Upoku

Chapitre 1 : De la préparation à la Vente : Première partie :

Quand le réveil d'Eden sonna ce matin, sa première pensée fut "Ce soir, c'est la Vente". Il sentit un nœud se former dans son ventre. Toute sa vie, on l'avait préparé pour ce moment, avant même sa naissance on l'avait destiné à ça. Alors pourquoi avait-il si peur ? Ce ne serait qu'une formalité avant de débuter une nouvelle vie. Beaucoup d'humains préféreraient être à sa place. Être un reproducteur, c'est avoir normalement une vie meilleure que celle de Guerrier ou de Nourrisseur. Il prit une grande respiration et se leva. Si on le chopait au lit le jour de la Préparation et de la Vente, ça allait chauffer pour ses fesses. Personne ne voudrait acheter un humain qui a clairement été puni le jour de la Vente. Il soupira puis sursauta lorsqu'on frappa à la porte. L'instant d'après, Anarie, le Wehi qui avait sa charge jusqu'à ce soir, entra violemment dans sa chambre. Il n'avait pas l'air de bonne humeur, ce qui ne dérangea pas de l'accoutumer. Eden déglutit, il allait passer un mauvais quart d'heure.

"Tu es en retard" énonça-t-il d'une voix qui glaça Eden "A genoux" ordonna-t-il en pointant le sol du doigt.

Eden n'hésita pas un seul instant, un autre jour, il aurait sûrement défié son autorité mais aujourd'hui il préféra lui obéir. Il s'avança vers lui et le gifla en prenant bien soin que ses griffes laissent une trace sur la joue d'Eden. Ce dernier se mordit l'intérieur de la bouche pour retenir une réplique cinglante.

"Tu iras voir Jaynden après avoir pris ton petit-déjeuner." annonça-t-il fièrement. "Tu as quinze minutes pour te rendre à la cafétéria. Tu devras être au donjon dans quarante-cinq minutes. A la moindre seconde de retard, je doublerai ta punition" déclara-t-il sadiquement avant de sortir de la pièce.

Eden se précipita vers son armoire pour en sortir des habits puis alla sous la douche, là il se laissa aller à pleurer. Il était convaincu que tout était terminé, à cause de cette punition injuste, il ne trouvera pas d'acheteur. Il savait comment finissaient les Reproducteurs qui n'étaient pas achetés lors de leur Vente et il ne voulait pas finir comme ça. Il sortit de la douche, s'habilla puis se dirigea vers le réfectoire. Il mangea seul, c'était dangereux d'être vu en sa compagnie, c'est pourquoi il sursauta lorsque Kaleeb, s'assit en face de lui avant d'entamer son petit-déjeuner.

"Tu as pleuré" déclara Kaleeb "As-tu peur pour ce soir" demanda-t-il doucement.

"Non" souffla Eden peu habitué à ce qu'on lui parle. "Je n'ai aucun espoir pour ce soir. Aucun acheteur ne voudra de moi." murmura-t-il "Anarie s'en est assuré. Dans moins d'une demi-heure Jaynden va m'infliger une punition qui scellera ma vie. Aucun maître ne voudra d'un humain qui porte encore les marques de sa punition" déclara Eden d'une voix blanche comme si ce n'était pas à lui que ça allait arriver.

Devant tant de douleur, Kaleeb ne put s'empêcher de lui prendre la main et de la presser. "Je suis sûr que tu trouveras un maître. Anarie peut dire ce qu'il veut, sa haine ne changera rien au fait que tu as des résultats exceptionnels dans quasiment toutes les matières. Mange" ordonna-t-il doucement "Tu vas avoir besoin de force pour la préparation et pour ta punition" l'encouragea-t-il "Je vais t'accompagner et attendre." décida Kaleeb.

"Pourquoi ? Avant aujourd'hui, tu ne m'avais jamais adressé la parole. Alors pourquoi tu voudrais m'aider maintenant ?" s'exclama Eden en serrant les poings.

"C'est vrai" admit Kaleeb calmement " Mais aujourd'hui, c'est notre dernier jour au centre. A partir de ce soir, ils ne pourront plus rien contre nous. On devait avoir une dizaine d'années quand Anarie t'a baladé de chambre en chambre. Tu ne dois pas t'en souvenir, tu étais à moitié inconscient" raconta calmement Kaleeb.

"Quoi ?" s'exclama Eden.

"Il nous a prévenu" continua Kaleeb comme si son camarade ne l'avait pas coupé "que si on nous voyait traîner près de toi, te parler, ou ne serait-ce que t'adresser la moindre attention, nous serions punis." lui apprit-il, une note de colère dans la voix. "Mais aujourd'hui, ce soir, il ne pourra plus s'en prendre à nous, ni à toi."