Chapitre 2

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Il revint rapidement, portant le matelas qu'il eut d'ailleurs beaucoup de mal à faire passer la porte.

- AÏE !

Je pouffai, mettant mes mains devant ma bouche pour étouffer mon rire.

- C'est pas drôle Jaemin, je viens de me cogner le coude dans la porte !

- Si t'avais accepté mon aide aussi...

- Non ! Je peux me débrouiller tout seul !

- C'est ce qu'on va voir...

Il posa le matelas dans le couloir et entreprit de le mettre dans l'autre sens pour le faire passer, tandis que je m'asseyais en tailleur sur son lit, ayant une excellente vue sur lui en train de galérer.
Il poussa le matelas, puis n'y arrivant toujours pas, il l'enjamba pour pouvoir rentrer dans la chambre (car il avait évidemment bloqué l'accès avec un bout du matelas qu'il avait réussi à rentrer), et essaya cette fois-ci de le tirer à l'intérieur. Il y arriva, jusqu'à ce que l'arrière de ses mollets butent contre le lit et qu'il tombe à la renverse sur celui-ci, et par conséquent sur moi.

- Merde !, cria t-il quand sa nuque chuta brutalement sur mon genou.

- C'est pas moi qui l'ai dit cette fois..., riais-je, les joues tout de même rouge en voyant sa position.

Sa tête posée sur ma cuisse, il me regarda dans les yeux quelques secondes avant de soupirer et de déclarer :

- Je veux bien un peu d'aide finalement.

...

Je l'aidai à porter le matelas à l'intérieur de la chambre, mais avant que nous ayons pu faire le lit, la mère de Jeno nous appela à table.
Nous descendîmes les escaliers pour nous laver les mains dans la cuisine, puis allâmes nous installer.
Leur salon était très beau, au même titre que la chambre de Jeno. On s'y sentait bien, ça changeait de la maison ultra moderne aux murs tous blancs dans laquelle j'habitais. Il y avait une fenêtre qui donnait sur l'allée à l'entrée, et sur ce pan de mur, des deux côtés de la fenêtre, se trouvaient des bibliothèques, ainsi qu'une sorte de buffet dont les placards coulissants étaient entrouverts, laissant voir des tonnes de jeux de société entassés dans l'espace restreint. Je n'en avais jamais vu autant. Je n'y avais jamais joué en vérité. Ça faisait partie de la longue liste des choses que je n'avais pas faite avec mes parents...
La télé était accrochée au mur à la droite de celui de la fenêtre, et un canapé gris en C lui faisait face. Entre l'espace télé et la cuisine à l'américaine qui était accolée au mur du fond, se trouvait la table en bois, grande et ronde, sur laquelle des plats encore fumants étaient disposés.

- Ce soir c'est indien !, annonça le père de Jeno. J'espère que tu aimes ça Jaemin... Autrement dis-le nous, on se débrouillera !

- Non c'est bon, j'adore ça !

- Tant mieux !

Jeno tira ma chaise, et je m'assis tout en le regardant dans les yeux, c'était assez inhabituel.

- Regarde comme mon fils est gentleman !, dit en riant sa mère à son père, qui nous regardait aussi, un grand sourire amusé sur les lèvres.

Jeno me regarda gêné, les joues rouges. Pour une fois que ce n'était pas moi, je me délectai de cette expression, que je voyais pour la première fois. Depuis que je l'avais rencontré, c'est à dire 2 heures auparavant, il avait toujours été confiant et sûr de lui (à part pour l'épisode du matelas), et le voir tout timide devant sa mère était plutôt amusant.
Une fois tout le monde installé, nous commençâmes à nous servir. Du Dhal, des Chapatis, du riz, du Raïta, des samoussas, et différentes sortes de poulet : curry/coco et Tandoori notamment. Il y en avait tellement que je me demandais s'ils avaient fait à manger pour le mois.
Je me servis d'un petit peu de tout, et sourit en coin en voyant la quantité de nourriture dans l'assiette de Jeno. Il y en avait tellement que l'on aurait pu se demander si ce n'était pas la nourriture qui allait le manger lui, et non l'inverse.

- Ji-Hye rentre ce soir ?, demanda ce dernier à ses parents.

Ji-Hye ? Sûrement sa sœur. Ç'aurait été bien plus pratique si nous avions pris le temps de faire connaissance avant...

- Oui, elle n'a pas cours demain. Elle a fini plus tôt aujourd'hui donc elle ne devrait pas tarder à arriver, répondit son père.

- Ji-Hye c'est ma sœur, prit le temps de me préciser Jeno, et j'acquiesçai. Elle est à l'université, et elle a un boulot à côté, du coup elle est pas souvent à la maison. Parfois quand elle finit trop tard ou qu'elle sait qu'elle commence tôt le lendemain, elle reste dormir chez une amie qui habite plus près. C'est assez exceptionnel qu'elle ait réussi à se libérer !, rit-il. Et toi, t'as des frères et sœurs ?

- Non, je suis fils unique. J'aurais aimé pourtant...

- Crois-moi, je pense pas que tu dirais la même chose si tu en avais vraiment !

- C'est ce que Donghyuck me dit ! Mais bon, je peux que vous croire sur parole...

- C'est qui Donghyuck ?

- Oh, c'est mon meilleur ami ! Je suis sûr que vous vous entendriez bien d'ailleurs... De ce que j'ai vu, vous avez pas mal de points communs.

- Ah bon, lesquels ?

- Oh, rien, rien d'important...

Leur ego et leur fierté surdimensionnés.

Leur grand cœur.

Leur humour douteux.

Leur manie de ne jamais demander de l'aide quand ils en ont besoin.

En tout cas, c'est ce que j'avais déduit de Jeno pendant ces quelques heures.

Soudain, nous entendîmes la porte s'ouvrir, et une voix de jeune fille crier joyeusement « Je suis là !!! ».
Une tornade de cheveux vert pomme fit irruption dans le salon - c'est tout ce que je voyais d'elle pour l'instant , jeta son sac sur le canapé et se figea en me voyant, se demandant probablement qui j'étais, mais avec un sourire accueillant tout de même plaqué sur les lèvres.
Elle s'avança vers la table, et se planta devant moi, une main tendue devant elle.
Je me levai alors, et serrai sa main tandis qu'elle me disait :

- Lee Ji-Hye, ravie de faire ta connaissance !

- Na Jaemin, enchanté.

- Eh ben, tu nous ramène enfin ton petit-ami à la maison Jeno !, dit-elle en le regardant avec un air taquin dans les yeux.

Je sentis mes joues s'empourprer, et fus rassuré en voyant que c'était aussi le cas de Jeno, tandis que leurs parents éclataient de rire.

- Euh, en fait..., bredouillai-je.

- Il a raté son arrêt et il dort ici, on n'est pas ensemble Ji-Hye !, fit Jeno en levant les yeux au ciel, les joues toujours aussi rouges.

- Pas encore..., elle murmura, et je fus le seul à l'entendre. En tout cas, tu as de la chance, il ne ramène jamais personne ici !, me dit-elle en riant.

Je rougis encore plus, si c'était possible (à ce niveau là je pense que j'aurais pu faire concurrence à une tomate, heureusement que mes cheveux étaient châtains et pas vert foncés), tandis que Jeno levait les yeux au ciel.

- Dire que j'étais content de pouvoir te voir... Mais ça c'était avant que t'arrives..., soupira Jeno, avec un faux air las sur le visage et un regard malin braqué sur sa sœur. Décidément, ils faisaient vraiment la paire tous les deux !

À l'entente de ces mots, Ji-Hye se précipita sur son frère et l'enlaça en faisant des aegyos.

- Mais non mon Nono, Ji-Hye noona sait que tu l'aimes voyons !, dit-elle en faisant la moue, face à son frère dégoûté qui tentait de la repousser à grand renfort de coups de pieds.

Un vrai sketch tous les deux ! Leurs parents les regardaient, mi-dépités qu'ils se donnent en spectacle, mi-amusés de leur complicité.

𝖇𝖚𝖘 - 𝖓𝖔𝖒𝖎𝖓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant