Les Cascades de pleurs ne tombent plus. Des fleurs poussent à la Place. À cette Place qui a connu tant de chose. VU tant de chose.
Elle a vu le ciel se lever tant de fois. Gagner toutes ses couleurs jusqu'au blanc. Jusqu'à atteindre le blanc. Un blanc pur et noble. Grand et frêle. L'Aube. Un voile blanc prêt à accueillir l'astre lui-même. Un voile qui prévient de son arrivée. Qui prépare cette Place à recevoir une lumière éblouissante. Une lumière aveuglante. Une lumière douloureuse. Pour avertir cette Place de ne pas devenir avare. De ne pas chercher à avoir plus. De ne pas essayer de boire toute sa beauté. De ne pas se risquer. Au risque de perdre cette Place si chère. De tomber pour la lumière. Une lumière qui émerveillent cette Place. Qui émerveillent tout.
Elle a vu l'astre retomber tant de fois. Perdre ses couleurs.
Les faire glisser lentement jusqu'au crépuscule.
Les teintes se mélangent en tombant. Elles en créaient de nouvelles. D'autres vives. D'autres pâles. D'autres inexistantes.
Jusqu'à voir les ténèbres.
Elles tombent une à une. Les unes tentent de retenir les autres, forment des tracés de couleur. Des tracés qui émerveillent cette Place. Qui émerveille tout.
Et tombent dans le néant. Laissent place à la Lune. À une autre lumière. Moins majestueuse certe. Mais âme sœur de l'immense étoile.Elle a senti des perles s'échapper sans demander sa permission. Des perles salées qui n'ont pas demander à vivre et à qui on a pas demandé de vivre. Des perles tristes et pâles. Des perles de cristal. Un cristal si fluide. Si limpide. Sauf quand il se mélange à la teinture artificielle des cils.
Elle a vu son reflet dans le miroir.
Elle a vu des choses de la vie.
Elle a vu la vie elle-même.
Cette Place est pleine de couleurs. Rarement de couleurs primaires. Parfois de couleurs vives. Souvent de couleurs sombres.
Dans ces Places sombres, on peut y voir la lumière. La lumière claire. La lumière sombre. Celles qu'on perçoit parfois. Ou parfois pas. Celles qui veulent tout dire, tout conter sans prononcer mots.
Ces Places là, qu'on peut nommer ''yeux''. Plus bavards que les mots.
Ces mots qui voudraient parler seul et sans aide. Sans personne pour les commander. Avoir la liberté de se poser sur n'importe quoi. Ne pas être soumit. Ne satisfaire que leurs propres volontés.
Des mots qui s'envolent dans le ciel quand ils s'énervent, quand ils pleurent, quand ils crient, quand ils rient, quand ils jubilent, quand ils se perdent, quand ils souffrent et tout ça à la fois. Cette Place parle. Parle mieux que les mots. Elle n'a pas besoin d'eux.
Quand Elle est fermée, c'est qu'Elle dort. Qu'Elle pleure. Ou qu'Elle s'hydrate.
Cette Place appartient à quelqu'un. Elle n'est pas si autonome.
Les mots le seraient-ils plus qu'Elle? Personne ne sait. Personne ne se pose la question.
Mais le temps continue de filer sans demander la permission. Il continue sans personne. Il n'a besoin de personne. Mais ne sait pas parler. Il arrange tout sans parler. Un pouvoir venu de personne. Lui. Est-il autonome? Seul? Perdu peut-être. Mais personne ne le cherche. Personne ne le sait. Personne ne se pose la question.Alors quand le temps file, les mots parlent et cette Place continue sa vie jusqu'à la fin.
Seul cette Place est mortelle.
Les mots ne meurent pas. Ils vieillissent. Mais ne meurent. Ils se transforment mais ne se perdent. Toujours écrit quelque part. Sur les murs. Les planches. Les archives. Les esprits. Les voix. Les peaux. Les mains.
Le temps, lui, rajeuni. Rajeuni toujours. Et encore. Trop ? Peut-être. Pas assez ? Peut-être. Juste assez ? Sûrement pas. Il est immortel. Immortel dans le temps, pas dans les esprits. Dans les esprits, il se perd. Toujours. Toujours trop. Parfois pas assez. Parfois bien assez.
Le temps se transforme lui aussi. Sans l'avoir demandé. On l'oblige souvent.
Mais cette Place a vu. Toutes ces transformations. Chez les mots. Chez le temps. Chez le reste. Chez le tout. Il y a toujours eu cette Place chez quelqu'un pour voir. Pour voir. Voir tout.
Pourtant elle ne voit pas tout en même temps. Jamais tout en même temps. Toujours dans le temps.Rien ne voit tout en même temps.
Seul le temps a tout vu. Absolument tout. Mais il oublie. Il oublie. Le temps se perd dans son temps quand il y a trop de chose à voir en même temps. Ce temps peut traverser des mondes. Des mots. Des voix. Des Places. Des rêves. Mais jamais lui-même. Il se perdrait si il se regardait dans son reflet. Son reflet si beau, qu'il peut sembler terne. Si multiples, qu'il peut sembler vaste. Si brute, qu'il peut être violent. La vérité sur le temps ne se sait. Personne ne la sait. Personne ne se pose la question.
Pour quoi faire ?
Se perdre comme lui ?
Ou essayer de voir tout en même temps ?

VOUS LISEZ
Poème.
PoetryJe pose ici quelques mots qui me sont venus en-tête à des moments de doute, de joie ou parfois uniquement par inspiration à l'écoute d'une musique, à la lecture d'une ff ou autre. Je ne garantis pas l'extase à la simple lecture de ces notes mais à v...