de stupéfaction. Tout le monde était persuadé que Cupidon désignerait Zia et Nolan. Cependant, il en a décidé autrement.
Jules repart alors dans sa couchette et je tapote l'épaule de chacun des amoureux.

– Les amoureux se réveillent.