Recueil de short stories Will & Mary

2 Heures Du Matin

                Je frappai très doucement à la porte, incertaine. À cette heure-ci, j'aurais pu penser qu'il dormait, mais je savais qu'en ce moment, Will était très pris par l'écriture de son bouquin, et qu'il ne dormait que très peu chaque nuit.

Comme je pouvais m'y attendre, je l'entendis se lever de sa chaise et se déplacer jusqu'à la porte avant de l'entrouvrir aussi silencieusement que possible. En me voyant, il arqua un sourcil, sûrement plus surpris qu'autre chose que je le rejoigne aussi tard, en plein milieu de la nuit. 

- Mary ? Quelque chose ne va pas ? 

- J'arrive pas à dormir. Ça fait 3 heures que j'essaye, ça me rend folle, alors je me suis dit que tu serais peut-être réveillé... 

- Euh, oui. Oui, vas-y, entre.

 Il n'avait pas l'air dans son état habituel, beaucoup plus tendu, et j'avais presque l'impression de le déranger. D'habitude, il aurait plaisanté sur le fait que rejoindre la chambre d'un homme en pleine nuit n'était presque jamais innocent ou quelque chose de la sorte, mais pour une fois, ce ne fut pas le cas, et cela  m'inquiétait quelques peux. Sans un mot, il retourna s'installer à son bureau, sur lequel s'empilaient des boules de papier autour d'un livre ouvert et sa plume posée sur son encrier pour ne pas tâcher son minutieux travail.

Le vampire se massa les tempes et ferma les yeux un instant, sûrement à la recherche d'inspiration. Je n'osais rien dire et me contentai de m'asseoir sur son lit en recroquevillant mes genoux contre moi pour l'observer. Après de longues secondes, il soupira et perdit patience, mais sembla tout de même avoir trouvé un brin d'inspiration, puisqu'il griffonnait des notes sur sa page sans s'arrêter. Ses longues mèches de jais étaient attachées sur son crâne en un chignon rapide qui lui allait à ravir et mettait en valeur son visage aux traits fins et ses iris argentés, luisant faiblement grâce à l'incandescence de la bougie. Sa chambre de noir et de rouge semblait encore plus sombre que d'habitude, elle avait presque des airs de donjon mystérieux plutôt que de réelle chambre à coucher. Souhaitant lui rendre service, je rompis le silence en lui parlant tout bas:

- Tu veux que je t'aide ? Peut-être en te donnant des idées, ou en jetant les boules de papier sur ton bureau ?

- Non merci, ça ira

Encore une fois,  cela restait très froid comparé à son comportement habituel, j'en aurait presque été vexée. Peut-être qu'après tout, c'était moi qui avais fait quelque chose de mal, mais que je ne m'en rendais juste pas compte ?

- Tu es en colère contre moi ? 

- J'essaye juste d'écrire. Rien de personnel.

Ses sourcils se froncèrent et son poitrail dénudé par son chemisier ouvert sur le torse se gonfla dans une profonde inspiration. Il était vraisemblablement très pris par son travail, au point même de rejeter toute interaction. Difficile d'avoir une discussion avec lui lorsqu'il était dans cet état, j'avais l'impression que même un mur aurait été plus enclin à la discussion.

- Si je te dérange, tu le dis, hein, je peux retourner dans ma chambre et te laisser tranquille...

- Non, reste. 

Cette fois, ce fut à moi d'arquer un sourcil. Si je le dérangeais, alors pourquoi est ce qu'il voulait que je reste là à le regarder travailler ? Cela n'avait aucun sens, à moins qu'il pensait finir bientôt. Alors que j'allais ouvrir à nouveau la bouche pour lui demander la raison de cette retenue, il me prit de court :