Introspection

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Trois heures du matin. C’était l’heure qu’affichait le réveil. Deborah pouvait l'apercevoir depuis son lit, elle profita par la même occasion à visiter sa chambre de vu. L’éclairage était faible, c’était la veilleuse qui s’en chargeait. Durant son inspection, quelque chose attira son attention dans la salle de bain, les vitrines.

Je me souviens avoir demandé à papa de retirer ces vitrines de ma chambre. D’un geste las elle tourna sa tête dans la direction opposée. A cette époque j'avais peur d’être enfermée par mon reflet. Un peu comme ces filles qui sont victimes de la société de production, franchement, si Dieu a un miroir même lui aussi  il se trouverait des imperfections. C'est uniquement par ce qu'il y’a des miroirs que le marché de la cosmétique fonctionne à merveille. Créer des manques pour susciter le profit, notre société fonctionne comme tel, tout ça fonctionne uniquement par ce qu’on y croit et on y croit parce que les autres eux aussi y ont cru. C’est la deuxième règle du fonctionnement de notre société actuelle, créer des manques, faire croire en ces manques pour contrôler le peuple. Le bas peuple rejette les œuvres de dame nature qui l'a toujours bercé, et il court vers les produits chimiques, travaillés et beaux mais qui réduisent son espérance de vie. Notre société est entièrement masochiste.
Cela dit, en ces vitrines ce n’est pas mon reflet qui m'esquinte, si je les abhorre c’est simplement qu'elles me rappellent que je suis là.
Je suis toujours là après l'hôpital psychiatrique, après l’attentat… je devrais déjà être debout à cette heure ci. Mais ces larmes, je ne pourrais pas les expliquer à papa. Je ne veux mettre personne dans l’impuissance, je l’ai déjà tellement côtoyé cet état que je ne le souhaite à personne d’autre.

Elle se lève lentement et va tirer les rideaux de la fenêtre.

Ce jour là aussi, j’ai été impuissante. Je m’en souviens, j’étais au lycée à cette époque. les bombardements je les voyais encore par les vitrines de l’école, comme si j’y étais. Les missiles s’écrasaient et les âmes s’envolaient. Je m’en souviens, j’étais avec ce petit. Puis ils sont arrivés dans nos bâtiments, des cris, des coups de feu. Le bruit de déchirures. J’aurai pu mourir à sa place, j’aurai pu commettre un crime, mais tuer un criminel est-ce un crime ?
Un bras arraché, des trous sur le ventre. J’ai assisté à sa torture en regardant par la serrure de la cantine. J’ai potentiellement tué un gamin de dix ans. Après ça, tout est flou, mon esprit censure pour m’aider.
Depuis l’acte terroriste dans mon pays je suis orpheline. Mon quartier tout entier a été miné plusieurs ont péri, enfin, ils sont tous morts. Cet événement a fait office de porte dans mon esprit. Je me sens plus proche de la mort. Depuis le temps je vois la mort dans chaque marque d’affection humaine. Les « Je t’aime » les rires et la joie n’ont rien de différent de la mort, c’est juste que le temps ne s’est pas assez écoulé. Après, mes parents… comprenez que je parle de ma nouvelle vie. Depuis  je sédentairise chez mon tuteur. Ma famille biologique tout entière n’a pas voulu me venir en aide.

Enfin, avant d’être adoptée, j’ai été médiatisé. J’étais « le miracle » l’enfant ayant survécu à l’enfer qu’est le terrorisme. Le terrorisme qui sont ceux qui sont plus adepte de cette idéologie ? Ces hommes armés qui bombardent partout ? Ou plutôt ceux qui polissent nos rêves ? Qui est plus dangereux celui qui te frappe ou celui qui t’apprends à penser ? 
J’ai vu une délégation de présidents de divers continents avec une pluie de présents.
Vous savez, le regard des autres et l’argent sont les seules choses dont se préoccupent les humains. Ces hommes politiques derrière les médias ils quittent des vestes raffinées et soignées, à des ceintures d’explosifs.
Ils m'ont remis des présents et ont juré de rétablir l’ordre. Mais en face d'eux, se trouvait un produit de l’enfer Sartrien. J'avais commencé mon apnée dans cette aquarium qu’à construit la société. Cela s’est vite manifesté lors de ma remise de prix en direct, j’ai craché sur mon président. Mais je crois que ce jours là, j’ai souillé ma salive. Devant le monde, il a répondu à cet acte en me serrant fort dans ses bras. En feignant d’être désolé de son incompétence. Mais en vérité, aucun d’entre nous n’est incompétent, en fait nous ne donnons le meilleur de nous même que pour notre personne, nous feignons pour les autres, arrêtez de vous mentir, pour qui donneriez vous vos vies ? Répondez vous devant un miroir vous n’aurez jamais autant ri devant la vu de votre reflet. C’est là, la vraie nature de l’être humain l’égoïsme. Une fois les projecteurs arrêté, j'ai été interné dans le plus grand centre psychiatrique au monde.
Les centres psychiatriques, c’est dans ces endroits que l’on rencontre les plus vils humains. Les hommes détraqués ou si vous préférez les médecins, administrent le conformisme aux personnes dites « pas normaux » au sortir de là vous êtes de nouveau un pion de cette matrice. Vous ne vous êtes jamais demandé… laissons tomber, enfin bon j'ai rencontré principalement dans cet endroi des hommes recherchés par les plus grands organismes sensés établir l’ordre. J’en ai beaucoup appris de ce monde. Je n’ai jamais perdu le contact avec les « détenus ». Un jour je les sortirai de là.
Je me souviens de mon amie de cette maison, de cette infirmière qui m’a aidé à m’évader de là. Je n’ai jamais su pourquoi d’ailleurs, mais elle avait une aura familiale.
Que faire, je me mets à rêvasser et je dois aller en cours. Si ça se trouve, Papa et Maurelle sont tout les deux debout.
Ce matin est encore plus vertigineux pour moi, j’ai froid. Parfois, les souvenirs reviennent. La voix de ce garçon, les rires de maman, les jeux avec mes frères. Les salles de jeux où l'on traînait avec Mathilde, Moussa et Himit. Toute la ville a été détruite. Comment on fait ? Qui sommes nous sans notre passé ? Je n’ai qu’une nostalgie morose. Ma vie se résume à boire ce placebo tout en sachant qu'il en est un. J’essaie d'éradiquer le problème avec des palliatifs.

Étranglés par nos rêves Où les histoires vivent. Découvrez maintenant