A love Story

JOEY

-Mlle Morgan, rangez-moi ce téléphone ou je vous le confisque. 

La dîtes Mlle Morgan grimaça à l'entente de son nom. Elle releva la tête vers son professeur le regarda droit dans les yeux puis leva son indexe pour lui faire signe d'attendre.

-Hop et c'est envoyé, merci de votre patience.

La jeune fille regarda son professeur, un sourire plaqué sur le visage et un air de défi dans le regard. Le visage de l'enseignant quant à lui vira au rouge -plus vite que ce qu'elle c'était imaginée. Il lui ordonna, non lui cria d'aller chez le proviseur. Elle leva les yeux aux ciels de façon dramatique et fit une moue boudeuse. Pour autant elle ne protesta pas et rangea ses affaires puis sortit. Elle était clairement amusée par la situation, et ne voulait même pas s'en cacher.

Ce que son professeur ignorait c'est qu'elle n'irait pas voir le proviseur, non à la place elle sortirait du lycée afin de rejoindre sa meilleure amie. Et ensemble elles passeraient le reste de la journée au centre commercial.

**

Joey regarda devant elle en grimaçant. Elle se trouvait dans la cuisine et tentait tant bien que mal de faire à manger. C'était samedi aujourd'hui et elle n'avait rien à faire de sa journée. Elle avait eu la merveilleuse idée de surprendre Ary en lui cuisinant un de ses plats favoris : les lasagnes. Entre les grandes vacances et la reprise des cours, elle n'avait pas eu le temps de beaucoup se voir. Et honnêtement elle lui manquait. Terriblement.

En théorie, l'idée de préparer un repas pour sa petite amie était une bonne initiative. Seulement en pratique il s'avérait être toute autre chose. Joey regarda à nouveau la pâte de farine en face d'elle et soupira. La jeune fille avait tendance à oublier que cuisiner n'était pas son point fort. Ce n'était pourtant pas compliqué, il suffisait de suivre la recette rigoureusement. Joey sourit à cette pensée, elle n'était pas quelqu'un de très rigoureux, loin de là. Elle entreprit de malaxer à nouveau la pate lorsqu'une voix la sortit de ses pensées :

- Tu t'en sors, questionna Niya en rentrant dans la cuisine.

La lycéenne grimaça en regardant le plan de travail. De la farine, de la sauce et du persil entouraient la pâte à farine.

- Non.

- Tu veux un coup demain.

Elle s'apprêta à répondre que oui, elle aurait bien besoin d'un peu d'aide lorsqu'elle entendit le cliquetis des clés provenant de la porte d'entrée suivit de la voix de sa petit-amie :

-Je suis rentrée.

Une boule d'appréhension se créa tout de suite à l'entente de sa voix. Et si Ary n'était pas contente de la voir ? Et si elle était tellement épuisée par sa journée qu'elle ne voudrait pas la voir et la renverrait chez elle. Elle regarda Niya avec la certitude que cette dernière pouvait lire dans ses yeux toute l'angoisse qui la traversait. La jeune fille lui sourit et leva ses deux pouces en l'aire afin de l'encourager, puis s'éclipsa de la cuisine, la laissant seule avec ses pensées qui ne voulait pas se taire. Elle regarda toujours l'entrée de la cuisine lorsqu'elle vit le corps de sa petite amie se dessinait doucement sur le pas de la porte. Elle était tellement plongé dans ses pensée qu'elle sursauta lorsqu'elle entendit son prénom sortir de la bouche d'Ary. Ses angoisses s'évanouissant peu à peu. Joey pouvait lire la confusion dans son regard mais bien plus important elle pouvait y lire tout l'amour qu'elle lui portait. Alors elle se détendit totalement, car lorsque les yeux de sa petite amie se posèrent sur elle, Joey su qu'elle avait fait le bon choix.

-T'es contente ? Finit-elle par demande. Elle avait besoin de l'entendre.

-Tu rigoles ? Bien sûr que je suis contente. Tu m'as manquée Jo.

Joey sourit sincèrement tandis qu'Ary s'approcha d'elle et la prit dans ses bras. Oui, Joey pouvait sentir qu'elle avait manqué à sa petite amie.

-Tu m'as manqué, dit-elle dans son étreinte.

Après quelques secondes d'étreinte, les deux jeunes filles se détachèrent l'une de l'autre. Heureuse.

-Tu nous cuisines quoi ? Questionna la plus âgées.

Joey grimaça.

-Tu veux dire qu'est-ce que je tente désespérément de cuisiner. Je suis vraiment nulle, elle haussa les épaules découragées par son manque de talent culinaire.

Ary rit amusait par la situation.

-Ce n'est pas bien compliquer pourtant, répondit-elle en lui faisant un clin d'œil.

Joey leva les yeux aux ciels.

-J'aimerais bien t'y voir toi.

Ary l'attrapa par la taille et sourit en coin.

- De toute façon t'es douée dans d'autre chose.

Joey ne répondit pas tout de suite, pas sûr de comprendre à quoi elle faisait référence. Ary, elle, entreprit de lui parsemer son cou de millier de petit baiser. Elle pencha sa tête un peu plus sur le côté afin de lui donner plus d'accès.

- Très douée même.

Joey rigola pour cacher sa gêne. Ary la regardait maintenant droit dans les yeux, la lycéenne sourit tout en se mordant la lèvre.

- Comme quoi ? Demanda-t-elle innocemment.

Ary lui sourit de plus belle et l'embrassa fiévreusement.

**

Elle fixait la nourriture avec une profonde appréhension. Un profond dégout. Elle savait qu'elle devait manger. Et pourtant quelque chose l'empêchait de le faire. Il y avait cette voix. Cette petite voix qui lui rappelait que si elle mangeait, que si elle osait toucher à son plat alors tous ses efforts seraient vain. Elle sentit sa respiration s'accélérer et les larmes monter aux yeux. Elle avait faim. Elle voulait manger. Elle finit par prendre le plat pour le remporter dans la cuisine. Lui lança un dernier regard puis sortit de la cuisine. Elle le mangerait plus tard, oui, elle y arriverait. Elle monta dans sa chambre et s'allongea sur le lit. Elle était épuisée. Épuisée de se battre constamment contre elle-même. Elle réfléchit quelques secondes et finit par se lever pour rejoindre sa salle de bain. Ses gestes étaient presque automatiques, comme les pas d'une chorégraphie qu'on aurait répétait trop de fois. Tout ça était millimétré : ouvrir le placard à pharmacie, poussait les différents produits, extirpa la petite boîte et en sortit la lame.

Une pour le gâteau, une autre pour avoir douté, une autre pour être aussi pathétique, une autre pour ne pas tenir ses promesses. Une autre parce que, elle n'en savait rien. Elle ne savait plus. Elle resta un moment dans sa salle de bain le regard vide fixant le sang coulant de ses bras.

Vivre ou mourir. Vivre ou souffrir. Vivre.