Chapitre 18: If

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If: Tristesse, affliction

~*~

Un souvenir.
Erwin le vit surgir de nulle part, s'agitant dans sa tête, flou au départ puis de plus en plus net, jusqu'à ce qu'il se stabilise et que, limpide comme l'eau claire, il l'aspire tout entier, l'attirant irrésistiblement vers l'océan de son passé où il lui était si facile de se noyer.

Après une longue journée de travail, un homme se laissa tomber sur une chaise. Il adorait son métier, mais force était-il de constater que gérer une vingtaine d'enfants s'avérait plus ou moins épuisant. Pourtant, même si la lune brillait déjà dans le ciel et que le feu ronflait dans le cheminée, il ne semblait pas être encore temps pour lui de se reposer.

- Père...qu'y-a-t-il derrière les murs ? Tonna une petite voix.

Dans les lunettes de l'homme se reflétait l'image d'un enfant encore vêtu de culottes courtes dont les cheveux blonds plaqués en arrière. L'enfant semblait légèrement agité à cette heure tardive.
Assis en face de lui, le petit garçon le dévisageait avec aplomb. Ses yeux renvoyaient le même néant qu'une coupe vide qui ne demandait qu'à être remplie, et ils le fixaient avec une curiosité mordante.

- Malheureusement, je n'en sais pas plus que toi, répondit l'homme avec amusement. Il y a des titans, ça c'est sûr, mais...

- Père ! Vous êtes le meilleur professeur de l'Univers ! Je suis sûr que vous savez beaucoup plus de choses que ça ! Rétorqua l'enfant avec une assurance surprenante, frappant la table de ses petites mains pour se pencher vers son père.

- Eh bien...je suppose que j'en ai une petite idée...cependant...rien n'est sûr et...

- S'il vous plaît, père ! Racontez moi !

Le savoir. Il s'agissait depuis toujours de l'oxygène qui nourrissait la flamme de l'humanité. Et plus ils restaient parqués entre ces murs, plus les Hommes étouffaient. Son fils avait beau être jeune, il était aisé de voir qu'il suffoquait déjà. C'est ce qui décida l'homme à parler. L'avait-il regretté plus tard ? Au contraire, en avait-il été fier ? L'enfant ne le sut jamais.

- Bien. Pour commencer, il y a ce qu'on appelle la mer. C'est une étendue d'eau gigantesque qui regorge d'animaux étranges.

- Plus que ceux de la rivière Rina ? S'étonna l'enfant.

- Beaucoup plus, acquiesça le professeur avec un sourire en pensant aux poissons ennuyeux qui se baladaient dans la seule et unique rivière des murs.

- Et...et qu'y a-t-il d'autre ? Tonna l'enfant d'un air excité alors que son regard commençait à étinceler.

- Je suppose qu'il doit bien y avoir des...des hommes..., déclara l'homme avec prudence, quelque part.

- Alors il y a d'autres murs ?

- Je ne sais pas. Peut-être qu'ils sont libres, eux, qui sait ? Répondit le professeur d'un air songeur.

- Père, qu'est-ce qui vous fait dire qu'il y a des hommes en dehors des murs ?

- Eh bien, nous ne savons pas grand chose sur les murs qui nous entourent, Erwin: comment ont-ils été construits, d'abord ? Après tout, avec les titans aux trousses des humains, il semble impossible qu'ils aient pu les ériger eux-mêmes tout en combattant ces monstres. Peut-être les géants ne se trouvent-ils pas sur tout le globe, alors ? Peut-être qu'il n'y en avait que quelques uns au début, et qu'un groupe de personnes a réussi à les éliminer de certaines régions de la planète ?

[ RIVAMIKA ] MirrorsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant